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La menace d'une crise budgétaire aux États-Unis fait frémir les marchés

La menace d'une crise budgétaire aux États-Unis fait frémir les marchés

Les marchés ont clôturé en baisse en Amérique du Nord, mercredi, subissant vraisemblablement les contrecoups de l'incertitude budgétaire qui règne à Washington.

. à New York, le Dow Jones a reculé de 0,4 %;

. le Nasdaq a perdu quant à lui 7,16 %;

. à Toronto, le S&P/TSX a baissé de 0,09 %.

Le dollar canadien a terminé la journée à 97,09 ¢US, en baisse de 16 centièmes.

L'appréhension du côté des investisseurs est palpable alors que le Congrès et la Maison-Blanche doivent s'entendre d'ici mardi pour financer les activités courantes du gouvernement. Cet imminent blocage pourrait conduire à l'inimaginable : un défaut sur des emprunts d'État américains. Des centaines de milliers de fonctionnaires pourraient se retrouver en congé forcé si les élus ne parviennent pas à dénouer cette impasse.

De plus, une autre date accroît l'anxiété sur les marchés, celle du 17 octobre, alors que le gouvernement atteindra le plafond légal de la dette. Si une entente n'intervient pas d'ici là, les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement.

Dans ce contexte, les élus républicains renouvellent leurs demandes de coupes dans les dépenses publiques, en échange du relèvement du plafond d'endettement de l'État fédéral, actuellement fixé à 16 700 milliards de dollars américains.

Or, Washington a déjà coupé dans pratiquement tous les postes budgétaires, à l'exception de ceux de la protection sociale. Pour aller plus loin, le Congrès devrait donc voter des réductions des pensions de retraite ou de l'assurance maladie des retraités, des mesures forcément impopulaires.

« Les conditions d'un accord sont en train de se raréfier », estime Tony Fratto, un porte-parole de la Maison-Blanche durant la présidence de George W. Bush qui travaille aujourd'hui pour le cabinet de conseil Hamilton Place Strategies. « Les seuls choix qui restent sont difficiles. »

Ces derniers jours, les débats au Congrès n'ont pas porté sur le plafond de la dette, mais sur les conditions permettant d'éviter une fermeture pure et simple de la plupart des administrations fédérales lorsque leurs budgets seront épuisés à la fin du mois.

Désormais, même le secrétaire au Trésor, Jack Lew, dont le rôle consiste généralement à tenter de donner confiance à Wall Street, ne cache plus son inquiétude sur la capacité de Washington à payer ses factures cet automne. « La volonté de faire durer cela jusqu'à la dernière minute me rend nerveux », a-t-il déclaré la semaine dernière devant des dirigeants d'entreprises.

Steve Bell, analyste du Bipartisan Policy Center, prédit que l'État fédéral sera incapable de rembourser ses échéances entre le 18 octobre et le 5 novembre. Ce républicain, ancien directeur de cabinet de la commission budgétaire du Sénat, ajoute qu'il n'a pas été aussi préoccupé par la perspective d'un défaut sur la dette depuis 40 ans.

Penser l'impensable

Un tel défaut ne manquerait pas d'ébranler la confiance et de faire remonter en flèche les coûts du crédit, au risque de faire plonger la première économie mondiale dans une nouvelle crise.

Avant le dernier relèvement en date du plafond de la dette, en 2011, Washington avait frôlé le défaut et cette situation est l'un des éléments qui avaient conduit cette année-là l'agence Standard & Poor's à priver les États-Unis de la note suprême « triple A ».

La crise avait été réglée par un compromis entre le Congrès et la Maison-Blanche avalisant des coupes claires dans de nombreux budgets, tout en préservant ceux de la Sécurité sociale et de Medicare, l'assurance maladie publique des personnes âgées.

Aujourd'hui, un tel accord serait plus difficile à conclure, tout simplement parce que les dépenses non indispensables ont déjà été réduites, voire supprimées. « Je me sens moins à l'aise aujourd'hui que je ne l'étais en 2011 », explique Steve Bell.

Pour l'instant, les investisseurs jugent toujours minime le risque d'un défaut : sur le marché des couvertures de défaillance, il n'en coûte que 28 000 $ pour assurer 10 millions de dollars de dette souveraine américaine à cinq ans. Un niveau certes en hausse ces derniers jours, mais loin d'avoir atteint le pic de 63 000 $ de juillet 2011.

Mardi, Jack Lew a estimé que la confiance des investisseurs dans la possibilité d'un accord sur le plafond de la dette était sans doute « plus élevée qu'elle ne le devrait », a rapporté Bloomberg. L'inquiétude affichée par le secrétaire au Trésor tranche avec le discours de son prédécesseur, Timothy Geithner, qui, en 2011, jugeait « impensable » un défaut.

De nombreux républicains sont favorables à un compromis qui établirait une liste de créanciers prioritaires au cas où le Trésor serait à court de liquidités. Mais la Maison-Blanche a déjà annoncé qu'elle opposerait son veto à un tel texte.

« Le simple fait qu'il y ait une incertitude est en soi un nouvel élément, et il est effrayant », dit Alice Rivlin, ancienne présidente du Congressional Budget Office, un organe de surveillance budgétaire du Congrès. Le risque d'un défaut n'a jamais été aussi élevé, ajoute cette ex-membre de l'administration Clinton. « Il y a quelques années, on aurait dit : "Ne soyez pas stupides, bien sûr que le plafond de la dette sera relevé". Mais plus personne ne peut affirmer cela aujourd'hui. »

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