Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Aitzaz Hassan, nouveau héros du Pakistan pour son sacrifice dans un attentat

Aitzaz Hassan, nouveau héros du Pakistan pour son sacrifice dans un attentat

Après Malala Yousafzaï, la jeune icône de l'éducation attaquée par les talibans, le Pakistan se passionnait vendredi pour un nouveau "héros" : Aitzaz Hassan, un adolescent qui a sauvé la vie de ses camarades en se jetant sur un kamikaze bardé d'explosifs qui allait attaquer son école.

Aitzaz, un ado rondouillard de 15 ans, avait intercepté lundi un kamikaze qui s'apprêtait à perpétrer un attentat dans son école fréquentée par près de 1.000 étudiants dans la ville chiite d'Ibrahimzai située dans le district de Hangu de la province du Khyber Pakhtunkhwa, bastion taliban dans le nord-ouest.

Le kamikaze avait été contraint de se faire exploser à 150 mètres de l'école épargnant ainsi tous les élèves et les professeurs de l'établissement à l'exception d'Aitzaz, propulsé héros posthume pour son sacrifice.

Ce jour-là, Aitzaz avait peut-être rendez-vous avec son "destin". Arrivé en retard il avait été tenu à l'écart de ses premiers cours, à l'extérieur de l'école, ce qui lui a permis de voir le kamikaze s'approcher des lieux et de se jeter sur lui.

"Il voulait devenir médecin, mais ce n'était pas la volonté de Dieu", a confié à l'AFP son cousin, Mudassir, décrivant un étudiant à la fois brillant et compétitif.

Le chef de la police du Khyber Pakhtunkhwa, province la plus touchée par les attentats des talibans et située à la frontière de l'Afghanistan, Nasir Khan Durrani, a écrit jeudi soir aux autorités pour demander que Aitzaz reçoive à titre posthume les plus hauts honneurs pour un civil au Pakistan.

"Aitzaz Hassan a sacrifié sa vie et stoppé le kamikaze avec bravoure et courage... Il a sauvé la vie de centaines d'étudiants innocents", souligne la lettre consultée par l'AFP.

La presse pakistanaise faisait aussi l'éloge vendredi de cet adolescent dont le courage a été comparé à celui de Malala Yousafzaï, jeune militante pour le droit à l'éducation rescapée en octobre 2012 d'un attentat des talibans dans le nord du pays.

"Nous ne devons jamais oublier Aitzaz et ceux comme lui - civils et militaires - qui ont sacrifié leur vie dans le combat contre les insurgés", soulignait le grand quotidien Dawn en éditorial.

"L'Etat doit envoyer un message de condoléances à la famille de ce jeune homme et lui offrir toute l'assistance possible. Ceux au pouvoir devraient apprendre une leçon ou deux de ce jeune étudiant sur le courage de se tenir debout contre les extrémistes", concluait le journal alors que plusieurs internautes sur les médias sociaux saluaient la mémoire de ce jeune "héros" de l'ombre.

"Aitzaz Hassan est la fierté du Pakistan. Il faut au moins lui donner une médaille" posthume, a ainsi réagi sur Twitter l'ex-ambassadrice pakistanaise à Washington, Sherry Rehman, une des figures les plus influentes de l'opposition.

"Aitzaz nous rend fiers car il a vaillamment intercepté le kamikaze et sauvé la vie de centaines de collègues", a confié à l'AFP son père, Mujahid Ali Bangash. "Je suis fier de savoir que mon fils s'est sacrifié pour une cause noble", a-t-il ajouté, affirmant recevoir encore de nombreux messages de condoléances.

Le district de Hangu, théâtre de cet attentat, est considéré comme une des zones sensibles du Khyber Pakhtunkhwa car limitrophe des zones tribales, repaire par excellence dans la région des talibans et d'autres groupes liés à Al-Qaïda, qui est régulièrement bombardé par les drones américains.

L'attentat déjoué par Aitzaz visait par ailleurs une école chiite, minorité musulmane représentant environ 20% de la population de ce géant de 180 millions d'habitants qui est la cible d'attentats de groupes sunnites radicaux.

Le Pakistan saluait aussi le courage de Chaudhry Aslam, le "super-policier" à la tête des opérations anti-terroristes dans la métropole économique Karachi (sud), au lendemain de son meurtre dans un attentat suicide revendiqué par les talibans.

bur-gl/ml

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.