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La justice grecque semble pressée de neutraliser les néonazis d'Aube dorée

La justice grecque semble pressée de neutraliser les néonazis d'Aube dorée

Le placement en détention provisoire ce week-end de trois nouveaux députés d'Aube dorée, dont un tiers des parlementaires sont maintenant incarcérés, montre la détermination de la justice a accélérer le pas dans l'enquête sur les agissements du parti néonazi grec.

Moins de quatre mois après l'assassinat au couteau d'un musicien antifasciste près d'Athènes par un membre présumé d'Aube dorée, drame qui a fait déborder le vase des agressions d'Aube dorée, neuf de ses 18 députés sont actuellement inculpés.

Trois d'entre eux, dont le fondateur et chef du parti Nikos Michaloliakos, et son bras droit Christos Papas, sont en détention provisoire depuis début octobre, inculpés de participation "à une organisation criminelle", infraction passible de dix ans de réclusion.

Samedi, deux autres les ont rejoints, Giorgos Germenis et Panayiotis Iliopoulos, puis un troisième dimanche, Stathis Boukouras. Ils sont inculpés également de crime.

Panayiotis Iliopoulos et Georges Germenis sont aussi accusés d'usurpation du pouvoir et destruction de biens d'autrui après des attaques en septembre 2012 contre des vendeurs immigrés dans la banlieue d'Athènes.

"Nous sommes sur la bonne voie (...) il semble que la procédure judiciaire s'accélère, il y a une certaine pression vu la conjoncture politique", a estimé auprès de l'AFP, Dimitris Christopoulos, universitaire et responsable de la Ligue des droits de l'Homme.

Ayant agi dans la quasi-impunité depuis plusieurs années, ce qui lui a permis entrer au parlement pour la première fois lors des dernières législatives en juin 2012, Aube dorée présente un vrai danger sur l'échiquier politique, selon des analystes.

Les récents sondages montrent que le parti recueille jusqu'à 10% des intentions de vote, en troisième position derrière le parti de la gauche radicale Syriza et la Nouvelle-Démocratie (droite) du Premier ministre Antonis Samaras.

"La justice est déterminée à neutraliser et rendre inactif ce parti car son fonctionnement a dépassé les limites, même selon l'avis des plus conservateurs", note Sophie Vidalis, criminologue à l'Université de Thrace.

L'universitaire estime que "la conjoncture politique facilite la tâche des juges", surtout après le feu vert donné M. Samaras lui-même, qui s'était engagé quelque jours après l'assassinat de l'antifasciste Pavlos Fyssas à éradiquer "cette honte (Aube dorée)" tout en respectant "les principes démocratiques de la constitution".

Fin octobre, après l'assassinat de deux membres d'Aube dorée près d'Athènes par des inconnus, M. Samaras avait promis aussi "une lutte sans relâche" contre la violence politique.

Le ministre de la Justice, Haralambos Athanassiou, a déclaré la semaine dernière que "l'enquête sur Aube dorée se poursuit à un rythme très soutenu".

En décembre, des médias grecs ont publié des documents de l'instruction, photos des élus d'Aube dorée, maniant des armes, faisant le salut nazi, ou lançant des propos racistes ou antisémites. On y voit le porte-parole du parti Ilias Kasidiaris manier une Kalachnikov ou effectuer le salut nazi aux côtés d'autres militants.

"La difficulté est d'établir le lien entre les inculpations prononcées et les actes présumés", souligne M. Christopoulos, faisant allusion à M. Kasidiaris, placé en liberté conditionnelle alors qu'il est inculpé pour "participation à une organisation criminelle".

"Le fil d'Ariane commence à se dérouler" estime-t-il, après que Stathis Boukouras, possible "cheval de Troie" selon lui, a exprimé son intention de donner des détails sur le fonctionnement du parti. Ce député a été incarcéré dans le sud du pays et non à Athènes comme les autres.

Par ailleurs, deux membres présumés d'Aube dorée sont actuellement jugés pour l'assassinat d'un Pakistanais en janvier 2013, procès qui "va également amener à de nouvelles révélations", prédit M. Christopoulos.

Accusant la justice de "persécution politique", les membres d'Aube dorée ont nié que leur parti soit "néonazi" ou s'en prenne aux migrants.

Me Alexis Kougias, avocat de M. Boukouras, accuse "le politique et le judiciaire d'être étroitement mêlés" dans ces affaires. Selon lui, "la Grèce se dirige tout droit vers une crise démocratique".

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