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Japon: instructions nationalistes aux professeurs à propos d'îles disputées

Japon: instructions nationalistes aux professeurs à propos d'îles disputées

Le ministère nippon de l'Education a annoncé mardi qu'il allait demander aux professeurs d'enseigner aux élèves le caractère indiscutablement japonais d'îles qui font l'objet d'une querelle territoriale entre Tokyo et ses voisins chinois et sud-coréen qui ont tout de suite protesté.

"En matière d'éducation, il est naturel pour un Etat de donner à ses enfants des enseignements sur des parties intégrantes de son propre territoire", a expliqué le ministre nippon de l'Education, Hakubun Shimomura, lors d'une conférence de presse.

Les manuels destinés aux professeurs de collèges et lycées présenteront désormais comme "partie intégrante du territoire japonais" les îles Senkaku de mer de Chine orientale, administrées par le Japon mais revendiquées avec force par la Chine sous le nom de Diaoyu, a expliqué un responsable du ministère à l'AFP.

Situé à 200 km au nord-est de Taïwan et à 400 à l'ouest d'Okinawa (sud du Japon), cet archipel inhabité est au coeur d'une nette dégradation des relations sino-japonaises depuis que Tokyo a nationalisé trois des cinq îles en septembre 2012. Des navires gouvernementaux chinois croisent depuis régulièrement dans leurs eaux territoriales, ce qui fait craindre un incident armé avec les garde-côtes nippons qui les protègent.

Les manuels préciseront que le Japon ne reconnaît même pas l'existence d'une querelle à propos de ces territoires.

"Nous sommes très inquiets et avons solennellement averti la partie japonaise", a déclaré en réaction une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying. "Nous soulignons que les Diaoyu et les îles qui en dépendent sont des territoires inhérents de la Chine depuis les temps anciens", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse régulière.

Seront aussi présentés comme strictement japonais dans ces manuels deux gros rochers en mer du Japon (appelée mer de l'Est par les Coréens), contrôlés par les Sud-Coréens sous le nom de Dokdo mais revendiqués par les Japonais sous le nom d'îles Takeshima.

Les nouveaux manuels, qui seront en circulation à partir d'avril 2016, souligneront que ces îlots sont occupés "illégalement" par la Corée du Sud, a précisé le responsable du ministère

L'utilisation de ces ouvrages ne sera pas obligatoire, mais il sera recommandé aux enseignants de s'en inspirer pour faire leurs cours.

Séoul a convoqué l'ambassadeur du Japon pour protester "contre l'inclusion malveillante par le ministère de l'Education d'allégations sans fondement dans des manuels", a expliqué le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères devant la presse.

Dans un communiqué distinct, ce ministère a accusé le Japon "de persévérer dans ses mauvaises habitudes de distorsion de l'histoire et de nostalgie de son impérialisme passé".

De nombreux Sud-Coréens jugent le Japon hypocrite dans ses regrets formulés pour sa colonisation de la péninsule coréenne (1910-1945) et des exactions qui l'ont accompagnée. Le ministère sud-coréen a mis en doute, mardi, la volonté affichée du gouvernement de droite de Shinzo Abe de s'impliquer davantage pour la paix mondiale.

"Nous nous demandons comment le Japon pourrait contribuer davantage à la paix et à la stabilité internationale (...) en créant des conflits avec ses voisins et en menaçant la paix et la stabilité régionale", a souligné Séoul.

Le gouvernement Abe a été plusieurs fois critiqué par les Chinois et les Sud-Coréens pour ses tendances nationalistes. Pékin et Séoul avaient notamment fustigé une visite de M. Abe le 26 décembre au Yasukuni, un sanctuaire de Tokyo où sont honorés 2,5 millions de soldats morts pour le Japon mais aussi 14 criminels de guerre nippons condamnés après 1945.

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