Le parquet de Casablanca a annoncé dimanche l'ouverture d'une enquête contre un cheikh salafiste qui a accusé un responsable d'opposition "d'apostasie" pour avoir appelé à interdire la polygamie au Maroc.
"Après les déclarations d'Abdelhamid Abounaïm qui portent atteinte à des formations organisées, une enquête sera ouverte", a annoncé le parquet dans un communiqué.
Il y a quelques jours, Driss Lachgar, le chef du parti de l'Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition) a appelé à interdire la polygamie et à ouvrir un débat sur la part d'héritage des femmes, de moitié inférieure à celle des hommes.
Abdelhamid Abounaïm, un cheikh salafiste a diffusé dans la foulée une vidéo fustigeant les propos de M. Lachgar et l'accusant "d'apostasie".
La réforme du code de la famille menée par le roi Mohammed VI en 2004 a rendu la polygamie plus difficile mais ne l'a pas interdite: elle requiert désormais l'accord des autres épouses et une autorisation du tribunal.
Cette affaire a été largement commentée dans la presse marocaine ces derniers jours, et évoquée lors du point de presse hebdomadaire tenu jeudi à l'issue du conseil de gouvernement, emmené depuis deux ans par les islamistes du Parti justice et développement (PJD).
"Le cheikh a osé excommunier Driss Lachgar parce qu'il avait appelé à la révision des dispositions de la charia (loi islamique), à la lumière des normes de référence relatives aux droits de l'Homme. (...) On ne peut pas laisser passer cette affaire sous silence, une mobilisation s'impose", a estimé vendredi dans un éditorial le quotidien indépendant Akhbar al-Youm.
"M. Lachgar est un musulman (...). La différence d'opinion ne conduit pas à l'athéisme comme le prétendent certains", a ajouté le quotidien.
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