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Les élections en Thaïlande à l'épreuve de la "révolution lente"

Les élections en Thaïlande à l'épreuve de la "révolution lente"

L'opposition en Thaïlande a annoncé son retour massif dans les rues de Bangkok le 13 janvier: un repli temporaire stratégique, afin d'être en pleine forme pour perturber les législatives du 2 février et faire aboutir sa "révolution lente" lancée il y a plus de deux mois.

Alors que les Thaïlandais s'attendaient à une reprise des manifestations cette semaine, après une pause pour cause de nouvel an, le tonitruant meneur des manifestants, Suthep Thaugsuban, les a pris de court en ajournant son "shutdown", ou bouclage, de la capitale.

"Notre vrai jour d'action sera le 13 janvier (...). Nous allons bloquer tout Bangkok, vous pouvez bloquer vos provinces. Le gouvernement ne pourra plus travailler, ce sera la fin du jeu", a-t-il lancé mercredi devant ses partisans.

"Le problème aujourd'hui en Thaïlande, c'est que nous avons atteint le stade d'une guerre civile imminente, qui avance lentement", analyse Paul Chambers, directeur de recherche à l'université de Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande.

Le lendemain de l'annonce de Suthep, la Bourse de Thaïlande a chuté de plus de 5%, à sa réouverture après les fêtes du nouvel an. Et la monnaie nationale, le baht, a atteint son plus bas niveau depuis près de quatre ans.

Mercredi 1er janvier, la Première ministre Yingluck Shinawatra avait pourtant été reçue par le conseiller principal du roi, le général Prem Tinsulanonda, comme si de rien n'était.

Comme le veut la tradition en ce premier jour de l'an, elle était accompagnée des plus hauts responsables de l'armée, dont le puissant chef de l'armée de terre, Prayuth Chan-O-Cha. Celui-là même qui avait suscité la polémique quelques jours plus tôt en affirmant que la porte restait "ouverte" à un coup d'Etat.

Suthep et ses manifestants prévoient de perturber au maximum la vie de la capitale à partir du 13 janvier.

"Ils utilisent ce délai pour apporter des vivres, coordonner les groupes de manifestants et trouver un accord avec l'armée et les forces royalistes", assure Paul Chambers.

De plus, dans l'intervalle, les manifestants restent actifs, avec un noyau dur à Bangkok mais surtout dans le sud du royaume, fief de l'opposition, où cette semaine, ils ont bloqué l'enregistrement des candidatures aux législatives.

Dans le même temps, les préparatifs électoraux ont avancé, à moins d'un mois de ces législatives anticipées, malgré l'annonce de leur boycott par la principale formation d'opposition, le Parti démocrate.

La campagne du parti au pouvoir, le Puea Thai, débutait ainsi samedi, avec un grand meeting près de Bangkok.

"Tenez-vous en aux règles, afin de préserver la démocratie, respectez la décision du peuple", pouvait-on lire sur les affiches électorales du Puea Thai apparues dans les rues de Bangkok, sous une photo de sa tête de liste Yingluck.

Mais malgré cette apparente normalité et le sourire de la Première ministre sur ses affiches de campagne, la situation reste tendue.

Et tenace la haine qu'inspire chez une partie de la population le "régime Thaksin", du nom du frère de Yingluck, lui-même ex-Premier ministre, chassé par un coup d'Etat en 2006, mais qui continue malgré son exil de régner à travers elle, selon l'opposition.

Cette dernière a promis de redescendre dans la rue dès dimanche, un avant-goût de la grande opération de bouclage de la capitale lundi 13 janvier.

Alors que depuis novembre les violences ont fait huit morts et des centaines de blessés, le but est clairement affiché: créer un chaos tel que les élections devront être ajournées.

Fin décembre, des jusqu'au-boutistes avaient pris d'assaut le stade où étaient enregistrées les candidatures aux législatives à Bangkok, forçant la commission électorale à fuir par hélicoptère.

Ils ont aussi occupé des ministères et coupé l'électricité au siège de la police, faisant prendre au sérieux par de nombreux habitants les menaces de "shutdown", avec fermeture des voies d'accès à la mégalopole de 12 millions d'habitants, sans aller jusqu'à bloquer les aéroports comme ils l'avaient fait en 2008.

Même si Suthep, le meneur des manifestants, a déjà annoncé plusieurs fois "le jour de la victoire", il a aussi démontré sa capacité à mobiliser, jusqu'à plus de 150.000 personnes par jour.

dth/abd/pt

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