L'un des plus anciens détenus de France, Philippe El Shennawy, a recouvré la liberté vendredi matin après avoir passé 38 ans, les deux tiers de sa vie, derrière les barreaux.
"Waouh (...) la vraie vie, c'est vous, c'est là!", a lancé cet homme de 59 ans, cheveux gris, rasé de près et vêtu de noir à la masse de journalistes venus l'attendre à la sortie de la maison d'arrêt de Fresnes, en banlieue parisienne.
"Toutes ces années, il faudrait que ça serve à quelque chose", a-t-il ajouté, deux jours après avoir bénéficié d'une libération conditionnelle.
Condamné à la perpétuité en 1977 pour un braquage avec prise d'otage auquel il a toujours nié avoir participé, il devra porter un bracelet électronique pendant deux ans. Il va commencer un travail de chef de projet pour l'événementiel culturel dès lundi.
Extrait à l'aube de sa cellule, Philippe El Shennawy est sorti par une petite porte en bois peu après 09H00 avant de tomber dans les bras de son épouse, Martine.
"J'ai envie de vivre", a-t-il dit, répondant aux questions des journalistes avec beaucoup de calme et de sobriété, sous les yeux de sa femme.
"Ca fait 35 ans que je l'attends, oui je suis prête", avait dit, peu avant sa libération, Martine El Shennawy. "Ce n'est pas encore la vie normale, il faut qu'il retrouve ses repères".
Depuis 1975, Philippe El Shennawy, surnommé "le détenu perpétuel", a connu un parcours carcéral hors norme: vingt ans à l'isolement, six années en internement psychiatrique, 42 transfèrements, 34 jours de grève de la faim, une tentative de suicide. Et deux évasions.
Il va résider chez sa femme, hormis des permissions de sortie pour aller travailler en semaine et le week-end en matinée pour la famille, et retrouver leur fils Christophe, un "bébé-parloir" conçu lors d'une visite en prison.
Philippe El Shennawy envisage de poursuivre son combat contre les longues peines. "Ca n'a pas de sens. Les longues peines, ça ne sert à rien", a-t-il dit.
Le plus ancien détenu de France est actuellement Maurice Gateau, 77 ans, incarcéré depuis près de 49 années pour le meurtre d'une personne dépositaire de la force publique.
"D'une certaine façon, j'ai toujours été libre", a déclaré Philippe El Shennawy avant de prendre congé des médias et de quitter l'enceinte du centre de détention.
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