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Pour les migrants bloqués à Khartoum, le Soudan du Sud reste la terre promise

Pour les migrants bloqués à Khartoum, le Soudan du Sud reste la terre promise

Ils sont des centaines, échoués dans un village de tentes près de Khartoum. Pour eux, le Soudan du Sud, même ravagé par un conflit meurtrier, reste la patrie qu'ils rêvent de retrouver, leur terre promise.

Au Soudan du Sud, les violences entre les forces du président Salva Kiir et celles de l'ancien vice-président devenu chef rebelle Riek Machar ont fait des milliers de morts et plus de 850.000 déplacés.

Mais cela n'empêche pas les émigrés sud-soudanais bloqués dans le camp de Dar Al-Salaam, près de la ville de Jebel Aulia, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale soudanaise, de rêver à leur retour.

"Nous souffrons", explique l'un des quelque 1.700 habitants du camp. La plupart disent vivre là depuis deux ans, sans possibilité de travailler et quasiment sans aide humanitaire.

Ils font partie des millions de Sudistes ayant fui la guerre civile (1983-2005) qui a abouti à la partition du pays en 2011. Depuis, 1,8 million de Sud-Soudanais émigrés au Nord ont regagné le Sud, par eux-mêmes ou grâce aux transports affrétés par des organisations humanitaires.

Mais environ 20.000 Sud-Soudanais n'ayant pas les moyens de financer le voyage patientent encore autour de Khartoum, dans une quarantaine de camps comme celui de Dar Al-Salaam.

"Nous sommes ici pour partir, nous sommes prêts", insiste un autre résident.

Beaucoup viennent de la région de Bahr El Ghazal au Soudan du Sud, et assurent qu'elle a été épargnée par les combats. De plus, même si les violences mettent aux prises les Dinka de Salva Kiir et les Nuer de Riek Machar, les membres de ces différentes tribus disent vivrent en harmonie au camp de Dar Al-Salaam, dont le nom signifie "Pays de paix".

Et ce qui les unis, c'est leur désir commun de rentrer chez eux mais aussi leurs conditions de vie misérables.

"Nous avons besoin de fosses pour les latrines", explique ainsi un instituteur, qui gagne un maigre revenu auprès des rares parents en mesure de payer l'école que l'Eglise catholique a mise en place.

Depuis que de fortes pluies ont détruit plusieurs latrines, les habitants du camp n'ont plus que deux toilettes. Et dans la cour de l'église au toit de tôle ondulée, la pompe qui fournissait l'eau est cassée.

Les habitants peuvent acheter de l'eau dans de grands réservoirs métalliques livrés par des mules entre les tentes de toile de jute, dont l'ordonnancement permet à Dar Al-Salaam d'échapper à l'impression de délabrement complet laissée par d'autres camps de la région.

Improbable oasis, un petit lopin de verdure pousse même devant l'un de ces abris de fortune.

Ici, des gens meurent faute de ressources suffisantes et de médicaments, assurent les habitants, qui survivent en partie grâce aux femmes fabriquant et vendant de l'alcool de contrebande.

Selon un travailleur humanitaire, le gouvernement soudanais "n'a pas voulu ou permis qu'une assistance régulière soit mise en place" dans ce type de camps, qui représentent un sujet si sensible pour Khartoum que tous les interlocuteurs de l'AFP se sont exprimés sous le couvert de l'anonymat.

Malgré un accord entre Khartoum et Juba censé garantir la liberté de circulation, de résidence et de travail pour les ressortissants des deux pays de part et d'autre de la nouvelle frontière, les Sud-Soudanais estiment que les autorités du Nord les considèrent comme des étrangers et limitent leur accès à l'emploi et aux services.

Au Soudan du Sud, il y aura au moins des terres à cultiver pour se nourrir, assure un habitant de Dar Al-Salaam.

En décembre, l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a rapatrié sur ses fonds propres 700 Sud-Soudanais qui ont gagné Bahr El Ghazal à bord d'un convoi de cars et de camions.

Mario Lito Malanca, chef de mission de l'OIM au Soudan, s'est dit prêt à organiser de nouveaux convois, mais il faut pour cela, explique-t-il, que les appels de fonds lancés par son organisation soient enfin entendus.

Même si les autorités de Juba comme de Khartoum ont toujours donné leur feu vert à ces rapatriements, les récents combats au Soudan du Sud changent la donne: des milliers de réfugiés ont de nouveau franchi la frontière dans l'autre sens pour échapper aux violences.

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