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L'Ukraine attend son gouvernement de transition, les "Berkout" dissous

L'Ukraine attend son gouvernement de transition, les "Berkout" dissous

Les nouvelles autorités pro-occidentales à Kiev redoublaient d'efforts pour relever le pays, menacé par la banqueroute et des courants séparatistes, et devaient présenter mercredi un gouvernement de transition, tandis que les forces spéciales de la police ont été dissoutes.

Le conseil du Maïdan, qui rassemble les principaux leaders de l'opposition, les représentants de la société civile et des groupes radicaux, devrait dévoiler mercredi soir sur la place emblématique de l'Indépendance la composition du nouveau gouvernement de transition appelé à prendre les rênes du pays avant l'élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai.

"Nous monterons sur scène pour le présenter à la place à 19H00 (17H00 GMT)", a déclaré le parti Oudar (Coup) du champion du monde de boxe et candidat déclaré à la présidence, Vitali Klitschko.

Parmi les personnalités pressenties pour prendre le poste de Premier ministre figurent l'ancien ministre et banquier Arseni Iatseniouk et l'oligarque d'opposition Petro Porochenko. L'ancienne égérie de la Révolution orange Ioulia Timochenko a déjà fait savoir qu'elle n'était pas sur les rangs.

On ignore encore quel rôle sera attribué au mouvement radical à la structure paramilitaire Pravy Sektor (Secteur Droit), particulièrement actif dans la défense des barricades du Maïdan.

"Je pense que la moitié des membres du nouveau gouvernement devrait venir de Maïdan car ce sont ces gens qui ont obtenu tout cela, pas les hommes politiques", a estimé Viktor, un passant interrogé par l'AFP mercredi matin.

La future équipe au pouvoir aura fort à faire pour répondre aux menaces multiples allant du défaut de paiement, aux troubles à l'ordre public dans plusieurs régions et aux tendances séparatistes à l'oeuvre dans l'est et le sud du pays, en particulier dans la péninsule pro-russe de Crimée.

L'Ukraine nécessite "une aide financière rapide et importante, peut-être de l'ordre de 20 à 25 milliards de dollars", estiment les analystes de la société Capital Economics. Signe de défiance, la devise ukrainienne, le hryvnia, chutait d'environ 5% mercredi après-midi face au dollar, dépassant le seuil symbolique des 10 hryvnias. Elle a perdu environ 18% de sa valeur depuis le début de l'année.

La Russie, qui avait promis l'an dernier un prêt de 15 milliards de dollars dont elle n'a versé que 3 milliards à ce stade, "n'a pas d'obligations légales" à verser le solde, a averti mardi le vice-ministre russe des Finances, Sergueï Storchak.

Plusieurs hauts diplomates occidentaux, dont le numéro deux de la diplomatie américaine, William Burns, et le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, se trouvent actuellement à Kiev pour proposer de l'aide aux nouvelles autorités ukrainiennes, en s'efforçant de ne pas froisser Moscou.

Les Occidentaux et la Russie, qui sont à couteaux tirés depuis des mois sur le dossier ukrainien, avaient cherché mardi à faire retomber la tension après les bouleversements du week-end, qui ont vu la chute et la fuite du président Viktor Ianoukovitch.

Mais le président russe Vladimir Poutine a ordonné mercredi une inspection surprise des troupes des districts militaires de l'Ouest et du Centre, non loin de l'Ukraine, pour vérifier leur aptitude au combat, a annoncé le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

Mardi, le président avait dirigé une réunion du Conseil de sécurité russe consacrée à la situation en Ukraine. M. Poutine ne s'est pour l'instant pas exprimé publiquement sur la destitution en Ukraine du président Viktor Ianoukovitch et l'arrivée d'un nouveau pouvoir à Kiev.

La situation demeurait par ailleurs tendue à Simféropol, chef-lieu de la Crimée, où des milliers de pro et d'anti-russes se sont retrouvés face-à-face devant le siège du Parlement local, échangeant des insultes et agitant des drapeaux russes d'un côté et ukrainiens de l'autre, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les pro-russes réclament l'organisation d'un référendum sur le statut de la Crimée, hypothèse rejetée par le président du Parlement de Crimée, Volodymyr Konstantinov. "Le Parlement ne va pas poser la question d'une sortie de Crimée de l'Ukraine. Il s'agit d'une provocation visant à discréditer le Parlement autonome de Crimée", a indiqué son porte-parole.

Trois anciens présidents ukrainiens ont accusé dans un communiqué commun la Russie d'"intervenir directement dans la vie politique de la Crimée". La Russie doit "faire preuve de respect pour les choix du peuple et du gouvernement ukrainien", écrivent Leonid Koutchma, Viktor Iouchtchenko et Léonid Kravtchouk dans ce texte.

La Hongrie de son côté s'est déclarée inquiète au sujet d'actes de violence contre la minorité hongroise en Ukraine qui auraient été commis par des membres du groupe radical Pravy Sektor dans l'ouest du pays.

L'archevêque majeur de l'Eglise gréco-catholique ukrainienne (uniate), Mgr Sviatoslav Chevtchouk, a déclaré redouter à terme une "guerre civile" et le séparatisme en Ukraine. Le risque de guerre civile vient "de l'étranger parce que lorsque l'on ne peut manger toute la tarte, on en mange un morceau", a-t-il dit faisant allusion à la Russie.

Sans attendre la nomination du nouveau gouvernement, le ministre de l'Intérieur par intérim Arsen Avakov a annoncé mercredi matin la dissolution des forces spéciales antiémeute, extrêmement redoutées par les manifestants en Ukraine après les violences des dernières semaines.

"Les Berkout n'existent plus", a-t-il écrit sur sa page Facebook. "J'ai signé le décret numéro 144, daté du 25 février 2014, sur la dissolution des unités spéciales de police Berkout".

Les Berkout ont été le fer de lance de la répression contre les opposants en Ukraine et ils ont été filmés par des médias en train de tirer à balles réelles, y compris au fusil à lunette, sur la foule. Le bilan des violences de la semaine dernière à Kiev est de 82 morts, dont une quinzaine de policiers.

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