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Sans aucun accident mortel, la sécurité aérienne peut encore mieux faire en Europe

Sans aucun accident mortel, la sécurité aérienne peut encore mieux faire en Europe

L'Europe a une nouvelle fois détenu en 2013 le record de la sécurité aérienne sans le moindre accident mortel. Mais l'agence européenne de sécurité aérienne s'inquiète d'une possible dégradation dans certains pays aux prises avec des contraintes économiques.

"Il ne faut pas s'endormir sur nos lauriers car rien est pire que de considérer que celle-ci est acquise", souligne Patrick Ky, directeur de l'AESA.

Patrick Gandil, patron de l'autorité française de l'aviation civile, souligne aussi que les accidents sans pertes humaines tels que les atterrissages ratés avec sortie de pistes sont autant de points noirs à éradiquer du paysage aérien européen.

Entre 2001 et 2010, l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a ainsi recensé 25 accidents en moyenne par an dont trois mortels. En 2012, le nombre s'est élevé à 34 dont un mortel. Le chiffre de 2013 pour les accidents sera connu prochainement.

Patrick Ky s'inquiète en particulier de la situation économique tendue de certains pays de l'Union européenne (UE) où la tentation est grande de diminuer les budgets alloués à ce secteur plus que performant.

Patrick Ky il a ainsi dû récemment convaincre la Grèce de ne pas licencier 200 personnes chargées d'effectuer des inspections d'avions.

Dans d'autres pays à l'instar de la Slovénie, les administrations risquent de ne plus avoir les ressources nécessaires pour effectuer des opérations de surveillance des compagnies aériennes.

"Le risque de perte de compétences techniques des autorités nationales est un vrai risque pour la sécurité à moyen terme, commente M. Ky. Car si les compagnies constatent que leurs autorités de tutelles ne les inspectent plus, on ne peut pas exclure qu'elles-mêmes finissent par faire un certain nombre d'impasses".

Pour se prémunir contre ce risque, le responsable propose de créer un mécanisme de solidarité européenne permettant à un pays de fournir des prestations d'inspections pour le compte d'un autre pays de l'UE sans en supporter la charge financière.

Du côté des pilotes de lignes, on souligne par ailleurs que les contrôles SAFA (Safety assessment of foreign aircraft ou évaluation de la sécurité des aéronefs étrangers) ne sont pas optimaux.

Ces contrôles, effectués par les autorités de chaque pays de l'UE, ont pour objet de vérifier le niveau technique de l'exploitation d'une compagnie aérienne étrangère dans ou hors UE. L'inspection comporte plus de 50 points de contrôle.

"Ces contrôles ont bien sûr leur utilité, ils évitent qu'il y ait des +avions poubelles+ qui atterrissent en Europe mais cela reste insuffisant", estime ainsi Yves Deshayes, Président du principal syndicat français, le SNPL France Alpa. Selon lui, ils restent "relativement sommaires et limités". "Il s'agit plus, dit-il, d'une inspection visuelle que d'un contrôle approfondi".

M. Deshayes note en outre que les contrôles en vol des équipages, jugés plus sérieux, peuvent être très différents d'un pays à l'autre. Ce qui pose la question de l'harmonisation de ces contrôles.

Patrick Ky reconnaît qu'il y a "un vrai problème d'interprétation des règlements" mais il assure que le risque est maîtrisé. "Je suis certain que même dans les pays où on a une vision plus flexible de l'application des règlements, il y a un minimum garanti", poursuit-il.

L'AESA est en soi une lourdeur administrative supplémentaire, note Patrick Gandil. "Mais je préfère la sécurité au prix de la complexité que d'abandonner de la sécurité pour de la simplicité".

Dt/cb/nou/abl

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