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France/chômage: l'échec de 2013 acté, Hollande mise désormais sur les entreprises

France/chômage: l'échec de 2013 acté, Hollande mise désormais sur les entreprises

Après avoir perdu son pari d'inverser la courbe du chômage en 2013, l'année 2014 s'annonce difficile pour François Hollande qui mise maintenant sur les réformes promises aux entreprises au grand dam de l'aile gauche de sa majorité.

Depuis Istanbul où il achevait une visite officielle de deux jours en Turquie, le président français, dont le taux de popularité est au plus bas, a défendu la nouvelle orientation de sa politique en soulignant que "la condition de la croissance, ce sont les réformes économiques", allusion aux baisses de charges promises aux entreprises privées en échange de promesses d'embauche.

"Si nous voulons avoir un niveau de croissance élevé, être compétitifs, créer des emplois, baisser le chômage, nous devons faire en sorte que nos entreprises puissent avoir toutes possibilités pour agir, dans le respect bien sûr des droits des salariés, des travailleurs", a-t-il dit.

L'exécutif français n'a pu que prendre acte de l'échec de la politique d'emplois aidés mise en oeuvre depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir en mai 2012.

Le ministre du Travail Michel Sapin, dont l'opposition a réclamé la démission, a estimé mardi que si l'inversion promise par François Hollande pour fin 2013 ne s'était pas produite, le gouvernement était à "deux doigts de le faire".

En décembre, 10.200 nouveaux demandeurs d'emploi sans activité ont été recensés, portant leur nombre au niveau record de 3,3 millions.

Une hausse du chômage "regrettable", pour le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, qui a en revanche salué "l'intensification des réformes économiques en France", en insistant sur l'importance des "réformes structurelles sur le marché du travail".

Michel Sapin a indiqué que le gouvernement allait continuer à financer par centaines de milliers les emplois aidés (ils sont actuellement moins de 100.000) en attendant que "la croissance prenne le relais mi-2014" et que le "pacte de responsabilité" proposé aux entreprises atteigne ses objectifs.

Le gouvernement table sur au moins 1% de croissance en 2014, mais les organismes internationaux tablent sur une fourchette allant de 0,8 à 1,1%, et les économistes s'accordent à estimer qu'il faut environ 1,5% de croissance pour relancer les embauches.

Pour Philippe Waechter, économiste en chef chez Natixis, alors que l'Allemagne et la Grande-Bretagne notamment voient leur situation s'améliorer, "la France reste à la traîne de l'Europe en terme de dynamique de croissance, et donc d'emploi".

Il reste également sceptique sur les baisses de charges prévues par le pacte de responsabilité: "un entrepreneur n'embauche pas parce qu'on lui donne trois francs six sous, ça ne marche pas comme ça, il commence d'abord par améliorer son appareil productif", souligne-t-il.

Les syndicats sont aussi dubitatifs. Pour le numéro un de Force ouvrière Jean-Claude Mailly, la "fuite en avant libérale" du gouvernement "risque de détruire" encore plus d'emplois.

Alors que la gauche s'inquiète de la réaction de l'électorat populaire à l'approche d'échéances électorales (municipales en mars et européennes en mai), le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a assuré mardi devant les députés socialistes qu'il ne s'agissait pas de faire "des cadeaux aux patrons" mais de "redresser le pays".

Dans ce contexte de grande méfiance, l'Elysée a démenti mardi des informations de la presse allemande selon lesquelles Peter Hartz, le père des réformes libérales du marché du travail allemand sous le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, était appelé à le conseiller.

"François Hollande l'a reçu il y a deux mois à sa demande pour un entretien informel", mais "je démens qu'il soit son conseiller ou soit amené à le devenir", a précisé le conseiller politique de M. Hollande, Aquilino Morelle.

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