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La CIJ donne au Pérou une zone maritime chilienne : Lima crie victoire, pas ses pêcheurs

La CIJ donne au Pérou une zone maritime chilienne : Lima crie victoire, pas ses pêcheurs

Lima criait victoire lundi après que la CIJ lui eut accordé une zone maritime sous souveraineté chilienne, et ce, même si les pêcheurs péruviens eux-mêmes se plaignaient d'avoir "perdu" dans ce conflit territorial séculaire.

Après six années de procédures, la Cour internationale de Justice (CIJ) a confirmé lundi la souveraineté chilienne sur une zone maritime proche des côtes, mais a redéfini la frontière maritime en faveur du Pérou pour la partie se trouvant entre 80 et 200 milles marins au large du continent sud-américain.

Accusant le Chili de s'approprier ses eaux territoriales, le Pérou avait saisi la CIJ en 2008.

Le Pérou réclamait la souveraineté sur une zone poissonneuse de l'océan Pacifique de 38.000 kilomètres carrés sous le contrôle du Chili ainsi que sur une zone de 27.000 km2 considérée par Santiago comme faisant partie des eaux internationales.

A Lima, les Péruviens ayant regardé la lecture de l'arrêt sur des écrans géants installés dans le centre historique de la ville se sont exclamé "Vive le Pérou!".

Le président péruvien Ollanta Humala a de son côté qualifié de "satisfaisante" la décision de la CIJ. "Nous avons gagné plus de 70% du total de notre demande", a-t-il dit en s'adressant à la nation.

Les deux pays s'étaient engagés à respecter l'arrêt, quelle que soit la décision.

De son côté, le président chilien Sebastian Pinera a "regretté" la perte pour son pays. "Même si le Chili conserve pleinement ses libertés de navigation dans cette zone, cette cession constitue sans aucun doute une perte pour notre pays", a-t-il déclaré depuis le Palais de "la Moneda", à Santiago.

Pourtant, certains analystes estiment que l'arrêt n'affectera que peu les pêcheurs chiliens. Les petits pêcheurs, notamment, ne s'écartent en effet que d'environ 40 milles marins des côtes.

Au Pérou, le président de l'association des pêcheurs "artisanaux" du sud du Pérou, David Patino, a même assuré que cette décision ne bénéficierait en rien à sa région.

"Tacna (ville du sud du Pérou, ndlr) a perdu avec cet arrêt", a assuré M. Patino : "nous espérions que Tacna pourrait avoir ses 200 milles nautiques".

Le Chili n'avait accepté qu'à contrecoeur de se rendre à La Haye, assurant que la frontière maritime entre les deux pays était fixée par des traités de 1952 et 1954 portant sur les zones économiques, ce que conteste le Pérou.

La CIJ a finalement conclu que les deux pays étaient en fait "d'accord" sur une frontière maritime, que celle-ci "s'étend à une distance de 80 milles nautiques" des côtes, mais pas au-delà, a assuré le juge président Peter Tomka au cours d'une audience publique au Palais de la Paix, à La Haye.

Pour la zone située entre 80 et 200 milles marins, les juges se sont employés à déterminer un nouveau tracé de la frontière maritime afin d'obtenir "un résultat équitable". La zone considérée comme faisant partie des eaux internationales par le Chili est maintenant sous souveraineté péruvienne.

Selon de nombreux observateurs, l'arrêt devrait clore l'épilogue de la guerre du Pacifique (1879-1883) et permettre aux deux voisins de mettre un terme à leurs rancoeurs historiques.

Le Chili était sorti vainqueur de ce conflit emblématique qui a redessiné, à leurs détriments, les contours du Pérou et de la Bolivie. Le Pérou avait perdu 25% de son territoire et la Bolivie son accès à la mer.

Les rivalités entre le Pérou et le Chili, importants partenaires économiques, ne vont pas disparaître à La Haye et les passes d'armes entre Chiliens et Péruviens sur l'origine géographique du pisco, une eau-de-vie de raisin, ou de la pomme de terre risquent de continuer encore longtemps.

L'arrêt a été suivi de près par la Bolivie, qui avait envoyé un représentant à l'audience.

Elle aussi saisi la CIJ, réclamant au Chili la possibilité de négocier un accès à la mer, perdu à l'issue de la guerre du Pacifique.

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