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Poutine voit la Russie en place forte conservatrice dans un monde en déroute

Poutine voit la Russie en place forte conservatrice dans un monde en déroute

Vladimir Poutine a défendu jeudi sa vision d'une Russie à la responsabilité "historique" dans un monde instable, rempart à l'hégémonie américaine et garante des valeurs traditionnelles face à la déchéance du monde occidental.

"Le monde devient de plus en plus contradictoire et agité. Dans ces conditions, c'est la responsabilité historique de la Russie qui se renforce", a déclaré M. Poutine lors de son adresse à la nation dans une salle d'apparat du Kremlin.

Il s'agit de la responsabilité d'un "garant clé de la stabilité globale et régionale, et d'un Etat qui défend avec constance ses valeurs", a-t-il ajouté, vantant notamment le rôle de son pays dans la crise syrienne.

Alliée de longue date du régime de Damas auquel elle livre des armes, la Russie a bloqué toute velléité d'ingérence occidentale au nom du droit international.

"Nous ne prétendons pas à l'appellation de superpuissance, si on entend par là une ambition d'hégémonie mondiale ou régionale, nous ne nous attaquons aux intérêts de personne, n'imposons à personne notre parrainage, et ne faisons la leçon à personne", a déclaré M. Poutine, dans une allusion claire aux Etats-Unis.

"Mais nous nous efforcerons d'être des leaders", a ajouté l'ex-agent du KGB, au pouvoir depuis plus de 13 ans et dont l'emprise sur le pays n'a cessé de s'affirmer, tout comme les positions russes sur la scène internationale.

Il a souligné sa détermination à faire aboutir le projet d'union économique eurasiatique de pays issus de l'ex-URSS, dans laquelle la Russie invite avec insistance l'Ukraine.

Le renoncement soudain de cette ex-république soviétique à un accord d'association avec l'Union européenne, pour se tourner vers Moscou, a suscité de nouvelles tensions ces dernières semaines entre Russes et Occidentaux.

M. Poutine a présenté son pays comme la dernière place forte du "conservatisme", notamment dans la conception de la famille par rapport à une déchéance morale supposée du monde occidentale.

"On procède aujourd'hui dans de nombreux pays à une réévaluation des normes morales", a déclaré M. Poutine. Mais la Russie refuse "la soi-disant tolérance, stérile, qui ne fait pas de différence entre les sexes", a-t-il ajouté.

"De plus en plus de gens dans le monde soutiennent notre position, qui est la défense des valeurs traditionnelles qui constituent depuis des millénaires la base morale et spirituelle de la civilisation de chaque peuple", a poursuivi le président russe.

La Russie a été vivement critiquée en Occident après la promulgation en juin dernier par le président Poutine d'une loi punissant la "propagande" homosexuelle devant mineurs, un texte dénoncé par des défenseurs des droits de l'homme qui le jugent potentiellement discriminatoire.

La Russie avait auparavant réagi avec vigueur à la légalisation du mariage homosexuel dans plusieurs pays dont la France.

La condamnation à deux ans de camp de jeunes femmes du groupe contestataire Pussy Riot, qui avaient chanté une "prière punk" contre M. Poutine dans la cathédrale de Moscou pour dénoncer la collusion entre le pouvoir et l'Eglise orthodoxe, a de son côté fait l'objet de nombreuses critiques en Occident.

"On exige de la société, aussi étrange que cela puisse paraître, qu'elle mette sur le même plan le bien et le mal", a encore déclaré M. Poutine.

La Russie a en la matière "un point de vue conservateur, mais le conservatisme a pour but d'empêcher un mouvement en arrière et vers le bas, dans le chaos des ténèbres", a-t-il conclu, citant le philosophe orthodoxe Nicolas Berdiaev, qui avait été expulsé de Russie après la révolution de 1917.

Enfin, M. Poutine a mis en garde les Etats-Unis, sans les nommer, contre toute tentative de s'assurer une supériorité stratégique.

"Le problème nucléaire iranien s'en va, mais le système de défense antimissile reste", a-t-il ironisé, alors que la Russie a toujours dénoncé l'installation à ses portes d'éléments de ce dispositif justifié par les Etats-Unis par la menace d'"Etats voyous".

"Personne ne doit avoir d'illusions sur la possibilité d'obtenir la supériorité militaire sur la Russie. Nous ne l'accepterons jamais", a déclaré M. Poutine, rappelant avoir lancé un programme de réarmement du pays "sans précédent".

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