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Moqtada Sadr, figure clé de la politique en Irak et bête noire de Washington

Moqtada Sadr, figure clé de la politique en Irak et bête noire de Washington

Le puissant chef chiite Moqtada Sadr, qui a annoncé son retrait de la vie politique, a joué un rôle clé dans l'Irak post-Saddam Hussein et fut la bête noire des Américains pendant l'invasion du pays.

Toujours coiffé du turban noir des descendants du Prophète, Moqtada Sadr est à la tête d'un des mouvements chiites les plus importants du pays, comptant actuellement 40 députés au Parlement et six ministres dans le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki, dont il est devenu un farouche critique.

Né dans les années 1970 à Koufa, au sud de Bagdad, Moqtada est le fils de Mohammed Sadek Sadr, héraut d'un chiisme militant, que Saddam Hussein a fait assassiner en 1999. Le cousin de son père, Mohammad Baker, était un grand penseur chiite, lui-même éliminé en 1980 par le dictateur.

Le visage rond, la barbe grisonnante et les yeux sombres, Moqtada Sadr, connu pour s'emporter facilement, vit le plus souvent dans la localité de Koufa, voisine de Najaf, et les informations avérées sur ses faits et gestes sont rares.

Son jeune âge avait été souvent utilisé contre lui par ses détracteurs pour lui refuser un rôle politique, que son affiliation à une dynastie prestigieuse lui réservait.

Grâce à son nom, Moqtada Sadr est propulsé, à partir de 2003, à la tête de la "résistance" chiite à l'occupation de son pays par les forces de la coalition emmenée par les Etats-Unis.

Un an plus tard, il crée en 2004 l'Armée du Mahdi, qui devient rapidement la plus puissante des milices irakiennes avec 60.000 combattants.

Les stratèges américains, qui avaient mésestimé son influence, doivent prendre la mesure de sa puissance. En 2004, de violents combats opposent à Najaf les GIs à ses miliciens qui sont défaits mais qui établiront leur réputation de combattants déterminés.

En décembre 2006, les généraux américains considéraient encore que Moqtada Sadr était la plus grave menace à la stabilité de l'Irak.

C'est à peu près à cette période que Sadr part en Iran, pour se consacrer pendant environ quatre ans notamment à des études religieuses dans la ville sainte de Qom, tout en conservant la main sur ses partisans en Irak.

Après plusieurs semaines de combat contre les forces américaines et irakiennes dans son bastion de Sadr City, à Bagdad, au printemps 2008, il met fin aux opérations de sa milice, sans toutefois renoncer à faire entendre sa voix, notamment son hostilité à "l'occupation américaine".

A la tête d'une vaste organisation sociale, il s'est parallèlement prêté au jeu politique dans le nouvel Irak en participant au gouvernement de M. Maliki avant d'en faire sortir ses six ministres, en 2007.

Mais en 2010, Moqtada Sadr va jouer un rôle crucial pour sortir le pays de la crise liée à l'incapacité des partis à forger une coalition de gouvernement.

Malgré sa rancune tenace à l'égard de M. Maliki, pour la répression menée en 2008 contre l'Armée du Mahdi, il choisit de le soutenir, lui donnant un avantage décisif sur ses rivaux.

Néanmoins, le leader chiite, critique régulièrement M. Maliki, appuyé par Washington et Téhéran, l'accusant même en 2012 de se comporter comme un "dictateur". Cette année-là, il tentera en vain de retirer la confiance au Premier ministre avec les autres responsables irakiens.

Il a ensuite gardé un profil bas, se consacrant à l'étude de la religion dans la ville sainte chiite de Najaf, n'apparaissant que rarement en public.

Il a justifié sa décision de se retirer de la vie politique par "la préservation de la réputation honorable des deux martyrs de la famille Sadr".

bur-mah/cco/tp

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