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Aydan Özoguz, première ministre allemande d'origine turque

Aydan Özoguz, première ministre allemande d'origine turque

La sociale-démocrate Aydan Özoguz, 46 ans, nommée secrétaire d'Etat chargée des Migrations, des Réfugiés et de l'Intégration, est la première personnalité politique d'origine turque à faire partie d'un gouvernement fédéral allemand.

"Je me réjouis beaucoup de pouvoir siéger au sein du gouvernement", a déclaré Mme Özoguz, citée lundi dans le quotidien Hamburger Abendblatt, au lendemain de l'annonce de sa nomination. "Quand on prend du plaisir à faire de la politique, voilà jusqu'où cela peut conduire, et ce, même quand on porte un nom difficile", a-t-elle ajouté.

Sa nomination a été saluée comme l'une des surprises de cette nouvelle équipe gouvernementale par la presse allemande qui lui a consacré plusieurs encarts.

En Turquie, le journal à gros tirage Hürriyet se félicitait du fait que "les passagers de l'espoir ont donné naissance à un ministre", faisant allusion aux premiers immigrés turcs d'Allemagne ("Gastarbeiter" en allemand, travailleurs invités) venus travailler dans les usines du pays dans les années 1960.

Interrogée par la chaîne de télévision turque d'information NTV, Mme Özoguz a d'ailleurs rendu hommage aux Turcs d'Allemagne. Cette nomination "est le fruit de tant d'années de difficultés rencontrées par la communauté turque d'Allemagne", a-t-elle déclaré.

Fille de commerçants turcs, Mme Özoguz est née le 31 mai 1967 à Hambourg (nord).Naturalisée en 1989, elle a connu en quelques années une rapide ascension politique.

D'abord responsable de projets liés à l'intégration dans une fondation, elle est repérée par Olaf Scholz, l'actuel maire social-démocrate (SPD) de la ville hanséatique. Elle devient députée en 2009, après avoir adhéré au SPD en 2004.

Très vite, son profil séduit la direction du parti : Sigmar Gabriel, patron des sociaux-démocrates, souhaite augmenter le nombre de personnes d'origine étrangère au sein de la direction d'un parti encore secoué par les conséquences de l'affaire Thilo Sarrazin.

Cet homme politique social-démocrate avait publié en 2010 un livre à scandale "Deutschland schafft sich ab" ("l'Allemagne court à sa perte"), défendant l'idée que l'immigration, notamment turque, affaiblissait structurellement le pays.

Mme Özoguz est nommée vice-présidente du parti en 2011, sept ans seulement après en être devenue adhérente. "L'affaire Sarrazin a porté un grand coup au SPD (...) Personnellement, je pense qu'il aurait été mieux de l'exclure du parti, afin d'envoyer un signal clair", avait-elle déclaré récemment à l'AFP.

Très présente au côté de Peer Steinbrück, candidat malheureux face à la chancelière Angela Merkel aux dernières élections législatives, Mme Özoguz était chef de file de son parti à Hambourg, deuxième ville d'Allemagne.

Tout au long de la campagne, elle a oeuvré à convaincre les Allemands d'origine étrangère, et particulièrement turque, de voter pour le Parti social-démocrate (SPD), avec notamment la promesse de faire obtenir la double nationalité à tous les enfants d'immigrés ayant grandi en Allemagne, alors qu'ils étaient jusqu'ici contraints de choisir entre celle du pays d'origine et celle de leur pays d'accueil.

"Si nous avons une majorité au Bundestag (chambre basse du Parlement), nous pourrons immédiatement modifier la legislation concernant la nationalité. Ce serait naturellement un pas énorme", soulignait-elle. Au terme d'un compromis avec les conservateurs, le SPD a finalement obtenu que cette double nationalité fasse partie du programme de coalition gouvernementale, mais en la limitant aux enfants nés en Allemagne. Mme Özoguz travaillera à la mise en oeuvre de cette mesure.

En tant que députée, elle était membre de la commission parlementaire "famille, personnes âgées, jeunesse, femmes" et chargée des questions d'intégration pour le groupe SPD, au cours de la dernière législature.

Répondant à des conjectures quant à son avenir en mai dernier, la vice-présidente du SPD n'avait pas caché avoir été déjà approchée pour assumer des fonctions ministérielles. "Ce n'est pas un mystère", affirmait-elle à la radio Deutschlandfunk.

Mais, précisait-elle, "j'ai pu remarquer que c'était relativement incompatible (avec une vie de famille) et je ne souhaite faire que ce que je peux vraiment bien faire". Mme Özoguz a une fille d'une dizaine d'années et son mari, Michael Neumann, est lui aussi engagé en politique en tant que responsable de la politique intérieure de la ville-Etat de Hambourg.

Selon Deutschlandfunk, la désormais ministre fédérale avait refusé l'an passé un poste de ministre régionale de l'Intégration, proposé par le chef social-démocrate du gouvernement du Land (Etat régional)du Schleswig-Holstein.

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