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Thaïlande: opération pour dégager des sites occupés par les manifestants

Thaïlande: opération pour dégager des sites occupés par les manifestants

Des milliers de policiers ont été déployés vendredi dans la capitale thaïlandaise pour dégager plusieurs sites occupés depuis des semaines par les manifestants qui réclament le départ de la Première ministre Yingluck Shinawatra.

Cette intervention marque un changement inattendu de la stratégie du gouvernement qui a privilégié l'évitement entre police et manifestants pour limiter les violences lors de cette crise qui a fait au moins dix morts.

Yingluck fait face depuis plus de trois mois à un mouvement de rue réclamant, outre sa tête, la fin de l'influence de son frère Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre en exil, renversé par un coup d'Etat en 2006.

Les manifestants, alliance hétéroclite réunis par la haine de Thaksin, ont occupé ou assiégé de nombreux ministères et administrations, avant de lancer mi janvier une opération de "paralysie" de Bangkok.

Ils continuent d'occuper des carrefours stratégiques du centre de la capitale, mais leur nombre s'est largement réduit, ce qui pourrait avoir encouragé le changement de tactique d'un gouvernement également conforté par le rejet cette semaine par la justice d'une requête de l'opposition pour invalider les législatives du 2 février.

Les policiers antiémeutes ont repris sans réelle résistance vendredi les zones autour du siège du gouvernement, largement désertées par les manifestants. Ils ont enlevé les tentes et les diverses barricades de pneus et de barbelés.

Mais le résultat de l'opération n'était pas clair, des manifestants étant retournés sur place pour reconstruire leurs défenses après le retrait de la police.

"L'opération de la police ce matin est un échec total", a ainsi raillé Akanat Promphan, porte-parole des manifestants qui ont appelé à une nouvelle grande manifestation à partir de ce vendredi.

Mais le ministre du Travail Chalerm Yubamrung, qui supervisait l'intervention, a lui assuré que les fonctionnaires reprendraient dès lundi le travail à Government House, que le gouvernement n'a pu utiliser depuis près de deux mois.

"Manifestants, vous devriez rentrer chez vous", a-t-il déclaré à la télévision.

"Si vous êtes toujours obstinés, nous appliquerons la loi avec douceur", a-t-il ajouté, soulignant que Yingluck avait demandé à la police de ne pas utiliser la force.

Le gouvernement semble à tout prix vouloir éviter une répétition de la crise de 2010 qui avait fait plus de 90 morts, lorsque son prédécesseur avait envoyé l'armée déloger les "chemises rouges" pro-Thaksin.

L'intervention de vendredi s'est déroulée sans affrontements. Deux personnes ont toutefois été légèrement blessées par une explosion indéterminée lors d'une brève confrontation entre police et militants.

Trois autres sites, dont le ministère de l'Intérieur, sont ciblés par les autorités qui veulent également arrêter les leaders des manifestants, a indiqué le chef du Conseil de sécurité nationale, Paradorn Pattanatabut.

Il a qualifié l'opération de vendredi de "succès", mettant en avant la saisie d'armes. "Bien que les manifestants soient revenus, ils ne sont pas entrés dans Government House", a-t-il ajouté.

La Thaïlande est engluée depuis le putsch de 2006 dans des crises politiques à répétition faisant descendre dans la rue tour à tour les ennemis et les partisans de Thaksin, qui reste le facteur de division de la société.

Et les législatives anticipées du 2 février, boycottée par l'opposition, n'ont pas permis de sortir du dernier épisode de ce cycle de violences.

Les manifestants, qui veulent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, ont en effet fortement perturbé le vote par anticipation du 26 janvier et empêché le déroulement du scrutin dans 10% des bureaux de vote le 2 février.

Dans ces conditions, aucun résultat n'a été publié, en attendant au moins deux nouvelles journées de scrutin les 20 et 27 avril.

Aucune solution n'a en revanche été annoncée pour les 28 circonscriptions où le vote n'a pas eu lieu, les manifestants ayant empêché l'enregistrement des candidatures.

Faute d'un quorum de 95% des 500 sièges pour se réunir, le parlement ne pourra se réunir, prolongeant le mandat d'un gouvernement condamné à expédier les affaires courantes et plus vulnérable, selon les analystes, à un nouveau "coup d'Etat judiciaire", dans un pays où la justice a déjà chassé deux gouvernements pro-Thaksin en 2008.

bur-dr/abd/abk

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