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Fukushima Daiichi: 40 ans de vie, et autant pour en finir avec les coeurs fondus des réacteurs

Fukushima Daiichi: 40 ans de vie, et autant pour en finir avec les coeurs fondus des réacteurs

Fukushima Daiichi était une des premières centrales nucléaires du Japon. Coeurs atomiques fondus sous l'effet d'un tsunami qui la condamne au démantèlement intégral, elle n'aura pas vécu plus de 40 ans. Il en faudra au moins autant pour la faire disparaître.

Mis en service entre mars 1971 et octobre 1979, les six réacteurs à eau bouillante (REB) du complexe situé en bordure d'océan Pacifique, à la jonction des communes d'Okuma et Futaba, ont tous été détruits le 11 mars 2011.

Ce jour-là, une vague d'une quinzaine de mètres provoquée par un séisme de magnitude 9 au large des côtes nord-est a eu raison de leur alimentation électrique et système de refroidissement.

"Des pylônes ont lâché et les groupes électrogènes de secours ont été noyés", se rappelle un employé de Tepco, Keiichi Yoshida, dans un bus de la compagnie qui roule vers la centrale.

C'est désormais certain: "Ichiefu" (le surnom de la centrale) et ses six tranches sont condamnées au démantèlement.

Tepco a en effet officiellement consenti mercredi à renoncer aux réacteurs 5 et 6, à peu près préservés, après avoir fait une croix depuis longtemps sur tranches 1 à 4, qui elles étaient pratiquement mortes sur le coup.

Ces cinquième et sixième unités seront converties en moyens de recherche et développement pour le démantèlement des quatre autres tranches, autrement plus saccagées.

Les travaux préparatoires à la démolition ont débuté il y a deux ans, lorsqu'a été déclaré l'état dit d'arrêt à froid de l'ensemble des unités et piscines de désactivation.

"Nous venons de finir la première phase du programme défini, avec le début du retrait du combustible de la piscine 4", explique un responsable du suivi des travaux, Akio Komori, lors d'une visite du site avec des experts français de l'Institut national de radioprotection nucléaire (IRSN).

"La phase 2, qui commence et devrait durer près de dix ans, est celle de l'achèvement de ce retrait et des préparatifs pour le commencement de l'extraction du combustible fondu tombé au fond des réacteurs 1 à 3", ajoute-t-il.

La phase 3, celle de l'extraction proprement dite, durera au bas mot 20 à 30 ans.

Dès à présent, il faut lancer les recherches pour mettre au point les technologies nécessaires à cette tâche absolument inédite, puisque nul ne sait où exactement et dans quel état se trouve le combustible des coeurs fondus des réacteurs 1 à 3.

"Parce que nous faisons face à un défi énorme même à l'échelle mondiale, nous allons travailler main dans la main avec des entreprises japonaises et étrangères afin de rassembler tous les savoir-faire et connaissances utiles pour avancer", assurent les responsables de Tepco rencontrés à la centrale.

Outre les équipes d'ingénieurs de l'entreprise et de ses 400 plus importants partenaires locaux (dont Hitachi, Toshiba, Mitsubishi Heavy Industries, etc.), des groupes de travail ont été mis en place par le gouvernement, ainsi que très récemment un Institut international de recherche pour le démantèlement nucléaire (Irid).

Ce dernier, essentiellement formé par les entreprises japonaises du secteur, "a entre autres pour mission de rassembler et évaluer les technologies potentielles", détaille Kentaro Funaki, un responsable des appels à propositions lancés par cet organisme.

"Le scénario le plus optimiste prévoit un début d'extraction des débris de combustible fondu du réacteur 1 entre avril et septembre 2020", rappelle un des ses collègues, Shunichi Suzuki.

Un appel à idées doit être mis en ligne sur le site de l'Irid (www.irid.or.jp) autour du 20 décembre. Il s'agit d'abord de réunir des technologies d'inspection des cuves des réacteurs, près desquelles les hommes ne peuvent pas aller en raison d'un radioactivité extrêmement élevée.

"Il faut par exemple imaginer des moyens astucieux pour y faire pénétrer une caméra", précise un responsable de l'Irid, Hirobumi Kinoshita.

Il faut ensuite trouver et évaluer des solutions potentielles pour l'extraction du combustible autres que celles déjà envisagées par Tepco sur la base de ce qui avait été fait à la centrale accidentée de Three Mile Island aux Etats-Unis.

"Nous cherchons des idées novatrices que pourraient nous apporter des sociétés étrangères", confirme le directeur adjoint de Fukushima Daiichi, Hirohisa Kuwabara.

kap/jlh/phv

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