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Puissantes et respectées, les fondations allemandes vivent un nouvel âge d'or

Puissantes et respectées, les fondations allemandes vivent un nouvel âge d'or

Fortes d'une puissance financière avoisinant les 100 milliards d'euros et comptant des noms illustres dans leurs rangs, les fondations allemandes, acteurs clés de la vie publique en Allemagne, sont en plein boom.

En dix ans, plus de 900 nouvelles fondations de droit civil, la forme juridique la plus classique, ont vu le jour en moyenne chaque année dans le pays, portant leur nombre à près de 20.000, selon les chiffres de la fédération allemande du secteur. Elles emploient de manière directe quelque 40.000 salariés.

"Dans presque tous les secteurs et tous les endroits, il y a une fondation qui fait quelque chose", résume Markus Heuel, membre-directeur du centre de recherche sur les fondations Deutsches Stiftungszentrum.

Exemples parmi beaucoup d'autres, la fondation de l'aide sportive allemande, la Stiftung Deutsche Sporthilfe, soutient quelque 3.800 athlètes de haut niveau dans la gestion de leur vie professionnelle et sportive, tandis que la fondation "Schüler Helfen Leben", créée en 1992 par un groupe de collégiens afin de porter assistance aux enfants des camps de réfugiés lors de la guerre d'ex-Yougoslavie, compte aujourd'hui parmi les principales organisations d'aide à l'enfance en Allemagne.

Si la plupart sont reconnues d'utilité publique, près d'un tiers d'entre elles se consacrent aux oeuvres sociales. Les autres se dédient à l'éducation et la formation, l'art et la culture, la science et la recherche ou encore la préservation de l'environnement.

Elles jouent en outre un rôle de premier plan dans la sphère économique, en qualité d'investisseurs de long terme dans les entreprises et parfois de protecteurs contre d'éventuelles offensives hostiles de rachat, à l'image de la fondation Krupp, actionnaire principal et historique du conglomérat industriel Thyssenkrupp.

Parmi les plus actives figurent quelques mastodontes, comme la Robert-Bosch Stiftung, la plus riche d'Allemagne avec un patrimoine de 5 milliards d'euros, la fondation Bertelsmann, "think tank" fort de 300 collaborateurs considéré comme l'un des plus influents auprès des cercles politiques et économiques, ou la fondation Warentest, spécialisée dans la défense des consommateurs et reconnue pour ses tests comparatifs sur le marché allemand.

Après un premier âge d'or au début des années 1900, les fondations en Allemagne ont vu leur nombre décroître fortement au gré des drames du XXe siècle, avant de vivre une nouvelle jeunesse après la réunification du pays dans les années quatre-vingt dix.

"Le pays connaît la plus longue période de paix de son histoire, ce qui favorise l'accumulation de richesses, que les guerres, l'inflation ou autres avaient mis à mal par le passé", souligne Christoph Schalast, avocat et professeur en droit des affaires à la Frankfurt School of Finance.

Conséquence, "depuis une dizaine d'année, le rôle des fondations s'est considérablement renforcé dans le pays", ajoute-t-il.

Les Stiftung ont notamment contribué à atténuer les effets, certes moins marqués en Allemagne qu'ailleurs en Europe, de la crise économique depuis 2008.

"En tant que moteur de la société civile, elles apportent de nombreux avantages spécifiques", comme par exemple celui de venir en aide aux laissés pour compte du développement économique, souligne Hans Fleisch, secrétaire générale de la fédération allemande des fondations.

"Les fondations ne sont toutefois pas destinées à gérer des situations d'urgence", prévient-il, "leur rôle consiste à travailler dans la durée pour apporter des bienfaits à la société sur le long-terme".

Séduites par ces initiatives, nombre d'entreprises et de célébrités ont d'ores et déjà choisi d'apposer leur nom sur une fondation, comme le fabricant de bonbons Haribo ou la star du football allemand Philipp Lahm. Un bon moyen de s'engager au service d'une bonne cause tout en soignant son image auprès du public.

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