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A Berlin, la toute nouvelle coalition se crêpe déjà le chignon

A Berlin, la toute nouvelle coalition se crêpe déjà le chignon

Le nouveau gouvernement allemand d'Angela Merkel a mis trois mois à se former, et à peine investi de nombreux sujets de friction apparaissent entre les partenaires de coalition, conservateurs et sociaux-démocrates.

Salaire minimum, retraites, péage autoroutiers: sur ces épineux sujets les sociaux-démocrates (SPD) et les Unions chrétiennes (CDU/CSU) d'Angela Merkel, qui ont décidé de gouverner ensemble les quatre prochaines années, ont eu toutes les peines du monde à se mettre d'accord. Pour arriver à ficeler un programme de gouvernement, certaines formulations sont restées délibérément vagues, remettant l'élaboration des détails à plus tard.

Résultat, deux semaines après l'investiture du troisième gouvernement Merkel, la trêve des confiseurs est l'occasion d'échanges acerbes par voie de presse interposée - et laisse présager des temps houleux pour la "grande coalition" droite/centre-gauche.

Les conservateurs de Mme Merkel ont consenti à contre-coeur à l'instauration d'un salaire minimum pour tous de 8,50 euros bruts de l'heure, revendication centrale du SPD.

Mais là où les sociaux-démocrates veulent qu'il s'applique à terme vraiment à tous, la droite discute déjà de possibles exceptions et exemptions. Horst Seehofer, chef de file des conservateurs bavarois (CSU), veut exclure du champ de la future loi travailleurs saisonniers, stagiaires et retraités.

"Sans salaire minimum il n'y aurait pas de grande coalition", s'est empressée de répliquer la nouvelle ministre du Travail, la sociale-démocrate Andrea Nahles.

Le SPD a aussi réussi à faire inscrire dans le contrat de coalition un assouplissement du passage progressif à 67 ans de l'âge d'entrée à la retraite des Allemands. Il devra être possible à l'avenir de prendre sa retraite dès 63 ans, si on a cotisé suffisamment longtemps. Mais là aussi, les détails concrets donnent déjà lieu à un crêpage de chignon en règle.

Les années de chômage doivent-elles compter dans le calcul des annuités de cotisation, et si oui, combien? Cinq ans sont "le maximum", ont fait savoir les conservateurs. Le contrat de coalition ne prévoit aucun plafonnement, rétorque le SPD.

Son président, le nouveau ministre de l'Economie Sigmar Gabriel, a appelé dans un entretien à Die Welt samedi à "faire tout simplement comme nous l'avons négocié et décidé".

Mais justement, tout est loin d'avoir été décidé au-delà de grands accords de principe. C'est le cas d'un péage pour les automobilistes sur les autoroutes, imposé par la CSU bavaroise à ses partenaires, malgré l'opposition d'Angela Merkel, mais dont les contours ont été laissés dans le flou.

Ce péage ne devra pas constituer un nouvel impôt pour les automobilistes allemands, mais pas non plus enfreindre le droit européen en ne taxant que les étrangers. Une quadrature du cercle quasiment irréalisable, a estimé dans la presse dominicale Thomas Oppermann, chef de file du groupe parlementaire SPD.

SPD et CSU, que presque tout sépare, sont assurés de se voler dans les plumes plus d'une fois dans les mois à venir. La discussion sur le traitement à réserver aux Bulgares et aux Roumains migrant vers l'Allemagne en donnait un avant-goût samedi. "Populisme", discussion "plate et peu objective": la demande de la CSU de mieux contrôler les arrivants a été très mal accueillie par la nouvelle secrétaire d'Etat aux Migrations, la sociale-démocrate Aydan Özoguz.

Pourtant, même si les discussions s'annoncent parfois enflammées, les partenaires de coalition ont tout intérêt à s'entendre. Chacun d'eux "a réussi à imposer un sujet qui lui tenait à coeur", faisait valoir le Frankfurter Rundschau samedi, évoquant le péage cher à la CSU, le salaire minimum pour les sociaux-démocrates et le refus de hausses d'impôts de la CDU. "Aucun ne peut remettre en question un sujet cher aux autres sans faire vaciller l'équilibre de l'accord à trois".

mtr/fjb/emb

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