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Que veulent les acteurs de la "paralysie" de Bangkok?

Que veulent les acteurs de la "paralysie" de Bangkok?

Les manifestants thaïlandais participant à la "paralysie" de Bangkok réclament depuis plus de deux mois le départ du gouvernement de Yingluck Shinawatra.

Ils veulent la fin du "système Thaksin", en référence à Thaksin Shinawatra, Premier ministre chassé du pouvoir par un coup d'Etat en 2006, accusé de continuer à contrôler la politique via sa soeur Yingluck.

Un projet de loi d'amnistie, taillé sur mesure pour permettre le retour de Thaksin selon les manifestants, a été le point de départ du mouvement en octobre 2013.

Depuis, malgré le rejet de la loi par le Sénat, la colère a pris de l'ampleur et mis le gouvernement sur la sellette.

Les manifestants veulent mettre en place un "conseil du peuple", non élu, le temps de réformes avant toute élection, disent-ils, suscitant des doutes quant à leurs intentions démocratiques.

Le Parti démocrate, principale formation d'opposition, a lui annoncé qu'il boycottait les élections anticipées du 2 février.

La Thaïlande est divisée depuis des années entre deux tendances, souvent résumées à "chemises rouges" contre "chemises jaunes".

Les "chemises rouges", partisans du parti au pouvoir Puea Thai, réunissent globalement masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est du pays, fidèles à Thaksin. Ils cherchent pour l'instant à éviter les confrontations et ont manifesté lundi dans leurs fiefs.

Les manifestations des "chemises jaunes" ont été un élément clé du coup d'Etat contre Thaksin en 2006 et elles ont également aidé à chasser du pouvoir deux chefs de gouvernement pro-Thaksin en 2008.

L'organisation n'est plus vraiment active, même si on retrouve certains de ses anciens membres dans les actuelles manifestations. Ils sont traditionnellement alliés au Parti démocrate, rassemblant les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal.

On retrouve parmi les manifestants des ultra-royalistes comme "l'Armée du peuple pour renverser le régime Thaksin", mais aussi des représentants de la classe moyenne ou de cultivateurs d'hévéas du sud, fief des Démocrates.

1. Répression comme en 2010: mais le gouvernement ne semble pas vouloir avoir recours à la force, comme quand le gouvernement démocrate avait envoyé l'armée contre les "chemises rouges" (bilan: plus de 90 morts).

2. Elections reportées: la Première ministre a appelé à des élections législatives anticipées le 2 février. Mais l'opposition boycotte le scrutin. Yingluck pourrait repousser les élections, mais sans doute pas d'autant de mois que le souhaitent ses opposants.

3. Coup d'Etat militaire, comme en 2006. Un scénario qui n'a rien d'exceptionnel dans un pays qui a connu 18 coups d'Etat ou tentatives depuis 1932. Pour l'heure, l'armée souffle le chaud et le froid, le puissant chef de l'armée de terre jugeant cette porte "ouverte".

4. Coup d'Etat judiciaire comme en 2008: la Cour constitutionnelle avait alors dissout le parti du Premier ministre Somchai Wongsawat, beau-frère de Thaksin, forcé à la démission, en un "coup judiciaire" qui avait permis aux Démocrates d'arriver au pouvoir.

Plusieurs centaines d'élus, dont une grande partie de députés du Puea Thai candidats aux législatives, sont aujourd'hui menacés de poursuites pour avoir tenté d'amender la Constitution. Ils risquent d'être interdits de vie politique pendant cinq ans.

Yingluck est également menacée par une enquête pour corruption à propos du programme de subventions aux riziculteurs.

dr-dth/abd/abk

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