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Quotas à l'assurance-emploi : la dénonciatrice est licenciée

Quotas à l'assurance-emploi : la dénonciatrice est licenciée

Un texte de Annick Forest

Une employée de Service Canada a été congédiée après avoir divulgué des informations confidentielles montrant que les enquêteurs de l'assurance-emploi avaient des quotas de prestations à récupérer.

Sylvie Therrien a reçu mardi un avis lui expliquant qu'elle avait perdu sa cote de fiabilité et qu'elle ne pouvait donc plus travailler à Service Canada.

« Ça veut dire que je ne peux plus travailler pour le gouvernement », a déclaré la résidente de Vancouver. « Je n'ai plus 20 ans, alors ce n'est pas facile à mon âge de me retrouver sans emploi. »

L'ex-employée de la division Ouest de Service Canada explique que même si elle savait qu'un congédiement était possible, elle ne croyait pas que les choses iraient jusque là. « On se dit toujours, ils vont revoir [...] cette histoire, ils ne vont pas, comme ça, me mettre à la porte. »

Démentis, puis aveux d'Ottawa

L'hiver dernier, Mme Therrien a divulgué à la presse les instructions reçues par les enquêteurs de Service Canada leur demandant de récupérer environ 500 000 $ par an de prestations d'assurance-emploi touchées de manière frauduleuse.

Elle a affirmé à de nombreuses reprises qu'elle avait pris cette décision parce que l'imposition de tels quotas allait à l'encontre de ses valeurs.

Le gouvernement avait nié vigoureusement l'existence de tels quotas, mais il avait été talonné à plusieurs reprises lors de la période des questions à la Chambre des communes, en février. La ministre des Ressources humaines à l'époque, Diane Finley, avait d'abord démenti l'existence de ces quotas, puis elle avait reconnu qu'il existait des cibles régionales.

La nouvelle a soulevé les protestations des citoyens.

Aucun regret

En mai, interrogée par les enquêteurs, Mme Therrien a admis qu'elle était à l'origine de la fuite et elle a été suspendue sans solde.

« J'ai tout simplement répondu à mon propre appel de moral. Maintenant, j'espère que cela va changer les choses, pour les gens qui dénoncent publiquement [...] et au niveau, évidemment, de l'assurance emploi, puisque cela a été ma raison principale pour dévoiler », a-t-elle expliqué.

En réponse à la couverture médiatique du congédiement de Sylvie Therrien, le gouvernement fédéral a rappelé qu'elle « connaissait la nature de son emploi et ses responsabilités, y compris les exigences du code de conduite du Ministère ».

« Si Mme Therrien tenait à faire connaître son opinion ou ses inquiétudes au sujet de son emploi, il existait plusieurs avenues pertinentes pour le faire. Elle s'est plutôt adressée directement aux médias et a fourni des documents qui ne devaient pas être divulgués au public », a affirmé dans une déclaration écrite le sous-ministre adjoint aux Affaires publiques et relations avec les intervenants, James Gilbert, au nom du gouvernement fédéral.

Il a ajouté que « les employés de Service Canada ne subissent pas de conséquences pour ne pas avoir atteint de prétendus "quotas". Comme le font la plupart des organisations, Service Canada fixe des objectifs qui aident à déterminer de quelle façon doivent être affectées les employés et les ressources. »

D'autre part, le Conseil national des chômeurs (CNC) a lancé une campagne de soutien financier à Sylvie Therrien.

« Le courage qu'a eu Sylvie Therrien doit être accompagné d'une autre chose... notre solidarité! », a affirmé par voie de communiqué Pierre Céré, porte-parole du CNC.

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