Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'Italie renoue avec une modeste croissance après 2 ans de récession

L'Italie renoue avec une modeste croissance après 2 ans de récession

L'Italie a enfin tourné la page vendredi sur sa pire récession depuis l'après-guerre avec un PIB en très légère hausse au 4ème trimestre 2013, mais cette reprise tant espérée s'annonce fragile alors qu'une nouvelle crise politique secoue le pays.

Le Produit intérieur brut (PIB) de l'Italie a progressé de 0,1% au dernier trimestre 2013 par rapport au précédent, selon les chiffres provisoires publiés vendredi par l'Institut national des statistiques (Istat).

Cette progression, modeste comparée à celle des autres pays européens (+0,3% pour la France ou +0,5% pour le Portugal sur la même période), est cependant conforme aux attentes des économistes.

Suivant l'annonce, l'agence de notation financière Moody's a maintenu la note de dette souveraine de l'Italie à Baa2, mais relevé sa perspective, de négative à stable. L'agence, qui avait abaissé la note de l'Italie à l'été 2012 de A3 à Baa2, évoque notamment la "résilience de la solidité financière du gouvernement italien".

L'Italie avait auparavant enchaîné huit trimestres consécutifs de contraction et un trimestre de stagnation, soit sa plus longue récession depuis l'après-guerre. Le PIB reste toutefois en recul de 0,8% par rapport au même trimestre de 2012.

Sur l'ensemble de l'année 2013, le PIB s'est contracté de 1,9% par rapport à 2012, selon cette estimation encore provisoire.

"Les ratés persistants de l'économie ne sont pas les bienvenus à un moment où le pays souffre de messages politiques contradictoires sur la poursuite de la consolidation budgétaire, avec des objectifs de déficits qui ne seront probablement pas tenus et un ratio de dette publique qui continue d'augmenter (sans doute à 133% en 2013)", juge l'économiste Raj Badiani de IHS Global Insight.

"La discorde politique a refait son apparition, et pourrait avoir un impact négatif sur l'activité économique et la confiance des consommateurs en 2014", ajoute-t-il en allusion à la démission dans la matinée du gouvernement d'Enrico Letta sous la pression de son ex-allié et probable successeur Matteo Renzi. Ce dernier avait justifié son coup politique par la nécessité absolue d'accélérer le rythme des réformes afin de "sortir des marécages".

L'Italie est considérée comme l'un des pays européens ayant le moins fait pour se sortir des filets de la crise, échouant notamment à redynamiser son marché du travail ou à maîtriser sa dette publique. Celle-ci a atteint 2.068 milliards d'euros à la fin 2013, contre 1.989 mds EUR fin 2012 (soit 127% du PIB), selon des chiffres diffusés vendredi par la Banque d'Italie.

Mais, signe que l'Italie a tout de même récupéré un peu de crédit depuis la tempête financière de 2011, les investisseurs ont réagi plutôt positivement à ce nouveau coup de théâtre. La Bourse de Milan a terminé vendredi en hausse de 1,62% et le spread (différence entre les taux obligataires italiens à dix ans et les taux allemands) a reculé, évoluant autour de ses niveaux les plus bas depuis plus de six mois.

Certains trouvent de fait matière à un peu d'optimisme face au "renouveau générationnel" à la tête de l'Italie. "Si vous êtes un acteur du marché, détendez-vous, profitez des bons rendements obtenus l'an dernier sur vos actifs italiens, pendant que Rome se débrouille", conseillait ainsi vendredi Erik F. Nielsen, chef économiste de la banque Unicredit.

D'autres sont moins enthousiastes: pour les associations de défense des consommateurs Federconsumatori et Adusbef, "malheur à qui se hasarde à parler de reprise dans la situation actuelle, avec un taux de chômage record (12,7%), une forte contraction du pouvoir d'achat des ménages, la chute sans fin de la consommation. Cela serait non seulement prématuré mais ridicule", estiment-elles.

"Les priorités de qui sera appelé à gouverner doivent être la relance de la consommation interne et de l'emploi", concluent-elles.

Pour 2014, le gouvernement sortant d'Enrico Letta tablait sur une croissance d'environ 1%. Le gouverneur de la Banque d'Italie Ignazio Visco a pour sa part avancé la semaine dernière une hausse d'"environ trois quarts de point". Mais les économistes sont moins optimistes: ceux de la banque Intesa Sanpaolo tablent sur +0,5%, IHS Global Insight sur à peine 0,1-0,2%.

Le "patron des patrons" italiens, le président de Confindustria Giorgio Squinzi, a pour sa part les idées très claires sur ce qui doit être fait: "Donnez-nous un pays normal et nous vous montrerons de quoi nous sommes capables".

ahe-lrb/fka/bap/bir

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.