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Khodorkovski, l'oligarque déchu: 10 ans dans les prisons de Poutine

Khodorkovski, l'oligarque déchu: 10 ans dans les prisons de Poutine

Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron milliardaire du groupe pétrolier Ioukos, considéré alors comme l'un des patrons les plus doués du pays, aura été le prisonnier le plus célèbre de Russie pour avoir osé tenir tête à Vladimir Poutine.

Détenu pendant un peu plus de dix ans à la suite de deux condamnations, M. Khodorkovski a été libéré vendredi, après la publication d'un décret de grâce signé par le président Vladimir Poutine, et est parti pour l'Allemagne où sa mère est soignée d'un cancer.

M. Khodorkovski avait auparavant toujours refusé de présenter une demande en grâce et de reconnaître sa culpabilité.

Considéré un temps comme l'homme le plus riche de Russie, et l'un des plus influents, il a été condamné en 2005 à huit ans de camp pour "escroquerie et fraude fiscale", une peine portée à 14 ans à l'issue d'un deuxième procès en 2010 pour "vol de pétrole et blanchiment" de 23,5 milliards de dollars.

La peine a ensuite été réduite à 11 ans.

Pour les défenseurs des droits de l'homme et de nombreux observateurs étrangers, Mikhaïl Khodorkovski, aujourd'hui âgé de 50 ans, a été la victime d'un règlement de comptes organisé par Vladimir Poutine. Condamné pour avoir affiché son indépendance et ses ambitions politiques, il est devenu le symbole de la dérive autoritaire de la Russie.

Mais jusqu'à ce qu'il décide de le gracier, pour Vladimir Poutine Mikhaïl Khodorkovski est un escroc : "La place d'un voleur est en prison", a répété à maintes reprises le président russe, en soulignant que ses "crimes" avaient été "prouvés".

M. Poutine l'a également accusé d'avoir du sang sur les mains, le comparant à la fois au mafieux Al Capone et au financier véreux américain Bernard Madoff.

La carrière de cet homme aux fines lunettes et aux cheveux très courts résume la destinée des oligarques russes, ces nouveaux capitalistes qui ont profité des privatisations opaques menées dans les années 1990.

Issu d'une modeste famille moscovite d'ingénieurs, Mikhaïl Khodorkovski fait des études de chimie et d'économie avant de se lancer dans les affaires. A l'époque soviétique, ce jeune homme ambitieux est membre des Jeunesses communistes (Komsomol) et tisse des liens dans les instances du parti unique.

Avant même la chute de l'URSS (décembre 1991), il fonde à 26 ans la banque Menatep qui lui permet de prendre le contrôle dans des conditions opaques de la compagnie pétrolière Ioukos. Il occupe en outre brièvement le poste de ministre de l'Energie en 1993.

Au début des années 2000, Mikhaïl Khodorkovski change de stratégie et devient le premier oligarque en Russie à opter pour une gestion à l'occidentale, devenant un modèle pour les investisseurs.

Il envisage alors un mariage entre Ioukos et la major américaine ExxonMobil, aide financièrement l'opposition russe et injecte des millions dans des programmes de soutien à la société civile.

Porté par le boom du marché pétrolier, Ioukos devient le numéro un du secteur en Russie et Mikhaïl Khodorkovski la plus grosse fortune du pays, avec quelque 15 milliards de dollars, selon le magazine Forbes.

Début 2003, une rencontre au Kremlin entre une vingtaine d'oligarques et le président Poutine tourne à l'orage.

Mikhaïl Khodorkovski, le seul à cette réunion à être sans cravate, appelle à agir contre la corruption au sommet de l'Etat et cite nommément des proches de M. Poutine.

Ce dernier réplique : "M. Khodorkovski, êtes-vous sûr d'être en règle avec le fisc ?".

Le 25 octobre de la même année, Mikhaïl Khodorkovski est arrêté, inculpé d'escroquerie de grande ampleur et d'évasion fiscale. D'abord mis en garde par l'arrestation de son associé Platon Lebedev, il a refusé de s'exiler à l'étranger.

Après deux procès et dix ans passés derrière les barreaux, il devait sortir de prison en août 2014, à l'expiration de sa peine.

Le parquet avait évoqué début décembre la perspective d'un nouveau procès, avec à la clef une possible prolongation de sa peine.

bfi/lpt/mr

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