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Centrafrique: les Nations unies prévoient des sanctions, les ex-rebelles sur le départ

Centrafrique: les Nations unies prévoient des sanctions, les ex-rebelles sur le départ

Plusieurs convois de combattants de l'ex-coalition Séléka ont quitté Bangui où les tensions restaient vives lundi entre chrétiens et musulmans, à la veille de l'adoption probable de sanctions des Nations unies contre les auteurs de violences en Centrafrique.

Les convois de combattants, parmi lesquels se trouvaient des chefs rebelles, ont quitté la capitale sous escorte militaire durant le week-end.

Figurant dans un projet de résolution que le Conseil de sécurité des Nations unies devrait adopter mardi, "ces sanctions visent des individus qui nuisent à la paix et à la stabilité et entravent le processus de transition politique en Centrafrique, en alimentant les violences, en violant les droits de l'Homme et le droit international humanitaire ou en participant au pillage des ressources de ce pays", a déclaré lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français, Romain Nadal, lors d'une conférence de presse.

"La mise en place de sanctions est complémentaire des poursuites judiciaires à l'encontre d'auteurs de violations des droits de l'Homme. Tous les auteurs d'exactions devront répondre de leurs actes", a-t-il jugé, soulignant que le Conseil de sécurité se réunissait "à l'initiative de la France".

Lundi, un communiqué des Nations Unies a souligné les "graves violences rapportées au-delà de Bangui", affirmant que fin janvier, des ex-Séléka "auraient tiré sur la population, tuant au moins 10 personnes et en blessant de nombreuses autres" dans la ville de Bocaranga, proche de la frontière tchadienne.

"Dans la ville voisine de Baoro, des anti-balaka (miliciens chrétiens) auraient attaqué des civils musulmans le 22 janvier, faisant au moins 80 morts et blessant des centaines de personnes. Près de 4.000 maisons auraient aussi été incendiées", poursuit le texte.

Dans le centre de Bangui, les populations demeuraient tendues lundi, après les tirs et les tentatives de pillages concentrés la veille autour du quartier PK-5, poumon commercial de la capitale, avec ses centaines de magasins appartenant pour la plupart à des musulmans.

Les populations musulmanes ne sont pas toujours rassurées par le départ des Séléka, craignant en particulier le harcèlement et les attaques des milices chrétiennes "anti-balaka" (anti-machettes).

Selon Peter Bouckaert, directeur des urgences de Human Rights Watch (HRW), l'un des convois emmenant les ex-Séléka a quitté la capitale centrafricaine dimanche accompagné d'une lourde escorte, se dirigeant vers la ville de Bossembélé, au nord de Bangui.

Parmi eux se trouvait notamment le général Mahamat Baher, figure et chef de renseignement de l'ex-rébellion, a-t-on appris de même source, selon qui les ex-combattants, pour beaucoup originaires de pays voisins comme le Tchad et le Soudan, sont actuellement en négociation avec la force africaine en Centrafrique (Misca) en vue de préparer leur départ.

Contactée, la Misca a refusé de confirmer ou démentir ces informations.

Par ailleurs, selon des témoignages d'habitants proches du camp Kasaï, l'un des plus gros de la ville, "les ex-Séléka qui s'y trouvaient ont fui avec leurs armes, désertant les lieux (...) par plusieurs vagues successives, gagnant la colline surplombant le camp. Au petit matin (dimanche), ils ont pris en otage des habitants pour les conduire loin du camp et en direction de la sortie nord".

Parallèlement, lundi, un important convoi de marchandises est entré dans la capitale centrafricaine pour approvisionner les soldats de la Misca, présents de longue date dans le pays, ainsi que les militaires français intervenant en Centrafrique depuis mi-décembre. Le convoi a également ravitaillé l'immense camp de déplacés de Mpoko, situé aux abords de l'aéroport, où vivent plus de 100.000 chrétiens ayant fui les violences, a constaté l'AFP.

Sur les centaine de milliers de déplacés dans le pays, 400.000 sont à Bangui, soit la moitié de la population de la ville.

M. Djotodia, poussé à la démission le 10 janvier sous pression internationale, avait renversé en mars 2013 le régime de François Bozizé à la tête de la coalition rebelle Séléka, à dominante musulmane. La rébellion s'est rendue responsable d'exactions répétées contre la population majoritairement chrétienne du pays, déclenchant une spirale de violences intercommunautaires dont les civils sont les principales victimes.

bur-xbs/cl/mba

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