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Human Rights Watch : situation "très problématique" en Russie à la veille des JO

Human Rights Watch : situation "très problématique" en Russie à la veille des JO

La situation en matière de droits de l'Homme reste "très problématique" en Russie à la veille des JO de Sotchi qui s'ouvrent le 7 février, a déclaré mardi l'ONG Human Rights Watch (HRW), dénonçant notamment la montée des "violences homophobes".

"Les affaires Khodorkovski et Pussy Riot n'assombrissent plus les JO de Sotchi, mais la situation en matière de droits de l'Homme reste très problématique", a déclaré Tatiana Lokchina, de l'antenne moscovite de Human Rights Watch, dans un communiqué présentant un rapport annuel de l'ONG ayant son siège à New York.

Mikhaïl Khodorkovski, ex-magnat du pétrole et contradicteur du Kremlin, a été gracié en décembre par le président Vladimir Poutine après avoir passé plus de dix ans en prison.

Les deux jeunes femmes du groupe Pussy Riot condamnées à deux ans de prison pour avoir chanté en février 2012 une prière punk contre M. Poutine dans la cathédrale de Moscou ont été amnistiées fin 2013.

La libération de ces prisonniers emblématiques, dont les procès avait été vivement dénoncés par l'Occident, "ne vise qu'à améliorer l'image de la Russie en vue des jeux Olympiques" de Sotchi, a estimé Mme Lokchina, au cours d'une conférence de presse à Moscou.

Cela "ne veut pas dire qu'est venu le temps de la libéralisation", a-elle ajouté.

Selon l'ONG, "l'année 2013 a notamment été marquée en Russie par des attaques sans précédent contre les critiques du pouvoir, lancées en 2012".

L'application de la loi adoptée en 2012, qui oblige les ONG bénéficiant d'un financement étranger à s'afficher en tant qu'"agents de l'étranger" dans toute activité publique, a abouti à une "campagne de vérifications de masse qui a visé des centaines d'ONG dans le pays, et à des dizaines de procès".

L'adoption d'une loi pénalisant la propagande homosexuelle devant mineur "a été suivie de rhétorique homophobe dans les médias favorables au pouvoir, et d'une escalade de la violence homophobe", selon l'ONG.

Ainsi, des groupes "composés de nationalistes radicaux et de néonazis" ont fixé des rendez-vous à des hommes ou des adolescents sous des prétextes inventés, ont tabassé leurs victimes en les accusant d'être homosexuels et ont publié ensuite les vidéos de ces violences dans les réseaux sociaux.

Cette loi "discriminatoire et tout à fait inacceptable", juge Mme Lokchina, "restreint la liberté d'expression et porte atteinte à l'inviolabilité de la vie privée", souligne HRW.

L'ONG a également dénoncé une "campagne discriminatoire", pendant laquelle des centaines d'immigrés clandestins "non-slaves" ont été interpellés en juillet à Moscou.

Accompagnée d'un "discours xénophobe" dans les médias, cette campagne "a pratiquement contribué à une escalade de violences de la part des groupes ultranationalistes", selon HRW.

Après un mouvement de contestation sans précédent qui a éclaté en Russie à l'hiver 2011-2012, "le Kremlin tente de détourner la colère de la société vers des ennemis +désignés+" comme des les ONG indépendantes, les militants homosexuels et les immigrés, estime Mme Lokchina.

Par ailleurs, les républiques du Caucase du Nord proches de la Tchétchénie sont toujours le théâtre de "disparitions, tortures et exécutions extrajudiciaires dans le cadre des activités des forces de l'ordre qui visent à réprimer la rébellion" islamiste, poursuit le rapport.

"Tout en invitant des gens de tous les coins du monde aux jeux Olympiques, la Russie favorise de facto la discrimination et limite l'espace pour les activités civiles", ajoute HRW.

Aux yeux de Mme Lokchina, "la Russie veut jouir du prestige lié aux jeux Olympiques, mais ne souhaite pas prendre ses responsabilités".

"Ce que nous craignons le plus, c'est qu'après la fin des JO, quand le monde entier aura cessé de fixer la Russie du regard, les atteintes aux droits et aux libertés dans le pays ne fassent qu'augmenter", a-t-elle encore dit.

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