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L'Egypte commémore la chute de Moubarak mais la répression inquiète

L'Egypte commémore la chute de Moubarak mais la répression inquiète

L'Egypte célèbre samedi le 3e anniversaire de la révolte ayant entraîné la chute de Hosni Moubarak, mais la répression sanglante des manifestations par le pouvoir dirigé par l'armée qui a destitué Mohamed Morsi n'est pas sans rappeler les méthodes de l'ancien régime.

Après avoir déposé et arrêté le 3 juillet le seul président jamais élu démocratiquement en Egypte, le gouvernement installé par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, a d'abord réprimé dans un bain de sang les manifestations islamistes des pro-Morsi, Frères musulmans en tête. Avant de mater récemment les rassemblements des mouvements libéraux et laïcs qui avaient mené la révolte de janvier 2011 dans la lignée des Printemps arabes.

Depuis, c'est l'engrenage meurtrier au pays des pyramides, le plus peuplé du monde arabe.

Plus d'un millier de partisans du président destitué ont été tués par policiers et soldats en sept mois, et plusieurs milliers de Frères musulmans arrêtés, dont la quasi-totalité de leurs leaders qui, à l'instar de M. Morsi, encourent la peine de mort dans divers procès.

Des dizaines de membres des forces de l'ordre ont aussi péri dans une recrudescence des attaques et attentats. Les plus meurtriers ont été revendiqués par un groupe jihadiste lié à Al-Qaïda mais le nouveau pouvoir les attribue aux Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections depuis la chute de Moubarak et désormais qualifiée d'"organisation terroriste".

"L'Egypte a connu ces sept derniers mois une série d'atteintes préjudiciables aux droits de l'Homme et des violences de la part de l'Etat, d'une ampleur sans précédent", a alerté jeudi Amnesty International qui dénonce une "trahison de toutes les aspirations (...) de la Révolution du 25-Janvier" 2011, notamment après l'arrestation récente de manifestants de mouvements libéraux et laïcs, dont des figures de proue de la révolte contre Hosni Moubarak.

Un signe ne trompe pas selon les observateurs: la police, dont les agissements brutaux en 30 années de régime Moubarak avaient largement déclenché la révolte de janvier 2011, semble revenir en odeur de sainteté.

Le 25 janvier marque la Journée nationale de la police et le gouvernement a lancé en grande pompe jeudi des célébrations en l'honneur de cette administration, un fait inédit en trois ans que les policiers ont déserté la rue souvent livrée à elle-même. Une cérémonie en la présence remarquée du général Sissi et vue par les experts comme une démonstration de force et d'une unité très rare entre l'armée et la police, à deux jours du 25 janvier.

"Discrédités, des éléments de l'ancien régime, ont capitalisé" sur les échecs du pouvoir que les Frères musulmans ont exercé un an, analyse Michael Hanna, un expert de l'Egypte au sein du groupe de réflexion Century Foundation, en visant en particulier les responsables du puissant ministère de l'Intérieur.

La crainte d'un retour à l'ancien régime agite depuis quelques semaines des intellectuels qui jusqu'alors ne s'étaient guère émus du sort des islamistes massacrés dans les manifestations. Une grande partie de la jeunesse non islamiste ne s'est pas déplacée au référendum constitutionnel des 14 et 15 janvier considéré comme un plébiscite pour le général Sissi, ce qui a conduit ce dernier, ainsi que plusieurs hauts responsables du gouvernement, à multiplier les promesses que le futur pouvoir ne sera pas "un retour à l'ancien régime".

Dans ce contexte, la journée de samedi, au cours de laquelle le gouvernement intérimaire prévoit plusieurs cérémonies pour commémorer la "Révolution du 25-Janvier", s'annonce lourde de périls.

L'alliance pro-Morsi emmenée par les Frères musulmans appelle à 18 jours de manifestations "pacifiques" pour commémorer les 18 jours de révolte qui ont poussé Hosni Moubarak à quitter le pouvoir le 11 février 2011.

Mais le gouvernement menace, le ministre de l'Intérieur promettant que la police "ripostera avec fermeté et force à toute tentative des Frères musulmans de saboter les cérémonies". Et il a pressé lui-même les partisans du pouvoir à manifester en masse samedi pour contrer "le plan des Frères musulmans de semer le chaos".

Par ailleurs, des responsables du gouvernement, et même de l'armée, annoncent à demi-mot depuis plusieurs jours que les manifestations pro-régime de samedi serviront aussi à légitimer encore un peu plus la très probable candidature du général Sissi à l'élection présidentielle promise pour 2014.

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