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Maroc: report d'une visite officielle, la querelle avec Paris s'exacerbe

Maroc: report d'une visite officielle, la querelle avec Paris s'exacerbe

La querelle diplomatique entre le Maroc et la France, née la semaine dernière de plaintes déposées à Paris contre un haut responsable marocain, s'est exacerbée lundi avec l'annonce du report de la visite d'un officiel français, sur décision de Rabat.

Le Maroc, un proche allié de la France, ne décolère pas depuis jeudi et l'annonce du dépôt, par une ONG, de deux plaintes pour "complicité de torture" contre le patron de son contre-espionnage, Abdellatif Hammouchi.

Rabat est en particulier furieux contre la descente effectuée ce jour-là par sept policiers à la résidence de son ambassadeur pour notifier à M. Hammouchi --dont la présence à Paris avait été rapportée-- une convocation émanant d'un juge d'instruction. Le royaume reproche notamment aux autorités françaises d'avoir ignoré les canaux diplomatiques.

Dans un communiqué, le Quai d'Orsay a tenté samedi d'apaiser les tensions, évoquant un "incident regrettable" et promettant que "toute la lumière" serait faite.

Mais le Maroc a signifié qu'il jugeait cette démarche insuffisante en décidant unilatéralement du "report" d'une visite de Nicolas Hulot, "envoyé spécial du président français pour la planète", prévue lundi et mardi.

"Ce report a été demandé par Rabat en attendant des éclaircissements" sur les plaintes contre le Directeur général de la surveillance du territoire (DGST), ont fait valoir des sources diplomatiques à l'agence marocaine MAP.

De son côté, Paris a indiqué avoir reçu dans la matinée l'ambassadeur marocain, Chakib Benmoussa, pour poursuivre le "dialogue dans l'esprit d'amitié confiante qui lie" les deux pays.

Les deux plaintes "pour complicité de torture" émanent de l'ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat). Le Maroc a rejeté "catégoriquement" ces accusations et convoqué l'ambassadeur de France à Rabat, déplorant un "incident inédit".

Lundi, l'Acat a, elle, vivement critiqué la première réaction du Quai d'Orsay au courroux marocain.

"Dans une démocratie comme la France", la diplomatie "n'a absolument pas le droit de s'immiscer dans le fonctionnement du pouvoir judiciaire", a-t-elle estimé.

L'une des deux plaintes a été déposée au nom d'un militant pour l'autodétermination du Sahara occidental, Ennaâma Asfari, condamné en 2013 à 30 ans de prison et qui dit avoir signé des aveux sous la torture.

Le Sahara occidental, une ex-colonie espagnole, est contrôlé par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.

Dimanche, une nouvelle plainte, pour "torture", a en outre été annoncée en France contre le patron du contre-espionnage marocain par l'avocat d'un ancien champion de boxe light-contact, Zakaria Moumni, condamné et détenu pendant 17 mois au Maroc entre 2010 et 2012.

La plainte en France se base sur le principe de "compétence universelle" applicable à la convention internationale contre la torture, à partir du moment où la personne visée se trouve en France.

Les autorités marocaines n'ont pas officiellement réagi à ce nouveau cas.

Dimanche soir, elles ont en revanche dénoncé des propos prêtés à l'ambassadeur de France à Washington par l'acteur espagnol Javier Bardem, producteur d'un documentaire sur le Sahara et bête noire de Rabat.

Le Maroc est une "maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre", aurait affirmé en 2011 ce diplomate, selon M. Bardem, alors que Paris est un soutien traditionnel du royaume sur le dossier du Sahara occidental.

Le Quai d'Orsay a catégoriquement démenti, mais Rabat a déploré des propos "scandaleux et inadmissibles".

La relation entre la France et le Maroc est d'ordinaire bien cadrée: Paris est le premier partenaire commercial de Rabat et, en 2012, le volume des échanges entre les deux pays a atteint huit milliards d'euros.

Les liens humains et culturels sont également nombreux, au même titre que les déplacements de responsables français. Le président François Hollande a effectué une visite d'Etat en avril 2013, quatre mois après un déplacement de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

gk-bur/cco

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