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Le Conseil de l'Europe sous pression des pro et anti-circoncision

Le Conseil de l'Europe sous pression des pro et anti-circoncision

Le Conseil de l'Europe espère faire avancer le débat sur les conséquences médicales de la circoncision et le libre choix des enfants, à l'occasion d'une audition mardi à Strasbourg en marge d'une réunion de son Assemblée parlementaire (APCE)

L'organisation européenne organise une audition publique sur le sujet, trois mois après l'adoption par son assemblée d'une résolution qui avait soulevé un tollé dans les milieux juifs et musulmans.

La Commission des questions sociales et de la santé de l'APCE a prévu d'entendre mardi après-midi l'avis d'experts médicaux et de représentants religieux après le tollé soulevé par son vote du 1er octobre dernier, qui citait "la circoncision des jeunes garçons pour des motifs religieux", au même titre que "les mutilations génitales féminines", parmi les violations du "droit des enfants à l'intégrité physique".

L'organisation paneuropéenne, qui rassemble 47 pays, veut confronter les avis du rapporteur du texte à l'origine de la polémique, la sociale-démocrate allemande Marlene Rupprecht, de deux urologues (français et turc), du président des pédiatres allemands, du directeur du "Centre de ressources sur la circoncision" américain.

Des représentants de la Conférence des rabbins européens (CER) et du Conseil français du culte musulman (CFCM), deux organisations qui avaient exhorté le Conseil de l'Europe à rouvrir le débat sur la circoncision des jeunes garçons, ont également été invités.

La résolution votée ne peut être abrogée ni amendée, a expliqué le secrétaire général de l'APCE, Wojciech Sawicki. Mais il a estimé probable que l'assemblée européenne amorce maintenant la rédaction d'un "nouveau rapport, qui devrait porter non pas sur l'intégrité physique des enfants mais se concentrer sur la liberté de religion : comment concilier cette liberté garantie par la Convention européenne des droits de l'homme avec d'autres libertés? Quelles limites pourraient ou non y être apportées?".

Avant l'audition des experts, la commission a choisi de projeter un extrait d'un documentaire réalisé par un Juif britannique très critique à l'égard de la circoncision rituelle, qui dénonce notamment les risques de complications graves encourues par l'enfant.

Ce documentaire de Victor Schonfeld, intitulé "C'est un garçon!" (It's a boy!"), montre de rares images d'une circoncision réalisée sur un nourrisson. Il avait déclenché une vive polémique lors de sa diffusion, et son auteur s'était attiré les foudres de rabbins britanniques.

Dans une tribune sur le Jerusalem Post en ligne, Victor Schonfeld a apporté son soutien aux parlementaires de l'APCE et à leur vote du 1er octobre.

"A Strasbourg, mon film montrera les victimes cachées de la circoncision, des enfants qui saignent emmenés d'urgence à l'hôpital, des bébés victimes d'infections en soins intensifs, les déformations irréversibles causées sur de jeunes garçons et des décès", a expliqué M. Schonfeld sur Jpost.com.

Ces images doivent être suivies d'extraits d'un autre film mettant en avant le point de vue de membres de la Knesset (Parlement) israélienne, qui jouit d'un statut d'observateur au Conseil de l'Europe.

Il y a une semaine, une délégation commune de rabbins et d'imams avait une nouvelle fois plaidé auprès du secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland - qui avait relativisé l'importance de ce vote - pour que l'APCE adopte un nouveau texte.

La résolution en question avait provoqué la colère du président israélien Shimon Peres, qui avait exhorté le Conseil de l'Europe à "revenir immédiatement" sur ce texte, tandis que le Consistoire central, union des communautés juives de France, avait fait part de sa "stupéfaction" et de son "inquiétude".

Le président français François Hollande était également intervenu dans le débat dans une lettre au Consistoire, affirmant qu'il n'était "pas question de remettre en cause un geste symbolique du judaïsme - comme d'autres religions".

En décembre 2012, pour mettre un point final à une polémique née d'un vide juridique, le Parlement allemand avait choisi de légiférer en autorisant la circoncision pour des motifs religieux dans un cadre médical professionnel.

Chez les juifs et les musulmans, la circoncision est en général pratiquée dans la semaine qui suit la naissance.

lg/mct/sym

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