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Budget fédéral : plus d'aide pour l'industrie de l'auto?

Budget fédéral : plus d'aide pour l'industrie de l'auto?

Cinq ans après qu'Ottawa et Washington eurent sauvé General Motors (GM) et Chrysler de la faillite, les conservateurs de Stephen Harper s'apprêtent à nouveau à délier les cordons de la bourse pour l'industrie de l'auto dans le budget aujourd'hui.

Un texte de Michel Bolduc

Selon CBC, les nouveaux investissements d'Ottawa aujourd'hui dépasseraient les 250 millions de dollars, déjà annoncés, du Fonds d'innovation pour le secteur automobile, mais sans mentionner directement le projet de modernisation de l'usine de Chrysler à Windsor.

Le PDG de Chrysler, Sergio Marchionne, a menacé récemment de fermer son usine de minifourgonnettes à Windsor si les gouvernements fédéral et ontarien ne lui accordaient pas des millions supplémentaires.

En 2008-2009, les gouvernements fédéral et ontarien ont consenti des prêts de 13,7 milliards à GM et à Chrysler. Les deux gouvernements ont récupéré 45 % de cette somme jusqu'à maintenant, si l'on tient compte des remboursements faits, des intérêts payés et des recettes de la vente d'actions des deux constructeurs.

Ottawa estime avoir protégé 52 000 emplois.

Marie Prentice, l'attachée de presse du ministre fédéral des Finances, indique que le gouvernement se départira des millions d'actions de GM qu'il lui reste « dès que possible, tout en maximisant les recettes pour les contribuables ». Ces actions valent présentement plus de 5,25 milliards de dollars.

Hémorragie d'emplois

Cinq ans après le déploiement du plan de sauvetage de GM et de Chrysler, le nombre d'employés des deux constructeurs et de Ford au Canada est toujours bien inférieur au niveau atteint avant la crise.

En 2008, les trois grands américains de l'auto employaient près de 28 000 syndiqués, comparativement à un peu plus de 20 000, en 2014, selon les dernières statistiques du syndicat Unifor.

* Données du syndicat Unifor

Toyota et Honda n'ont pas voulu nous fournir de données sur la variation de leur nombre de travailleurs en Ontario.

Mais, malgré la croissance de l'emploi en 2013 chez les fabricants de pièces notamment, l'industrie canadienne de l'auto compte au total près de 20 000 emplois de moins qu'il y a cinq ans, soit un écart de plus de 15 %, selon la firme de consultants DesRosiers Automotive.

Croisée des chemins

La production de véhicules au Canada a baissé de 3 % l'an dernier, alors qu'elle a augmenté de 7 % aux États-Unis et de 2 %, au Mexique, selon la publication WardsAuto.

Certains modèles parmi les plus populaires au pays sont assemblés en Ontario, comme le Rav4 de Toyota, la Ford Edge, le Chevrolet Equinox, la Honda Civic et la Caravan de Chrysler.

Toutefois, la concurrence est féroce entre gouvernements, qui offrent des subventions, des terrains gratuits et des exemptions fiscales pour attirer les constructeurs, souligne l'analyste Dennis DesRosiers. Selon lui, les compagnies automobiles financent 20 % de leurs infrastructures grâce à l'aide des contribuables.

Dans ce contexte, ajoute M. DesRosiers, l'Ontario et le fédéral ne peuvent pas dire non au PDG de Chrysler, qui réclame des dizaines de millions de dollars pour la modernisation de son usine de minifourgonnettes à Windsor. « C'est 5000 emplois », dit-il, sans parler des emplois indirects.

L'ancien président du syndicat des Travailleurs canadiens de l'auto Ken Lewenza, qui a vécu la crise de 2008-2009, est d'accord.

Industrie Canada ne veut pas commenter pour l'instant la requête de Chrysler, se contentant de répondre qu'Ottawa souhaite « maintenir son partenariat positif » avec le constructeur.

De son côté, le ministre ontarien du Développement économique, Eric Hoskins, est prêt lui aussi à faire sa part. Il n'a pas voulu préciser les sommes en jeu. Mais il indique que des « négociations sérieuses » sont en cours et que la province fera « tout ce qui est possible » pour que le projet de plus de deux milliards de dollars aille de l'avant à Windsor, précisant que Chrysler y ferait aussi de la recherche.

Le gouvernement libéral minoritaire libéral pourrait par ailleurs faire face à des élections cette année. Si c'est le cas, le sort de l'usine de Chrysler à Windsor sera vraisemblablement un enjeu majeur dans le sud-ouest de la province.

L'année dernière, les gouvernements ontarien et fédéral avaient accordé une aide de 140 millions à Ford pour la modernisation de ses installations à Oakville, un projet de 700 millions.

* Données de DesRosiers Automotive

Chrysler, GM et Ford ont refusé nos demandes d'entrevues.

Le PDG de Chrysler, Sergio Marchionne, sera l'invité d'honneur du Salon de l'auto de Toronto lors de son lancement pour les médias, jeudi.

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