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Ukraine : l'opposition exige l'amnistie "immédiate" des manifestants

Ukraine : l'opposition exige l'amnistie "immédiate" des manifestants

L'opposition ukrainienne a sommé dimanche le pouvoir d'abandonner "immédiatement" les poursuites contre les manifestants, quelques heures après avoir évacué la mairie de Kiev, lieu symbolique de la contestation contre le régime du président Viktor Ianoukovitch.

"Nous lançons un ultimatum au pouvoir : s'il n'annonce pas immédiatement une réhabilitation totale et inconditionnelle dans le cadre des 2.000 affaires (impliquant les manifestants), nous allons réintégrer la mairie", a lancé Andriï Illenko, député du parti nationaliste Svoboda devant plusieurs centaines de manifestants réunis devant la mairie.

Il a précisé que cet ultimatum expirait "dans quelques heures".

La mairie prise d'assaut le 1er décembre et transformée en "QG de la révolution" a été évacuée en bon ordre dans la matinée, les contestataires ne laissant comme traces de leur passage que les nombreuses affiches et autocollants dont ils avaient décoré les lieux.

"Il n'y a pas eu de dégâts, nous espérons qu'il s'agit d'un premier pas vers une normalisation de la situation", a commenté Volodymyr Makeïenko, chef du conseil municipal de Kiev.

Mais en milieu d'après-midi, plusieurs centaines de manifestants se sont à nouveau rassemblés devant le bâtiment.

La mairie était un lieu très symbolique de la contestation tout comme le Maïdan tout proche, la place centrale de Kiev occupée depuis la volte-face pro-russe du président Viktor Ianoukovitch fin novembre, au détriment d'un rapprochement avec l'Union européenne.

Le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a appelé dimanche le gouvernement ukrainien à abandonner toutes les accusations en cours contre les manifestants de l'opposition, tout en saluant les derniers gestes des deux parties pour apaiser les tensions.

Sur le Maïdan, l'un des leaders de l'opposition, Arseni Iatseniouk, a quant à lui, aussi exigé "l'abandon immédiat des poursuites contre les manifestants", menaçant de lancer "une offensive pacifique", si ce n'était pas le cas devant plusieurs dizaines de milliers de manifestants.

Les responsables de deux des principaux partis d'opposition se sont dirigés dans la foulée vers la résidence de campagne du procureur général, pour faire davantage pression.

L'évacuation d'ici à lundi de la mairie était un préalable exigé par les autorités pour amnistier les 234 manifestants arrêtés, qui ont été libérés, mais qui encourent toujours de lourdes peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

C'est l'ambassadeur de Suisse, Christian Schoenenberger, dont le pays assure la présidence tournante de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui est entré le premier dans le bâtiment après son évacuation.

"Nous partons d'ici le coeur gros, mais on ne discute pas les ordres, on les exécute. Je suis déçu, mais il faut que nos camarades soient amnistiés", a commenté Andriï, dirigeant une unité d'autodéfense de la mairie.

Le bâtiment, où avaient été installés une cantine et un hôpital de fortune, hébergeait jusqu'à 700 manifestants qui y dormaient et s'y réchauffaient.

Les manifestants disposent toujours de plusieurs bâtiments, notamment la Maison des syndicats, dont les autorités n'ont pas exigé l'évacuation.

Mais l'annonce de l'abandon de la mairie a été mal vécue par les dizaines de milliers de personnes réunies sur le Maïdan, pour la onzième fois depuis le début il y a près de trois mois du mouvement de contestation.

"Qu'a obtenu l'opposition, au cours des négociations avec Ianoukovitch et au Parlement? Rien! L'évacuation de la mairie est une mauvaise décision", regrette Anatoli Datsenko, linguiste.

Une amertume partagée par de nombreux manifestants dimanche, alors que la participation était inférieure aux 70.000 personnes rassemblées le 9 février.

Les négociations avec le pouvoir sont au point mort, qu'il s'agisse de la réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs présidentiels au profit du gouvernement et du Parlement ou de la nomination d'un nouveau Premier ministre.

"J'attends un plan d'actions. Je ne veux pas la répétition de pneus brûlés et de cocktails Molotov, mais en même temps ce sont les seuls arguments que le pouvoir comprenne", juge Oksana Antochtchenko, économiste, faisant allusion aux violences qui ont éclaté en janvier dans le centre de Kiev et qui ont fait quatre morts et plus de 500 blessés.

L'un des responsables de l'opposition, Arseni Iatseniouk, a annoncé qu'il allait rencontrer lundi à Berlin la chancelière Angela Merkel, pour demander à l'Europe une aide financière pour l'Ukraine et l'instauration d'un régime sans visa pour les Ukrainiens en Europe.

"Nous avons besoin d'aide. Nous n'avons pas besoin de paroles, nous avons besoin d'actes", a-t-il souligné.

Le mouvement de contestation en Ukraine s'est transformé au fil des semaines en un rejet pur et simple du régime du président Ianoukovitch, et ni la démission du gouvernement ni les négociations n'ont réglé le conflit.

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