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Le Missouri s'apprête à exécuter de nouveau sur fond de controverse

Le Missouri s'apprête à exécuter de nouveau sur fond de controverse

Le Missouri s'apprête à exécuter mercredi le meurtrier d'une adolescente, sur fond de controverse sur sa procédure d'injection létale, moins d'un mois après avoir mis à mort un condamné exécuté quelques minutes avant le feu vert de la Cour suprême.

Les exécutions se sont récemment accélérées dans cet État du centre du pays, à un rythme d'une par mois actuellement.

Cette fois, c'est l'exécution de Michael Taylor, 47 ans, qui est programmée le 26 février entre 00H00 et minuit (heure locale) à Bonne Terre. Il a été condamné à mort en 1989 pour le viol et le meurtre d'une adolescente qu'il avait enlevée à l'arrêt de son bus scolaire.

La dernière exécution est celle de Herbert Smulls, déclaré mort le 29 janvier à 22H20, soit un peu plus d'une heure avant l'épuisement du délai légal, selon les autorités pénitentiaires du Missouri.

Ses nombreux recours avaient tous été invariablement rejetés, à l'exception d'un seul déposé deux heures avant minuit, auquel la plus haute juridiction du pays n'avait pas encore répondu quand la procédure d'injection létale a commencé.

Herbert Smulls a été déclaré mort quatre minutes avant que la Cour suprême ne rejette son ultime appel, avait dénoncé son avocat Joseph Luby.

Cinq jours après l'exécution, le clerc de la Cour suprême Scott Harris demandait encore aux autorités du Missouri de répondre à une plainte déposée le 28 janvier par Herbert Smulls et d'autres condamnés, dans une lettre dont l'AFP a obtenu une copie.

Or le Missouri est coutumier du fait, selon Andrew Cohen, analyste du Brennan Center for Justice et expert du magazine The Atlantic. Après Joseph Franklin, le 20 novembre 2013, et Allen Nicklasson, le 11 décembre, il s'agissait du troisième homme exécuté au Missouri avant que tous les appels ne soient épuisés.

Au point que le président de la cour d'appel du 8e circuit, le juge William Riley, a déclaré en audience que "certains membres de la Cour n'avaient pas apprécié" que l'exécution ait eu lieu dans ces conditions.

Mais cette exécution était parfaitement légale, car elle n'était "sous le coup d'aucun sursis", a écrit dans un communiqué le ministre de la Justice du Missouri, Chris Koster, dont un adjoint a par ailleurs publiquement argué d'une "stratégie légitime et délibérée" des avocats spécialisés dans les affaires de peine de mort.

Pourtant, "le fantôme d'Herbert Smulls plane sur les projets de peine capitale du Missouri", argue M. Cohen dans The Atlantic, alors que le prochain condamné sur la liste des exécutions, Michael Taylor, multiplie à son tour les recours.

A la veille de l'injection létale, une demande de sursis était examinée par un tribunal fédéral du Missouri pour "violations par l'Etat des droits constitutionnels à une procédure judiciaire juste et équitable", sur la base des précédentes exécutions de Joseph Franklin, Allen Nicklasson et Herbert Smulls.

Le même tribunal du Missouri se penchait sur un recours distinct de M. Taylor "en raison de l'absence de moyens légaux d'exécution" : L'Etat se débat pour trouver un barbiturique pour exécuter ses condamnés.

Depuis le refus des fabricants européens de fournir l'anesthésiant le plus courant (pentobarbital) pour des exécutions humaines, plusieurs États américains se trouvent confrontés à une pénurie de barbituriques et se tournent vers de nouveaux fournisseurs ou des produits non homologués.

Cette situation engendre une multiplication des recours devant les tribunaux par des condamnés qui craignent que ces nouveaux produits ne leur fassent subir des souffrances contraires à ce que préconise la constitution.

Les avocats Matthew Hellman et Carrie Apfel avaient passé un accord avec le fournisseur probable du Missouri qui avait accepté "de ne fournir ni de préparer de pentobarbital" pour l'exécution de M. Taylor. Mais le Missouri a depuis affirmé avoir trouvé un préparateur en pharmacie, dont il a refusé de dévoiler le nom arguant d'un "secret d'État".

"Le Missouri s'apprête à injecter de force à un prisonnier un médicament de provenance inconnue, préparée par un pharmacien inconnu aux compétences incertaines avec personne pour vérifier indépendamment la qualité de leurs activités", a déclaré à l'AFP Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine capitale, en dénonçant cette "censure".

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