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Ukraine: Rencontre samedi entre Kerry et les dirigeants de l'opposition

Ukraine: Rencontre samedi entre Kerry et les dirigeants de l'opposition

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry doit rencontrer samedi à Munich les dirigeants de l'opposition ukrainienne, sur fond d'enlisement politique complet dans ce pays où l'armée a haussé le ton.

Après deux mois d'une crise sans précédent qui inquiète de plus en plus à l'étranger, l'armée ukrainienne a exigé vendredi des mesures d'urgence, affirmant que l'escalade de la contestation menaçait "l'intégrité territoriale" de cette ancienne république soviétique.

On ignorait quelles mesures précisément souhaitent les militaires. Mais les services spéciaux ont annoncé en fin de soirée qu'ils avaient ouvert une enquête pour "tentative de prise de pouvoir" après avoir examiné les serveurs saisis en décembre au siège du parti Batkivchtchina, la formation de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

Quelques heures plus tôt, la déclaration de l'armée a été dénoncée comme une "tentative d'intimidation" par le chef de file au parlement de Batkivchtchina, Arseni Iatseniouk. De son côté, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a estimé sur son compte Twitter que l'armée devait rester "neutre".

Les militaires "essayent de nous intimider, mais en vain", a déclaré à l'AFP M. Iatseniouk, en marge de la Conférence de Munich sur la Sécurité, où il doit s'entretenir samedi avec M. Kerry. Ce dernier rencontrera aussi d'autres dirigeants de l'opposition, dont l'ex-boxeur Vitali Klitschko.

Les Etats-Unis paraissent vouloir mettre leur poids dans la balance, rejoignant les Européens qui ont multiplié les missions de médiation et les déclarations ces deux derniers mois.

Des responsables russes ont d'ores et déjà réagi, comme le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, qui a qualifié cette rencontre de "cirque".

Les Européens, qui craignent de voir dégénérer ce conflit qui a fait au moins quatre morts et plus de 500 blessés, ont exhorté ces derniers jours toutes les parties à l'apaisement.

La Maison Blanche s'est dite "atterrée" vendredi par les actes de torture qu'un opposant au pouvoir ukrainien a dit avoir subis pendant une semaine.

Evoquant "les informations de plus en plus nombreuses sur des opposants qui disparaissent, qui sont battus et torturés, ainsi que par des attaques contre des journalistes", le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, a jugé "particulièrement inquiétant" que certains cas semblaient "montrer l'implication des forces de sécurité".

L'inquiétude croissante à l'étranger a été illustrée aussi par deux autres nouvelles.

L'agence d'évaluation financière Moody's a annoncé vendredi avoir abaissé d'un cran la note de l'Ukraine, à "Caa2" avec "perspective négative" en raison de "l'escalade et la nature de plus en plus violente de la crise" qui risque à terme d'assécher le financement de l'Etat.

De son côté, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a annoncé qu'elle se rendrait à nouveau à Kiev la semaine prochaine pour tenter d'aider à résoudre la crise.

Dans ce contexte, l'amnistie promulguée vendredi par le président Viktor Ianoukovitch n'apparaissait que comme un ultimatum donnant 15 jours à l'opposition pour quitter les lieux publics occupés, ce que les contestataires ont refusé d'emblée.

Un groupe d'opposants radicaux, Pravy Sektor, a même menacé de revenir à des actions violentes contre les forces de l'ordre et le pouvoir en place si les opposants incarcérés n'étaient pas libérés et si des négociations entre pouvoir et opposition ne reprenaient pas.

Tandis que pouvoir et opposition s'accusent mutuellement d'envenimer les choses, le président est officiellement depuis jeudi en "arrêt maladie" pour cause de "maladie respiratoire aiguë", dont on ignore dans quelle mesure il pourrait s'agir d'une affection "diplomatique".

Pour un conseiller du président russe Vladimir Poutine, Sergueï Glaziev, qui dénonce un "coup d'Etat rampant" fomenté par les Etats-Unis et leurs alliés, M. Ianoukovitch doit "mater" la rébellion s'il ne veut pas perdre le pouvoir.

Mais pour Vadym Karassev, à la tête de l'Institut des Stratégies mondiales de Kiev, si la déclaration des militaires montre leur fidélité au président, elle "ne signifie pas que les manifestants (...) vont être dispersés ou que l'état d'urgence va être décrété".

Pour l'heure, c'est le récit de Dmytro Boulatov, un militant d'opposition de 35 ans enlevé le 22 janvier à Kiev et abandonné dans une forêt jeudi après avoir été torturé, qui a ému jusqu'à Washington et suscité des craintes de répression cachée.

Hospitalisé, le militant a été mis sur la liste de personnes recherchées par la police pour organisation de troubles massifs et assigné à résidence.

Plusieurs militants ont déjà été passés à tabac ou enlevés, et l'un d'entre eux a été retrouvé mort dans une forêt avec des marques de torture.

Une ONG a recensé 33 cas de disparitions d'opposants.

Mme Ashton s'est dite "consternée" par cette affaire et les précédents cas connus.

Le gouvernement ukrainien a démissionné mardi sous la pression de la rue, son ancien chef Mykola Azarov est parti pour Vienne, selon la presse autrichienne, et les lois répressives de janvier ont été abrogées.

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