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La santé publique réclame une barrière anti-suicide sur le nouveau pont Champlain

La santé publique réclame une barrière anti-suicide sur le nouveau pont Champlain

La direction de santé publique de Montréal demande à Ottawa de construire un trottoir sécuritaire et une piste cyclable sur le nouveau pont Champlain. Dans une lettre obtenue par Radio-Canada, elle recommande également au ministère fédéral des Transports de ne pas augmenter le trafic automobile et de prévoir une barrière anti-suicide sur le pont.

Dans sa lettre datée du 17 mai, la direction de santé publique soulève un « doute raisonnable » au regard des premiers éléments connus du projet de nouveau pont sur le Saint-Laurent. Elle fait part de ses préoccupations concernant le bruit et pollution qu'engendrerait une éventuelle augmentation du trafic automobile. Elle recommande plutôt de favoriser le transport actif en ajoutant des voies pour les piétons et les vélos.

La direction de santé publique encourage également Ottawa à doter le futur pont d'une barrière anti-saut. Elle s'appuie sur une étude québécoise, publiée en mai dans l'American Journal of Public Health, qui démontre l'efficacité d'une barrière similaire installée sur le pont Jacques-Cartier en 2004.

L'exemple du pont Jacques-Cartier

La direction de santé publique de Montréal craint que le futur pont Champlain ne devienne un lieu propice aux suicides comme l'était le pont Jacques-Cartier avant l'installation de la barrière de protection en 2004. Selon les données colligées par les auteurs de l'étude, le pont qui relie Longueuil et Montréal était à l'époque le théâtre de 28 % de tous les suicides par saut au Québec. Des personnes en détresse n'hésitaient pas à parcourir des centaines de kilomètres dans le seul but de commettre un suicide à cet endroit.

Les barres de métal rehaussées et courbées vers l'intérieur installées en 2004 sur le pont Jacques-Cartier ont coûté 1,3 million de dollars, mais elles ont permis de considérablement réduire les décès par suicide sur le pont, révèle le chercheur principal, Stéphane Perron, médecin-conseil à la direction de santé publique de Montréal. D'après les conclusions de ce dernier, qui a analysé les données du Bureau coroner du Québec depuis 2004 avec des experts en criminologie et en épidémiologie, les suicides par saut depuis le pont Jacques-Cartier sont passés de 10-12 par année à 2 ou 3, aujourd'hui.

Mieux encore : contrairement à ce qu'avançaient les opposants à la barrière, le problème n'a pas été déplacé ailleurs. « Sur les autres sites de saut, à Montréal et en Montérégie, on était à 36 suicides par année avant l'installation (de la barrière). Après, c'était 25 suicides par année. Donc la différence est à peu près équivalente au nombre de suicides prévenus sur le pont Jacques-Cartier », explique Stéphane Perron.

Si les personnes suicidaires n'ont pas perpétré leur geste ailleurs, c'est surtout parce que les autres ponts de la région de Montréal sont difficiles d'accès pour les piétons et les cyclistes, selon le Dr Perron. À Toronto, une étude semblable publiée en 2010 a démontré que la mise en place d'une barrière anti-saut sur le viaduc de la rue Bloor avait eu comme effet de déplacer les suicides sur d'autres ponts, accessibles et sans protection.

Les travaux majeurs de réfection du pont Honoré-Mercier incluent aussi la construction d'une nouvelle piste cyclable et d'une barrière anti-suicide.

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