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Maria Mourani n'est plus indépendantiste

Maria Mourani n'est plus indépendantiste

Déjà exclue du Bloc québécois, la députée fédérale d'Ahuntsic, Maria Mourani, affirme maintenant qu'elle n'est plus indépendantiste. Dans une lettre rendue publique mercredi, Mme Mourani assume pleinement sa nouvelle sensibilité fédéraliste et explique pourquoi elle a fait ce choix.

En entrevue à RDI, Maria Mourani a déclaré qu'il n'avait pas été facile de mettre de côté dix ans de militantisme. Elle a dit compter encore des amis au sein du mouvement.

Que lui réserve l'avenir? Conservant pour le moment son statut de députée indépendante, Maria Mourani soutient n'avoir été approchée par aucune formation politique. Du moins, pas formellement : « Le monde niaise depuis le 13 septembre. Les gens me disent : "Viens t'en avec nous!" Mais, pour moi, ce n'est pas sérieux. Ce n'est pas approcher quelqu'un ».

Or, croit maintenant Mme Mourani, la Charte des droits et libertés de la personne du Québec peut, elle, être à la merci des volontés d'un parti politique qui prendrait le pouvoir dans la province. Ce parti, poursuit Maria Mourani en substance, pourrait même décider « de brimer les droits des homosexuels, les droits d'untel, brimer le libre choix des femmes. Vous rendez-vous compte? » s'indigne la députée.

Soulignant dans sa lettre que l'« ouverture et la lutte à l'exclusion constituent les meilleurs outils pour assurer la paix sociale et lutter contre toutes les formes d'extrémisme et de fanatisme », elle déplore que cette vision politique ne soit plus véhiculée par le Parti québécois. En référence au projet de charte des valeurs du gouvernement de Pauline Marois, Mme Mourani indique que la « volonté politique actuelle [du PQ] d'exclure les croyants non discrets de la fonction publique est révélatrice d'un changement d'attitude politique ».

L'ex-bloquiste rappelle qu'« en 1977, pour réaliser le projet de la Charte de la langue française, René Lévesque avait choisi de laisser cette dernière totalement soumise à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec ».

Le Parti québécois d'aujourd'hui n'emprunte pas ce chemin, selon Mme Mourani. « Il se propose plutôt d'amender la Charte des droits et libertés de la personne du Québec pour, apparemment, s'assurer de la rendre conforme à sa politique d'exclusion des croyants non discrets de la fonction publique ».

De plus, Mme Mourani note que « le Parti québécois lance un débat qui divise et blesse des familles québécoises sans, au préalable, avoir vérifié la légalité de ce qu'il propose, et ce, même si la Commission des droits de la personne du Québec est d'avis que ce projet ne tient pas la route ».

Le président de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB), Mario Beaulieu, est déçu et étonné de ce virage. « Elle dit [en parlant de la Charte canadienne des droits et libertés] qu'elle protège mieux les minorités. Mais le Québec, c'est la minorité au Canada. Qu'on nous empêche d'assurer la survie du français par toutes sortes de décisions de la Cour suprême en vertu d'une constitution qu'on n'a jamais signée, je ne pense pas que c'est vraiment une façon de protéger... », commente le président en rappelant que Mme Mourani a été élue comme indépendantiste.

« Il y a des centaines de militants indépendantistes qui ont travaillé pour elle, certains ont quitté leurs circonscription pour aller l'aider. Ces gens-là sont assez choqués parce qu'ils n'ont pas été consulté. Mme Mourani dit quelle va travailler pour la modernité du Canada, mais ce n'est pas du tout sur ce mandat qu'elle a été élue », dit le président de la SSJB.

Les spéculations allaient bon train quant à l'avenir politique de Mme Mourani, depuis qu'elle a été exclue du caucus du Bloc québécois, en septembre dernier, dans la foulée du débat sur le projet de charte des valeurs du gouvernement du Parti québécois.

La députée montréalaise avait alors décidé de couper les ponts avec le Bloc québécois, préférant siéger comme indépendante.

L'expulsion de Maria Mourani était liée à ses positions sur le projet de charte. Maria Mourani, qui est une catholique maronite, refuse de cautionner la politique identitaire mise de l'avant par le Parti québécois. Mme Mourani croit que cette politique illustre les tensions au sein du mouvement indépendantiste québécois.

En 2012, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal avait décerné le prix du Patriote de l'année à dix personnalités, dont Maria Mourani, alors députée du Bloc québécois. À la lumière des derniers événements, Mme Mourani se dit toujours fière d'avoir reçu cet honneur.