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Euthanasie: décision de justice vendredi sur un tétraplégique français

Euthanasie: décision de justice vendredi sur un tétraplégique français

Maintien ou non en vie ? Le sort d'un tétraplégique de 38 ans, en état végétatif chronique, fera vendredi l'objet d'une décision de justice en France sur fond de débat sociétal sur l'euthanasie.

Saisi par les médecins et l'épouse de Vincent Lambert, qui réclament - au contraire de ses parents - l'arrêt de ses soins, le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative, rendra une décision vendredi à 15H00 GMT, a annoncé son vice-président, Jean-Marc Sauvé.

S'exprimant à l'issue d'une audience qui a permis jeudi aux différentes parties d'exposer leur point de vue, le vice-président n'a pas précisé la nature de cette décision.

Les 17 magistrats du Conseil d'Etat avaient été appelés dans la matinée par le rapporteur public à décider d'une nouvelle expertise médicale dans un délai de "six semaines". Il s'agit d'une affaire "hors norme", a fait valoir Rémi Keller, à l'appui de sa recommandation.

Si le Conseil d'Etat la suit, sa décision finale et non susceptible d'appel en serait d'autant repoussée.

L'affaire a brouillé la famille de Vincent Lambert, avec d'un côté son épouse, Rachel, son neveu, François, soutenu par l'Hôpital de Reims (est) où le patient est soigné depuis un accident de voiture en 2008.

De l'autre, les parents de Vincent, qui, par conviction religieuse, s'opposent à un arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielle de leur fils. Ils avaient obtenu d'un tribunal administratif le 16 janvier son maintien en vie, décision qui fait l'objet du pourvoi devant le Conseil d'Etat.

Cloué sur son lit d'hôpital en état végétatif chronique depuis cinq ans, la vie suspendue aux sondes de nutrition artificielle, Vincent Lambert, un infirmier psychiatrique, est devenu l'otage inconscient d'un débat national.

"Avec le temps on l'a vu se dégrader, ses muscles atrophiés déforment son corps, il est souvent pris de rictus, il crie quelquefois". Pour sa soeur Marie, "c'est déjà un mort-vivant alors à quoi bon!"

Selon le docteur Eric Kariger qui dirige le service de soins palliatifs de l'hôpital de Reims, Vincent Lambert "souffre de lésions cérébrales irréversibles". "Aucune communication même sommaire n'a jamais pu être établie avec lui". "Il peut avoir des manifestations sensorielles comme des larmes ou des sourires, mais c'est de l'ordre de la mémoire émotive", précise le médecin. "Il n'a pas conscience de son corps".

Pour ses parents au contraire, leur fils "est présent" et veut vivre. A Noël, "on lui a demandé s'il était content, il a fermé intensément les yeux", a raconté sa mère.

Le monde médical français redoute une confirmation par le Conseil d'Etat de la décision du tribunal administratif. Il craint qu'elle modifie les pratiques médicales et conduise à un retour de l'acharnement thérapeutique en France.

Le président socialiste français, François Hollande, a réaffirmé à la mi-janvier sa volonté de voir adopter une loi permettant à une personne atteinte d'une maladie incurable de demander une "assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".

Ce projet se heurte toutefois à une opposition vive des milieux conservateurs en France, qui ont retrouvé récemment de la voix à l'occasion de réformes visant la famille.

Une loi en 2005 a instauré en France un droit au "laisser mourir", qui favorise les soins palliatifs. Elle autorise des traitements anti-douleur permettant de soulager la souffrance, avec pour "effet secondaire d'abréger la vie" d'un malade en "phase avancée ou terminale".

Plusieurs pays européens ont déjà été beaucoup plus loin, leurs législations autorisant certaines formes d'assistance à la mort.

La Suisse est un des rares pays à avoir légalisé le suicide assisté (la personne prend elle-même la dose mortelle). L'euthanasie active indirecte (le fait de donner des substances pour réduire la souffrance avec comme effets secondaires possible la mort), et l'euthanasie passive (interruption du dispositif médical de maintien en vie) y sont autorisées.

En Belgique, les députés devaient adopter jeudi soir une proposition controversée d'étendre l'euthanasie aux mineurs. Ses partisans soulignent qu'elle renforcera les droits des enfants. Ses opposants dénoncent une décision "précipitée".

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