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Les Européens veulent être plus "crédibles" dans la défense

Les Européens veulent être plus "crédibles" dans la défense

Pour la première fois depuis 2008, les dirigeants européens ont débattu jeudi de la défense et adopté une série de programmes de coopération qui illustrent la volonté d'avancer "pas à pas" dans un domaine où les Etats veulent préserver leur autonomie.

"Il s'agit d'être crédible en tant qu'Européen en matière de sécurité", a déclaré Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, en résumant les débats de la première journée du sommet de Bruxelles. Car "l'Union européenne doit exercer de plus grandes responsabilités" face aux défis de sécurité auxquels les 28 pays sont confrontés, plus nombreux depuis le début du Printemps arabe.

Mais au-delà de ces déclarations, la réunion a remis en lumière les divergences entre les 28 pays de l'Union européenne sur ce sujet sensible qui touche directement à la souveraineté des Etats.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a marqué clairement les limites du débat en réaffirmant que Londres bloquerait toute initiative allant dans le sens de la création d'une défense européenne.

"Il est sensé pour les nations de coopérer dans le domaine de la défense afin d'assurer notre sécurité. Cela est dans notre intérêt mais il n'est pas bon pour l'UE de se doter de capacités communes, d'armées, de moyens aériens et du reste", a-t-il affirmé.

Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a résumé l'état d'esprit général en défendant la politique des "petits pas", même si "on est loin d'une défense intégrée".

Cette volonté s'est concrétisée par l'engagement des dirigeants à investir dans quatre secteurs dans lesquels les lacunes européennes sont criantes : les drones, le ravitaillement en vol, les satellites de communication et la cyberdéfense.

L'ambition est de développer, à au moins sept pays, à l'horizon 2020-25 un appareil européen de moyenne altitude et de longue endurance (MALE) de nouvelle génération, qui puisse être utilisé à des fins militaires comme civiles. D'ici là, les Européens seront contraints de s'équiper en matériel américain ou israélien.

Les 28 pourraient "mieux utiliser les 200 milliards d'euros qu'ils dépensent chaque année dans la défense si le concept de mutualisation et de partage était plus largement appliqué", a affirmé Catherine Ashton, la représentante de la diplomatie de l'UE.

Invité à participer au débat, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a exhorté les Européens à "éviter les doublons et le gaspillage". Pour lui, "renforcer la défense en Europe renforcera l'Otan", l'organisation à laquelle appartiennent 22 des 28 pays de l'UE.

En arrivant à Bruxelles, le président français François Hollande a posé la question du soutien financier des opérations militaires françaises en Afrique.

Se félicitant de l'appui de la plupart des pays de l'UE aux interventions au Mali et en Centrafrique, il a émis le souhait que "les financements" suivent "ces soutiens politiques". "Ce que je souhaite est qu'il y ait, politiquement, une présence de l'Europe. Qu'on ne dise pas: +la France est seule+".

La discussion devait se poursuivre vendredi matin sur l'opportunité de donner une dimension européenne à cette mission et de renforcer le fonds commun destiné à financer les interventions d'urgence dans les pays en crise. Mais cette idée a été accueillie fraîchement par de nombreuses capitales, qui privilégient le soutien au coup par coup.

Paris cherche par ailleurs des partenaires prêts à déployer des soldats en Centrafrique, ce qu'ont jusqu'à présent décliné la plupart des capitales européennes, dont Berlin. M. Hollande a cependant salué la décision de la Pologne d'envoyer un avion et 50 militaires.

La Belgique n'écarte pas l'idée de participer à la sécurisation de l'aéroport de Bangui, avec l'envoi de 150 militaires. "Nous pouvons en discuter, mais dans un cadre plus large, européen", a prudemment déclaré jeudi M. Di Rupo.

Pour la chancelière Angela Merkel, l'UE devrait surtout examiner la meilleure façon d'entraîner et d'équiper les armées nationales des pays en crise, comme elle le fait actuellement au Mali. "Nous, les Européens, ne pouvons résoudre tous les problèmes du monde. Nous devons donner à ces pays les moyens de s'aider eux-mêmes".

jri/jlb/ob

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