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Des hommes armés dans les aéroports de Crimée, l'Ukraine accuse la Russie d'invasion

Des hommes armés dans les aéroports de Crimée, l'Ukraine accuse la Russie d'invasion

L'Ukraine a accusé la Russie "d'invasion armée" après la prise de contrôle de plusieurs sites stratégiques de Crimée par des hommes en armes et a appelé l'Occident à garantir sa souveraineté.

Cette nouvelle escalade des tensions intervient alors que le président déchu Viktor Ianoukovitch doit s'exprimer plus tard vendredi en Russie.

"Je considère ce qui se passe comme une invasion armée et une occupation. En violation de tous les accords et normes internationaux", a indiqué le ministre ukrainien de l'Intérieur par intérim, Arsen Avakov suite à la prise de contrôle dans la nuit de deux aéroports de Crimée par des hommes armés non identifiés.

Des "unités armées de la flotte russe bloquent" l'aéroport de Belbek, proche de la ville de Sébastopol, a-t-il écrit. "L'aéroport ne fonctionne pas. (...) Il n'y a pour l'instant pas d'affrontement armé", a-t-il ajouté.

A Simféropol, chef-lieu de la Crimée, des hommes armés ont également pris le contrôle de l'aéroport et "ne dissimulent pas leur appartenance aux forces armées russes", ajoute-t-il.

Un correspondant de l'AFP avait auparavant constaté dans l'aéroport de Simféropol la présence d'hommes armés de kalachnikovs, portant un uniforme sans aucun signe distinctif. Interrogés sur leur origine, ceux-ci se refusaient à tout commentaire. L'aéroport continuait cependant de fonctionner.

Au Parlement à Kiev, les députés ont réagi à ces développements en votant vendredi matin une résolution appelant les pays occidentaux à garantir la souveraineté de l'Ukraine.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie se sont portés garants de l'indépendance de l'Ukraine dans le Mémorandum de Budapest, signé en 1994, en échange de son renoncement aux armes nucléaires après la chute de l'Union soviétique dont elle faisait partie.

Le texte voté demande aux pays garants de "confirmer leurs engagements" envers l'Ukraine et de lancer des "consultations immédiates avec (elle) pour faire baisser la tension". Un conseil de sécurité nationale et de défense devait avoir lieu dans la journée.

Les événements se sont accélérés depuis deux jours dans la péninsule russophone de Crimée, qui semble de plus en plus échapper au contrôle des autorités centrales de Kiev, alarmant les Occidentaux.

Peuplée majoritairement de russophones, elle est la région la plus rétive aux nouvelles autorités en place à Kiev. La Crimée a d'abord appartenu, au sein de l'URSS, à la Russie, avant d'être rattachée à l'Ukraine en 1954. Elle abrite toujours la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol.

A Simféropol, le drapeau russe a été hissé jeudi sur le toit du Parlement local, contrôlé lui aussi par plusieurs dizaines d'hommes armés pro-russes. Les députés ont dans la foulée limogé le gouvernement local et voté la tenue le 25 mai d'un référendum pour plus d'"autonomie".

La prise du Parlement de Crimée avait été qualifiée jeudi de "dangereuse et irresponsable" par le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui s'est dit "extrêmement inquiet" et a exhorté la Russie à éviter "toute action pouvant provoquer une escalade".

Mais Moscou a assuré ne pas être derrière les troubles en Crimée, selon le secrétaire d'Etat américain John Kerry qui s'est entretenu avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch doit tenir une conférence de presse vendredi en Russie à 17h00 heure locale (13h00 GMT) à Rostov-sur-le-Don, ville russe proche de la frontière avec l'Ukraine, à environ 200 kilomètres de son fief de Donetsk.

Alors qu'il n'avait pas donné signe de vie depuis sa destitution le 22 février par le Parlement, Viktor Ianoukovitch, recherché en Ukraine pour "meurtres de masse" après la mort de 82 personnes à Kiev la semaine dernière, a refait surface jeudi en Russie, où il a réclamé et obtenu la protection des autorités face aux "extrémistes".

"Je me considère toujours comme le chef légitime de l'État ukrainien", a-t-il affirmé.

L'Ukraine a réagi en demandant à la Russie l'extradition du président déchu "si sa présence en Russie est confirmée," selon le parquet général.

L'Autriche, où de nombreux oligarques ont des intérêts, a de son côté annoncé avoir gelé les avoirs de 18 ressortissants Ukrainiens à la demande du pouvoir de transition à Kiev. Les personnes concernées sont soupçonnées d'atteintes aux droits de l'Homme et de corruption.

La Suisse a fait de même à l'égard de 20 Ukrainiens, et les autorités judiciaires de Genève ont annoncé avoir lancé une enquête pénale à l'encontre de Viktor Ianoukovitch et de son fils Alexandre pour "blanchiment".

A Kiev, le nouveau Premier ministre pro-européen Arseni Iatseniouk a présenté le programme de son gouvernement. L'Ukraine se trouve au bord de la banqueroute et a besoin de 35 milliards de dollars.

En haut de liste, il s'engage à "garantir la souveraineté et l'intégrité nationale". Le deuxième point promet la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne.

Le troisième point prévoit de "développer des relations avec la Russie en partant du principe que le choix européen de l'Ukraine est irréversible".

Le quatrième point prévoit "la reprise de la coopération avec le FMI". Ce dernier a reçu jeudi une demande d'aide officielle de l'Ukraine et s'est dit "prêt à y répondre".

M. Iatseniouk a répété vendredi que le nouveau gouvernement ukrainien s'apprêtait à prendre des décisions "impopulaires", comme la hausse des tarifs des services, la baisse des subventions et des coupes dans les programmes sociaux.

La Banque centrale ukrainienne a limité à 15.000 hryvnia (1.095 euros) le montant quotidien maximal pouvant être retiré dans les banques du pays. La devise ukrainienne, la hryvnia, a perdu le quart de sa valeur depuis le début de l'année.

Le vice-président américain Joe Biden a assuré le nouveau Premier ministre qu'il pouvait compter sur le "soutien total" des Etats-Unis lorsque l'Ukraine "entreprendra les réformes nécessaires pour retrouver une santé économique, poursuivre la réconciliation, respecter ses obligations internationales et chercher des relations ouvertes et constructives avec ses voisins".

Le nouveau pouvoir a également annoncé avoir limogé le chef d'Etat-major de l'armée, Iouri Iliine, nommé le 19 février par Viktor Ianoukovitch.

bur-ahe/nm/pt

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