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Nouveaux "trésors" artistiques retrouvés chez un octogénaire allemand

Nouveaux "trésors" artistiques retrouvés chez un octogénaire allemand

Plus de 60 oeuvres d'art, dont des Monet, Renoir, Picasso, ont été retrouvées dans la propriété autrichienne d'un octogénaire allemand chez qui un "trésor nazi" avait déjà été découvert en Allemagne, a révélé mardi son porte-parole.

Cornelius Gurlitt, fils d'un marchand d'art au passé trouble sous le Troisième Reich, était apparu sur le devant de la scène en novembre quand la presse allemande avait annoncé la découverte au printemps 2012 de plus de 1.400 oeuvres de maîtres tels que Chagall ou Matisse, dans son appartement de Munich (sud).

Cette fois-ci, les oeuvres se trouvaient dans une maison que l'octogénaire possède à Salzbourg dans le nord de l'Autriche. "Il s'agit de plus de 60 pièces, parmi lesquelles des oeuvres de Monet, Renoir ou Picasso", a indiqué Stephan Holzinger, un spécialiste de la communication de crise auquel l'avocat munichois Christoph Edel, chargé d'assurer la tutelle de M. Gurlitt, a confié le rôle de porte-parole du vieil homme.

"Des experts, mandatés par Cornelius Gurlitt, examinent s'il pourrait s'agir d'oeuvres éventuellement volées sous le nazisme", précise M. Holzinger dans un communiqué, ajoutant que "d'après un premier état des lieux, un tel soupçon ne s'est pas vérifié". Il n'a pas indiqué la valeur de ces pièces ni donné d'autre précision.

Selon le porte-parole, les oeuvres ont été placées en sûreté pour prévenir toute tentative de vol.

"Nous avons décidé de nous exprimer aujourd'hui (mardi) car nous avons reçu des demandes de la presse depuis l'Autriche", a expliqué à l'AFP M. Holzinger, interrogé sur les raisons qui avaient poussé M. Gurlitt et ses conseillers à révéler l'existence de ces oeuvres.

Le porte-parole a souligné que parmi les experts présents lors de l'inventaire des oeuvres réalisé lundi, se trouvaient "entre autres un juriste spécialisé en art, différents experts en art, ainsi que des restaurateurs".

A aucun moment, la police ou le parquet n'ont été impliqués car il s'agit "d'une propriété privée", selon lui.

Interrogé par l'AFP, le parquet d'Augsbourg (sud), en charge de l'affaire Gurlitt s'est contenté d'indiquer que les enquêteurs avaient pris connaissance de cette nouvelle information avec intérêt.

Cornelius Gurlitt, 81 ans, soupçonné de fraude fiscale et recel en Allemagne, a été laissé en liberté et fait l'objet d'une enquête judiciaire.

Il a été provisoirement placé sous tutelle pour raisons médicales à la suite d'une requête déposée par les médecins d'un hôpital où il était soigné, ce qui le prive partiellement de la capacité de prendre seul certaines décisions. Malgré cela M. Gurlitt semble décidé à se battre pour garder "ses" toiles, même s'il a fait des déclarations contradictoires à ce sujet.

M. Gurlitt est le fils de Hildebrand Gurlitt, grand galeriste qui s'était constitué une collection dans les années 30 et 40. Un moment menacé par les nazis, ayant eu une grand-mère juive, il avait ensuite servi le régime en écoulant à l'étranger des oeuvres volées ou saisies contre des devises.

Parmi les quelque 1.400 oeuvres retrouvées dans l'appartement de Munich de Gurlitt, se trouvent des dessins, gravures et peintures dont des Picasso, Matisse, Renoir, Otto Dix, dont la majeure partie pourrait avoir été soit volée ou extorquée à des familles juives, soit saisie dans les musées comme faisant partie de ce que les nazis classaient dans la catégorie "Art dégénéré".

Au total, 458 de ces 1.400 tableaux ont été rendus publics sur le site internet lostart.de, édité par la cellule de coordination fédérale consacré à l'art disparu pendant la Seconde Guerre mondiale.

M. Holzinger n'a pas exclu que les 60 oeuvres dont l'existence a été révélée mardi puissent également se retrouver sur le web. "Nous devons d'abord examiner, trier et nous prendrons ensuite une décision", a-t-il dit.

L'affaire a relancé un débat sur la restitution des oeuvres d'art volées aux Juifs sous le nazisme, les autorités allemandes ayant notamment été accusées d'avoir tardé à faire toute la lumière sur les possessions de Gurlitt.

L'Allemagne souhaite se doter d'une loi facilitant ces restitutions et un projet de loi devrait notamment abolir la prescription de trente ans au-delà de laquelle la propriété d'une oeuvre d'art ne peut plus être contestée, si le détenteur est considéré comme de "mauvaise foi", c'est-à-dire s'il connaissait la provenance de l'objet au moment de son acquisition.

Baptisée "Lex Gurlitt" par les médias, le texte doit être examiné une première fois vendredi par le Bundesrat, chambre haute du parlement où siègent les représentants des Etats fédérés.

elr-clp/gg

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