Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Visite surprise en Centrafrique de l'ambassadrice américaine à l'ONU (source diplomatique)

Visite surprise en Centrafrique de l'ambassadrice américaine à l'ONU (source diplomatique)

L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Samantha Power, est arrivée jeudi à Bangui pour une visite surprise afin d'exhorter les dirigeants centrafricains à mettre un terme aux violences dans le pays, a annoncé à l'AFP une source diplomatique.

Mme Power est la plus importante responsable américaine à se rendre en Centrafrique, livrée à l'anarchie depuis des mois et où les violences inter-religieuses ont fait près d'un millier de morts ces deux dernières semaines.

Ce voyage a des accents personnels pour la diplomate américaine: née Irlandaise en septembre 1970, elle fut longtemps journaliste et chercheuse, spécialiste de la question du génocide dans les conflits au 20e siècle, notamment en ex-Yougoslavie et au Rwanda.

"Les populations en République centrafricaine sont en très grand danger et nous avons tous la responsabilité de les éloigner de l'abîme", a déclaré mercredi la diplomate américaine, devenue ambassadrice à l'ONU à l'été 2013.

Elle s'exprimait lors d'une conférence téléphonique, organisée pour la presse à Washington, depuis Abuja où elle faisait une étape pour des entretiens avec le président nigérian Goodluck Jonathan.

Elle est accompagnée de la plus haute diplomate au département d'Etat pour l'Afrique, la secrétaire d'Etat adjointe Linda Thomas-Greenfield.

Les deux femmes doivent rencontrer le président centrafricain de transition et ex-chef rebelle de la Séléka Michel Djotodia ainsi que de hauts dignitaires musulmans et chrétiens.

L'administration américaine s'alarme depuis des semaines d'une situation "pré-génocidaire" en RCA et du caractère "de plus en plus confessionnel" des violences "atroces" perpétrées contre les civils.

"Tous les acteurs en RCA qui ont de l'influence doivent l'utiliser pour tenter d'apaiser les craintes et de rétablir le calme", a plaidé Mme Power.

Elle doit aussi pousser le pouvoir à Bangui à soutenir la force de l'Union africaine mandatée par l'ONU (Misca) et épaulée par la France.

Washington avait annoncé mardi disposer de quelques militaires à Bangui chargés de coordonner le transport aérien de 850 soldats burundais en Centrafrique, une opération qui devrait être achevée cette semaine. Ces troupes sont acheminées par deux avions C-17 du Pentagone.

Les Etats-Unis ont également promis 100 millions de dollars d'aide militaire à la Misca.

Mme Power réfléchit depuis des années à la manière dont les démocraties peuvent répondre aux crimes de génocide. Elle a remporté en 2002 le prix Pulitzer pour son essai "A Problem from Hell: America and The Age of Genocide", accusant la diplomatie américaine d'avoir essuyé une série d'échecs, notamment lors du génocide rwandais en 1994.

"Le monde a été le témoin de grandes atrocités et chaque situation est unique. Comparer (la RCA) à d'autres crises, à des crises passées, est inexact", a toutefois expliqué Mme Power.

"Mais il vaut la peine de noter que la Somalie nous a appris ce qui peut se passer dans un Etat en échec et que le Rwanda nous a montré ce qui peut arriver dans un Etat profondément divisé", a argumenté la diplomate.

Les dernières violences inter-religieuses ont fait près d'un millier de morts depuis début décembre en Centrafrique, où les tueries continuent, selon Amnesty international.

La plupart des victimes ont été tués dans les représailles de l'ex-rébellion Séléka à Bangui, mais également dans les atrocités des milices d'autodéfense villageoises en province, plus particulièrement dans la région de Bossangoa (nord-ouest), selon Amnesty.

"Il faut évidemment agir de manière urgente pour sauver des vies", a encore exhorté Mme Power, répétant que les Etats-Unis étaient "reconnaissants envers les Français et les courageux soldats africains qui risquent leurs vies pour aider à protéger des civils".

jkb/nr/pgf/hba/sba

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.