Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

USA: Obama repart à l'offensive pour relever le salaire minimum

USA: Obama repart à l'offensive pour relever le salaire minimum

"Donnez une augmentation à l'Amérique!": le président Barack Obama est reparti à l'offensive mardi pour obtenir une hausse du salaire minimum aux Etats-Unis, augurant d'une nouvelle et difficile bataille avec les républicains au Congrès.

"Cela aidera les familles, cela donnera aux ménages plus d'argent pour consommer et cela n'impliquera aucun nouveau programme bureaucratique", a-t-il argumenté dans son discours sur l'état de l'Union.

Il y a tout juste un an, M. Obama avait, sans succès, appelé à porter le salaire minimum fédéral de 7,25 dollars de l'heure --son niveau depuis 2009-- à 9 dollars.

Le président américain est allé encore plus loin mardi en endossant une proposition de loi de deux élus démocrates, envisageant un relèvement à 10,10 dollars qui marquerait une hausse de près de 40%.

Le président américain a d'ailleurs annoncé qu'il prendrait "dans les prochaines semaines" un décret portant le salaire minimum à ce nouveau seuil pour les salariés des entreprises en contrat avec l'Etat fédéral.

"Si vous cuisinez pour nos troupes, si vous lavez leur vaisselle, vous ne devriez pas être contraint de vivre dans la pauvreté", a lancé le président.

Plus généralement, M. Obama a assuré que chacun "devait avoir l'opportunité qu'il mérite" à l'heure où le taux de chômage américain est retombé à son plus bas niveau depuis plus de cinq ans (6,7% en décembre) et où la croissance américaine s'est encore accélérée (4,1% en rythme annualisé au troisième trimestre dernier).

Le futur décret présidentiel, qui ne s'appliquera qu'aux futurs contrats, pourrait profiter au final à plusieurs centaines de milliers de salariés, selon certaines estimations, mais laissera de côté un grand nombre des quelque 3,6 millions d'Américains payés actuellement 7,25 dollars de l'heure.

Le président Obama l'a lui-même reconnu mardi: "Pour atteindre des millions d'autres, le Congrès doit être de la partie".

Profondément hostiles à cette mesure, les républicains, majoritaires dans une des deux chambres du Congrès, ne semblent toutefois pas prêts à faire le moindre cadeau au président américain, spécialement en cette année d'élections législatives.

Président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner a ainsi plus tôt dans la journée fustigé une "mauvaise mesure" qui se retournera contre les plus défavorisés. "Quand vous augmentez le coût d'une chose, vous en avez moins", a-t-il déclaré, assurant qu'une augmentation se traduirait par des pertes d'emplois.

Le débat divise les experts mais rencontre un écho croissant aux Etats-Unis où, contrairement à la situation en France, le salaire minimum n'est pas augmenté mécaniquement chaque année pour tenir compte de l'inflation.

Ces derniers mois, des salariés de fast-food ou de la grande distribution se sont mis en grève aux Etats-Unis, assurant que le salaire minimum leur permettait tout juste de "survivre" et que certains d'entre eux devaient recourir à l'aide alimentaire.

Selon l'Organisation internationale du travail, les Etats-Unis accusent un certain retard par rapport aux autres pays industrialisés. En 2010, le salaire minimum américain représentait seulement 38,8% du salaire médian dans le pays, contre 46,1% en Grande-Bretagne et 60,1% en France.

L'opinion américaine semble, elle, prête à franchir le pas. Selon un sondage réalisé en juillet dernier, 80% des Américains interrogés se déclaraient en faveur d'une augmentation du salaire minimum à 10,10 dollars.

Réagissant au discours du président Obama, l'organisation non-partisane National Employment Law Project (Nelp) a salué un "puissant premier pas" vers une augmentation "trop longtemps repoussée".

Le consensus est toutefois loin d'être généralisé. La très conservatrice Chambre de commerce des Etats-Unis a elle estimé, au contraire, qu'une hausse du salaire minimum "détruirait les emplois, spécialement ceux des salariés les moins qualifiés".

"Des pensées utopiques véhiculées par un diktat fédéral ne sauraient amener des conséquences heureuses sans nuire aux personnes qui sont censés en bénéficier", a réagi cette organisation dans un communiqué.

jt/lb

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.