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Charles de Gaulle célébré en Chine avec sa DS 19

Charles de Gaulle célébré en Chine avec sa DS 19

Des ouvriers achevaient dimanche à Pékin d'installer la Citroën DS du général de Gaulle dans une vaste salle du Musée national: 50 ans après, les Chinois célèbrent l'homme d'Etat qui a osé reconnaître la Chine populaire, en le comparant à Mao Tsé-toung.

Cette DS 19 présidentielle noire aux chromes rutilants, dans laquelle se trouvait le fondateur de la Ve République lors de l'attentat du Petit-Clamart (France) en 1962, sera lundi place Tiananmen an centre de la commémoration de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, le 27 janvier 1964.

Sur cette même place qui regroupe le coeur du pouvoir du régime communiste, le drapeau fut mis en berne le 10 novembre 1970, quand éclata la nouvelle de la mort de l'homme de l'appel du 18 juin 1940. Une première pour un chef d'Etat étranger.

A midi, dans le Grand Palais du peuple, situé sur le côté ouest du quadrilatère, le gouvernement chinois donnera un grand banquet. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, conduira la délégation française.

"On est toujours assez surpris, même quand on connaît l'Histoire, de la notoriété de De Gaulle en Chine", souligne David Valence, directeur-adjoint de la Fondation Charles de Gaulle.

Les Chinois, poursuit-il, "retiennent souvent son insistance sur la souveraineté des peuples et sur l'indépendance de ces peuples. On voit bien quel écho cela peut avoir en Chine aujourd'hui".

Il arrive aussi que les Chinois associent De Gaulle avec la "Grande France", sous-entendant ainsi la perte de puissance de la France actuelle. Ou qu'ils comparent Mao et de Gaulle, dont la rencontre, voulue des deux côtés, n'a jamais pu se faire.

"Le général de Gaulle a été le premier homme d'Etat dans le monde occidental à voir, à prédire l'émergence de la Chine", assure à l'AFP Wu Jianmin, ancien ambassadeur à Paris de la République populaire de Chine.

Le diplomate évoque cette France des années 1960, celle de la "grandeur", qui suit "une politique étrangère indépendante, qui a le courage de dire ce qu'elle pense".

"Mao et De Gaulle ont tous les deux résisté à l'agression étrangère, en Chine ce fut l'agression japonaise et en France l'agression allemande. Les deux ont été combattants dans la guerre antifasciste. Ce sont des choses qui les rapprochent", relève M. Wu.

Dans l'exposition au Musée national, Charles de Gaulle tient évidemment la vedette, même si des photos illustrent aussi l'accueil historique en Chine de Georges Pompidou en 1973, la rencontre entre Valéry Giscard d'Estaing et Deng Xiaoping, ou les autres visites bilatérales.

Maître d'oeuvre de l'exposition, la Fondation Charles de Gaulle admet avoir été contrainte de supprimer des clichés où apparaissaient Hua Guofeng, le successeur désigné de Mao mis à l'écart par Deng Xiaoping, ou Zhao Ziyang, dirigeant tombé en disgrâce après avoir soutenu les étudiants du mouvement de Tiananmen en 1989.

M. Valence confirme quelques "demandes de retouches de la part de nos amis chinois".

"Comme ce n'était pas des aspects très essentiels de l'exposition, on a choisi d'accepter cette demande".

Pas de souci en revanche pour la DS 19, qui en est à son deuxième voyage en Chine, après avoir été restaurée des dommages causés par les balles d'un commando de partisans de l'Algérie française en 1962. Le général et Yvonne de Gaulle, miraculeusement, ne furent pas touchés.

Un événement "pas très connu" en Chine, explique Wu Jianmin, "ce qui explique l'intérêt qu'on porte à cette voiture. Derrière cette voiture, c'est le courage du général. Ses décisions étaient vraiment d'une grande importance. Et pour les décisions de ce genre, il y a un prix (à payer)".

Un attentat qui "surprend un peu les Chinois", confie de son côté le général François Kessler, directeur général de la Fondation Charles de Gaulle. "Comment se fait-il qu'on puisse tirer sur un chef d'Etat? Heureusement je leur explique que c'est une voiture qui, malgré les pneus crevés, a continué à rouler à 120 km/h".

C'est PSA, actuellement en négociation pour voir entrer à son capital son partenaire chinois Dongfeng, qui a insisté sur l'envoi de la DS, et financé son transport. Le groupe automobile français espère des retombées commerciales liées à l'image de résistance de cette "voiture de haute technologie, en avance sur son temps", selon les mots du général Kessler.

D'autant que le sigle DS est redevenu d'actualité. Le mois dernier Citroën a dévoilé un nouveau modèle de sa gamme destinée à la Chine. Cette berline baptisée DS 5LS doit être commercialisée au printemps sur le premier marché automobile mondial.

seb/jh

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