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Des champions aux commotions

Des champions aux commotions

Un été mouvementé dans la NFL et un automne exaltant où les records offensifs qui ont été pris d'assaut font presque oublier le jour de février où les Ravens de Baltimore ont remporté un deuxième championnat.

Un texte de Olivier Paradis-Lemieux

Même au lendemain du 47e Super Bowl, le match était en partie obscurci par la longue panne de courant qui a affecté le Superdome de La Nouvelle-Orléans au 3e quart. Une interruption de 35 minutes qui a été suivie par une remontée des 49ers de San Francisco.

Avant la pause imprévue, les Ravens menaient 28-6. À la fin du quart, l'avance n'était plus que de 28-23. Baltimore s'est toutefois accrochée pour l'emporter 34-31 et mettre la main sur un deuxième trophée Vince Lombardi en 12 ans. Un seul joueur était en uniforme pour les deux championnats, le coeur et l'âme de la formation du Maryland : Ray Lewis.

Le secondeur avait galvanisé ses coéquipiers à l'approche des éliminatoires lorsqu'il a annoncé qu'il prendrait sa retraite au terme de la saison.

Devenu analyste au réseau ESPN, Ray Lewis a avancé à l'automne que Roger Goodell était derrière la panne. Son influence sur ses anciens coéquipiers s'est fait sentir quand quelque temps après sa sortie, Terrell Suggs a joint sa voix à celle de Lewis.

Le commissaire de la NFL a bien des pouvoirs. Restons sceptiques sur sa volonté de plonger dans le noir l'évènement sportif le plus regardé aux États-Unis.

Après l'extase de février, les Ravens sont revenus brutalement sur terre à l'automne.

Outre Lewis, sept autres partants en défense ont quitté la formation avant le début de la saison 2013-2014. La défense baltimorienne a pris du temps avant de trouver ses repères, mais l'attaque des champions, elle, n'a jamais réussi à retrouver son rythme de l'hiver.

Le quart-arrière Joe Flacco a signé une imposante prolongation de contrat de 120 millions de dollars pour 6 ans au printemps. Un cadeau de remerciement de la direction pour sa performance sans faute pendant les éliminatoires. Mais Flacco est redevenu un quart moyen à l'automne pendant que le porteur étoile Ray Rice a perdu toute sa lumière.

Éliminés lors de la dernière semaine d'activités, les Ravens ne pourront défendre leur titre le 2 février 2014, au New Jersey.

L'automne de Manning (Peyton, pas Eli)

Les deux frères Manning ont connu une année aux antipodes. Pendant que Peyton battait les records de passeur pour une saison, Eli flirtait avec ceux de la médiocrité.

Le quart des Broncos avait réussi 49 passes de touché en 2004. Trois ans plus tard, Tom Brady lui avait subtilisé son record d'un majeur. Cette fois, Manning a mis tout le monde à distance avec 55 majeurs en plus d'établir la marque pour le plus grand nombre de verges par la voie des airs avec 5477.

L'attaque explosive de Denver a marqué les esprits dès le premier match de la saison. Manning a amassé sept passes de touché sans être intercepté une seule fois. Cette rencontre avait une saveur de revanche, puisque les adversaires des Broncos étaient les Ravens, qui les avaient battus en double prolongation, en janvier.

D'une certaine manière, Denver a enlevé le mauvais match. Et s'il y a une chose à retenir de la saison de Manning et des Broncos, c'est qu'ils n'ont pas gagné les affrontements significatifs.

En plus de la défaite en éliminatoires, Manning s'est incliné contre son rival de toujours (Tom Brady), ainsi qu'à son grand retour à Indianapolis.

Malgré des statistiques impressionnantes, 2013 aura une saveur d'échec pour le pivot des Broncos si 2014 ne s'amorce pas par une deuxième conquête du trophée Lombardi.

Des déceptions, des surprises

Avec les Giants, Eli Manning a lancé 27 interceptions, New York a perdu ses 6 premiers duels et a raté les éliminatoires pour une deuxième année d'affilée après leur victoire au Super Bowl XLVI, en 2012.

Il n'est pas le seul à avoir connu des difficultés en 2013.

Les Texans de Houston avaient montré le 4e meilleur dossier de la ligue en 2012. Ils ont conclu 2013 au dernier échelon avec seulement deux victoires. Mince consolation, ils obtiennent le premier choix au prochain repêchage. La pression sera forte pour que l'état-major de Houston sélectionne un quart. Les supporteurs de l'équipe ont brutalement tourné le dos à Matt Schaub au cours de la campagne.

Les Falcons d'Atlanta sont passés à un seul jeu de battre les 49ers et d'accéder au tour décisif. Ils n'ont triomphé qu'à quatre reprises depuis, minés par une épidémie de blessures à des joueurs-clés.

Au rang des surprises, il faut souligner l'étonnante saison des Panthers de la Caroline. Leur défense de fer leur a permis de gagner leur division devant les Saints de La Nouvelle-Orléans, qui saluaient le retour de Sean Payton à la tête de l'équipe.

Bien des observateurs s'attendaient à un revirement de situation de la part des Chiefs de Kansas City, mais personne ne pouvait prévoir qu'elles soient la dernière formation à connaître la défaite. Malheureusement pour les Chiefs, ils arrivent en janvier en ayant perdu cinq de leurs sept dernières confrontations.

Des faits divers aux faits scientifiques

Hors du terrain, l'affaire Aaron Hernandez aura retenu l'attention cet été.

Le 17 juin, le corps d'Odin Lloyd, un joueur de football semi-professionnel, est retrouvé à moins de deux kilomètres de la résidence de Hernandez. La police traite l'affaire comme un homicide. Rapidement, l'ailier rapproché des Patriots passe de témoin potentiel à suspect principal. Les médias américains forment une vigile permanente devant la maison d'Hernandez. Ses moindres gestes sont épiés, ses moindres déplacements suivis.

Le 26 juin, il est accusé du meurtre de Lloyd, puis promptement libéré par l'organisation.

Si Hernandez n'a pas évité la cour, la ligue, elle, a réussi à s'y dérober dans une tout autre affaire.

Quelques jours avant le début de la campagne, la NFL en est venue à un règlement à l'amiable avec 4500 anciens joueurs qui la poursuivaient à propos de sa gestion du dossier des commotions cérébrales.

La ligue a acheté la paix, à fort prix... ou à rabais. Le montant de 765 millions de dollars que la NFL s'engage à débourser pour des examens médicaux, des compensations liées aux commotions et de la recherche médicale, impressionne.

Mais dans l'économie du football américain professionnel qui engrange approximativement neuf milliards de dollars américains par année, ces millions font pâle figure.

De plus, si on calcule la part qui revient à chacun, l'entente équivaut à un maigre 170 000 $ par joueur lié à la poursuite.

La ligue a subi un deuxième choc quand le documentaire League of Denial a exposé avec quelle vigueur elle avait combattu les faits scientifiques sur les commotions.

Le débat sur les traumatismes au cerveau liés au sport n'est pas près de s'estomper, malgré les millions distribués en 2013.

En excluant les éliminatoires de janvier, 146 commotions ont été officiellement répertoriées cette année parmi les joueurs de la NFL, selon le site Internet de Frontline, qui a produit le documentaire League of Denial.

Cela équivaut à 8 % des 1696 joueurs de la NFL. Et ce ne sont que celles qui sont dans les rapports officiels de l'équipe. Combien d'autres sont cachées et ne figurent nulle part? Qu'est-ce que la ligue sait vraiment au sujet de cette épidémie silencieuse?

En évitant de répondre à cette question lors d'un éventuel procès, la direction de la ligue sort gagnante de l'année 2013.

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