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Japon: Kashiwazaki-Kariwa, un géant nucléaire que Tepco veut réveiller

Japon: Kashiwazaki-Kariwa, un géant nucléaire que Tepco veut réveiller

Avec ses sept réacteurs à l'arrêt et ses 8.200 mégawatts de puissance installée, Kashiwazaki-Kariwa, sur la côte ouest du Japon, est un géant nucléaire endormi que l'exploitant Tepco veut réveiller en toute sécurité.

"Nous entrons dans l'enceinte de confinement du réacteur 6", annonce Hiroyuki Koike, un responsable de la plus grande centrale nucléaire du monde.

Tel un guide touristique, ce vétéran de Tokyo Electric Power (Tepco), 35 ans de maison, fait faire à des experts et journalistes, dont une de l'AFP, le tour du propriétaire: "Ici vous avez les conduites de vapeur qui vont jusqu'à la turbine, et derrière cette paroi, le coeur du réacteur".

Originaire de Fukushima, sur la côte est, M. Koike ne rêve que de deux choses: "partir aider les collègues" dans la centrale dévastée en mars 2011 et "vite relancer" celle-là.

Entre la montagne et la mer du Japon sur 4,2 km carrés à cheval sur Kashiwazaki (90.000 habitants) et Kariwa (un peu moins de 5.000), ce complexe de la préfecture de Niigata est stoppé depuis des mois.

Victimes en juillet 2007 d'un séisme de magnitude 6,8 dont l'épicentre était à seulement 16 km, les installations se sont arrêtées automatiquement et sans problème.

"Il n'y a pas eu de tsunami, ni de panne de courant ou du système de refroidissement, contrairement à Fukushima Daiichi quatre ans plus tard", souligne M. Koike.

Il y a quand même eu quelques pépins: légères fuites radioactives, incendie dans un transformateur, retard considérable dans la transmission d'informations...

Paramètre crucial pris en compte dans les dispositions antisismiques, l'accélération du sol mesurée alors était supérieure à celle retenue au moment de la construction du site à partir de 1978. Du coup il a fallu tout revoir, et le premier réacteur n'a redémarré que deux ans et demi plus tard en décembre 2009.

Quatre unités sur sept fonctionnaient au moment du tsunami qui ravagea Fukushima Daiichi et conduisit à l'arrêt de toutes les centrales nucléaires japonaises.

A Kashiwazaki-Kariwa, les ingénieurs durent alors se remettre à plancher sur la base de nouvelles normes nationales de sûreté.

"A Fukushima, nous avions été trop optimistes face au risque d'accident, nous n'avons pas compris ce qu'il se passait, pas transmis correctement les informations, n'étions pas suffisamment préparés, notamment pour le transport du matériel et le contrôle de la radioactivité", reconnaît aujourd'hui Tepco.

"Un accident comme celui de Fukushima aurait aussi pu se produire à Kashiwazaki-Kariwa sans mesures techniques nouvelles. Aurapavant, ce n'était pas suffisant", confie en aparté Takatoshi Watanabe, le directeur du planning technique.

Aujourd'hui, Kashiwazaki-Kariwa ne produit pas d'électricité, mais sur le site boisé tout paraît neuf ou en travaux, à l'extérieur comme à l'intérieur où sols et murs brillent. Le personnel va et vient via des sas et appareils de mesure de radioactivité.

Dans les bâtiments des réacteurs, les salles de contrôle, près des machines, plus de 3.000 hommes et femmes s'activent. Même à l'arrêt, près de la moitié des équipements tournent, pour des contrôles et pour refroidir les piscines notamment.

"La sûreté prime sur tout", est désormais le slogan affiché. Et si un séisme ou un accident se produit, "les opérateurs n'appelleront pas leurs familles tant que la sûreté ne sera pas garantie", assure M. Koike.

Une muraille antitsunami de dix mètres de haut sur un socle à cinq mètres au dessus du niveau de la mer a été érigée devant les réacteurs 1 à 4. Les trois autres, plus en hauteur, sont protégés par une digue de terre.

Au milieu du complexe, un bâtiment antisismique a été construit pour servir de QG de crise, au cas où.

Le directeur adjoint, Katsuhiko Hayashi, énumère le matériel désormais stationné en permanence pour parer à toute catastrophe: 42 camions de pompiers, sept véhicules de refroidissement, 23 groupes électrogènes mobile, trois camions à turbine thermique et d'autres à échangeur de température, ainsi que divers équipements pour garantir le maintien du courant et du refroidissement.

Tepco a déposé un dossier auprès de l'autorité nucléaire pour obtenir rapidement la certification des réacteurs 6 et 7, "où les travaux de mise en conformité sont les plus avancés", selon M. Watanabe.

L'objectif, dit-il, est de "tous les réactiver mais cela prendra du temps". Les travaux de mise aux normes devront être achevés vers 2018.

Malgré toutes ces précautions, le souvenir de Fukushima plane, surtout quand on aperçoit à 3 km à peine une école primaire et des maisons.

"Je vis ici depuis que je suis toute petite, alors...", confie une jeune femme.

kap/pn/jlh/abk

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