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Espagne: premier test au Parlement pour la réforme critiquée de l'IVG

Espagne: premier test au Parlement pour la réforme critiquée de l'IVG

Le projet de loi supprimant le droit à l'avortement en Espagne, critiqué au sein même de la droite au pouvoir, passait son premier test mardi au Congrès des députés qui devait se prononcer, à bulletins secrets, sur une proposition de retirer le texte.

Les députés doivent voter pour ou contre une motion du Parti socialiste (PSOE) réclamant "le retrait immédiat" du texte qui n'autorise l'avortement qu'en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou après un viol ayant fait l'objet d'une plainte préalable.

Le porte-parole du Parti populaire (PP, droite) du chef du gouvernement Mariano Rajoy, Alfonso Alonso, s'est dit certain que la discipline de vote serait observée dans les rangs du parti disposant de la majorité absolue au Parlement.

Tous les partis d'opposition se sont prononcés pour la proposition du PSOE à l'exception du groupe des démocrates chrétiens catalans de Unio.

Le projet de loi qui a déclenché la colère de la gauche et des féministes en Europe dès son adoption en Conseil des ministres fin décembre, a également suscité de fortes réticences au sein de la droite.

L'une des premières voix dissonantes fut celle de la première vice-présidente du Congrès, Celia Villalobos, qui a demandé la liberté de vote sur ce texte. Plusieurs présidents de régions PP, comme de l'Extrémadure (ouest) José Antonio Monago ou de Galice, Alberto Nuñez Feijoo, un fidèle de Mariano Rajoy, ont demandé sa suspension.

"Nous ne nous arrêterons pas tant que le projet ne sera pas retiré", a assuré mardi le chef du PSOE Alfredo Perez Rubalcaba.

"C'est une loi pour la souffrance de la femme et non pas pour ses droits", a lancé le sénateur d'ICV (petit parti de gauche catalan), Juan Saura, résumant le sentiment de l'opposition.

"Aucun droit n'est absolu", a répondu le ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon, attaqué par l'opposition lors d'une session de contrôle au Sénat, avant le vote au Congrès.

"La femme a droit à sa dignité, à sa santé, à sa santé psychologique, mais quand ce droit entre en conflit avec un bien juridiquement protégé qu'est le Naciturus (à naître), le législateur doit résoudre le conflit", a assuré le ministre qui porte le projet de loi.

Le porte-parole du gouvernement basque, Josu Erkoreka, a de nouveau rejeté ce texte comme "un pas en arrière" tandis que le parti nationaliste basque Amaiur a dénoncé "un retour flagrant de 40 ans en arrière".

De nombreux professionnels ont déjà rejeté le projet.

Mardi, des associations de médecins de famille ont affirmé que l'avortement doit venir "de décisions libres des femmes, conséquences de situations personnelles de grande souffrance, qui ne peuvent être limitées à des cas comme les malformations congénitales graves ou dangereuses pour la santé physique ou psychique" de la femme.

Le projet supprime la loi de 2010, votée sous l'ancien gouvernement socialiste, qui autorise l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse pour toutes les femmes sans justification et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du foetus ou de grave danger physique ou psychique pour la mère.

Il exclut les cas de malformation du foetus comme motif valable pour avorter, alors que ceux-ci étaient inclus dans la première loi adoptée sous la démocratie espagnole en 1985.

Des milliers de personnes ont manifesté à Madrid le 1er février, puis à nouveau samedi dernier, contre le texte, rejeté, selon les sondages, par une grande majorité des Espagnols.

ib/sg/bap

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