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Cuba: la réconciliation nationale passe aussi par une poignée de mains Obama-Castro

Cuba: la réconciliation nationale passe aussi par une poignée de mains Obama-Castro

Au-delà de la poignée de mains historique entre l'Américain Barack Obama et le Cubain Raul Castro, le lent réchauffement des relations entre les deux pays favorise un processus de réconciliation entre Cubains des deux bords du détroit de Floride qui s'accélère au fil des mois, notent divers analystes.

La poignée de mains des deux présidents lors d'un hommage à Nelson Mandela en Afrique du Sud, pour protocolaire qu'elle fût, intervient dans le cadre d'une volonté commune de deux pays en froid de "réviser" leurs relations, a jugé pour l'AFP un diplomate américain à La Havane.

"Il s'agit d'abord d'éviter toute confrontation inutile", a-t-il ajouté sous couvert d'anonymat, en soulignant que les échanges entre les deux pays gagnent en importance depuis plusieurs mois.

Un demi-million d'Américano-Cubains auront visité Cuba en 2013, grâce aux mesures prises par le président Barack Obama pour faciliter les voyages des quelque 1,5 million de Cubains et descendants de Cubains vivant aux Etats-Unis.

Et les envois d'argent de la diaspora cubaine - dont 80% vit aux Etats-Unis - atteint aussi des chiffres records, avec quelque 2,5 milliards de dollars par an, le deuxième poste de revenus en devises de l'île.

Loin des confrontations idéologiques des années 60 et 70, ce processus de réconciliation nationale déborde désormais du cadre strictement familial.

En autorisant en janvier les Cubains à voyager avec un simple passeport, sans autorisation préalable comme c'était le cas depuis 50 ans, le régime communiste a permis de multiplier les échanges.

Artistes, sportifs ou universitaires voyagent plus fréquemment et surtout, d'anciens "traîtres" ou "déserteurs" sont revenus à Cuba à la faveur de ces nouvelles règles.

Des musiciens autrefois "interdits", tels Isaac Delgado, Tanya Rodriguez ou Manolin, "El Médico de la Salsa", ou l'actrice Lili Renteria se sont ainsi récemment produits à Cuba après des années d'absence.

Jusqu'au très officiel quotidien du Parti communiste Granma qui a récemment évoqué et rendu hommage à des artistes exilés depuis des décennies et tombés dans l'oubli à Cuba.

Avec la chute du bloc soviétique dans les années 90, le régime communiste cubain est devenu "moins idéologique, mais plus nationaliste", explique à l'AFP le sociologue Nelson P. Valdes, professeur émérite de plusieurs universités américaines.

Parallèlement, la diaspora cubaine s'est également transformée, passant d'une opposition politique et idéologique à un exil plus économique: "Les jeunes Cubains à l'étranger veulent conserver des contacts avec Cuba, au contraire de leurs parents", remarque l'universitaire Arturo Lopez-Levy, de l'université de Denver, aux Etats-Unis.

Un des vecteurs les plus actifs dans ce processus de réconciliation est l'Eglise catholique cubaine, qui, en l'absence de toute opposition politique légale, est devenue l'interlocuteur privilégié du régime communiste.

Avec ses revues et l'organisation de débats et forums, l'Eglise catholique participe activement à ce processus de réconciliation nationale.

"Le dialogue entre les divers groupes qui composent notre société est le seul moyen de parvenir aux transformations sociales qui sont en cours à Cuba", affirmait en septembre la conférence épiscopale cubaine.

"Pour que la réconciliation soit nationale, elle doit être souveraine", estime Arturo Lopez-Levy en soulignant que dans ce processus de réconciliation s'inscrivent "tous ceux qui seront loyaux à leur pays".

Car la réconciliation garde ses adversaires au sein des milieux anti-castristes de Floride qui, selon MM. Lopez-Levy et Valdes, se sont "auto-exclus" de ce processus.

"La réconciliation est aujourd'hui une nécessité pour le développement et la stabilité du pays, mais elle doit évidemment se faire en ligne avec les intérêts nationaux, les valeurs et les équilibres de pouvoir internes", conclut M. Lopez-Levy.

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