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Au Soudan du Sud, les ONG s'efforcent d'aider les déplacés toujours plus nombreux

Au Soudan du Sud, les ONG s'efforcent d'aider les déplacés toujours plus nombreux

En longues files, les femmes attendent qu'on leur donne de l'eau purifiée après avoir été pompée du Nil boueux. Au Soudan du Sud, les organisations humanitaires intensifient leurs efforts pour aider les civils fuyant les combats, toujours plus nombreux.

"Les enfants sont malades. (...) Ils dorment dehors, mangent de la mauvaise nourriture et boivent directement l'eau du fleuve", s'inquiète Mary Acouth, qui a fui lorsque des soldats mutins alliés à une milice ont attaqué et incendié son village, sur l'autre rive.

Quelque 400.000 personnes ont dû fuir leurs foyers en un mois de combats entre armée gouvernementale et rebelles. Environ 350.000 se trouvent toujours au Soudan du Sud, les autres se sont réfugiés dans les pays voisins.

Plus de 60.000 des déplacés s'entassent dans les bases de la mission des Nations unies (Minuss), trop effrayés pour abandonner la précaire sécurité fournie par les barbelés et les fusils des Casques bleus.

A Minkamman, le plus grand regroupement de déplacés selon l'ONU, ils sont 84.000 à se reposer à l'ombre des arbres après avoir traversé les marais du Nil Blanc en évitant les balles. La plupart ne possèdent plus que les vêtements qu'ils portent.

L'ONG Oxfam a été une des premières à organiser l'aide aux arrivants à Minkamman, installant un bureau de fortune sous un petit toit de chaume soutenu par des poteaux.

Un générateur petit mais bruyant fournit de l'électricité pour alimenter, pendant une brève période chaque jour, les ordinateurs et les téléphones des travailleurs humanitaires.

Ces derniers, comme beaucoup de déplacés alentour, dorment sous des tentes sommaires ou de simples moustiquaires, pour éloigner les nuées d'insectes qui infestent les berges boueuses.

"Le principal problème est de fournir de l'eau à ce grand nombre de personnes. (...) Il y a le Nil, mais bien sûr l'eau n'est pas potable, donc le défi est de la purifier", et "il n'y a pas d'installations sanitaires ici, donc il y a un risque de choléra", explique Ferran Puig, directeur local d'Oxfam.

Oxfam a réussi à installer un système de filtration d'eau du fleuve.

Beaucoup de déplacés sont profondément traumatisés après avoir fui les violents combats dévastant la ville de Bor, la dernière ville d'importance encore aux mains des rebelles.

Et des bateaux chargés de fuyards continuent d'arriver chaque matin.

Le Soudan du Sud est en guerre depuis le 15 décembre, lorsque des affrontements ont éclaté entre des unités de l'armée loyale au président Salva Kiir et d'autres unités soutenant l'ancien vice-président Riek Machar.

Le moral des forces gouvernementales est au beau fixe depuis qu'une partie d'entre elles a repris vendredi aux rebelles la stratégique ville pétrolière de Bentiu, dans le nord.

Mais le chef des opérations humanitaires des Nations unies au Soudan du Sud, Toby Lanzer, a parlé d'une "catastrophe humanitaire en cours" dans le jeune pays.

Selon l'ONU, les violences ont fait "beaucoup plus" que les 1.000 morts jusque-là annoncés.

Selon un analyste de l'International Crisis Group, un groupe de réflexion indépendant, l'intensité des combats en une trentaine d'endroits fait plutôt craindre un bilan "approchant les 10.000 morts".

Des camions chargés de céréales et de fournitures de base se succèdent, parcourant de mauvaises pistes depuis la capitale Juba, la plupart siglés du Comité international de la Croix-rouge (CICR).

"Beaucoup ont fui sans pouvoir emporter leurs biens. (...) Ce qui importait, c'était de partir", déplore Harry Chilufya Mwewa, du CICR, en supervisant le déchargement de lourds sacs de sorgho et leur attribution aux familles.

Des bâches de plastique pour monter des abris, des moustiquaires, des seaux, de l'huile, du sel et du savon sont également distribués.

"Les gens n'ont rien. (...) Ils n'ont pas de nourriture, pas de matériel pour faire des abris", constate-t-il, et avec les fournitures données par le CICR, les familles déplacées ont au moins une chance de prendre "un nouveau départ".

Les humanitaires planifient déjà l'aide aux populations dans les mois à venir, lorsque la saison sèche aura pris fin et que le pays sera battu par des pluies torrentielles.

"C'est la saison sèche, donc nous arrivons à déplacer pas mal de matériel par camion", indique M. Lanzer.

Qui s'inquiète: "Lorsque la pluie arrivera, si la situation reste telle qu'elle est, nous serons obligés de quasiment tout déplacer par les airs ou sur le Nil. Mais le fleuve est précisément là où se concentrent les hostilités aujourd'hui".

pjm/mba/de/jpc

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