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Des bémols sur Bach

Des bémols sur Bach

La nomination de Thomas Bach a provoqué de multiples réactions en Allemagne et dans le monde olympique. Elle ne fait pas l'unanimité.

Tout d'abord, au sein du comité exécutif du CIO, on salue la nomination d'un homme d'expérience, qui connaît bien « la maison », et à qui on donne du temps pour apprivoiser sa fonction.

Ainsi, l'ancien candidat à la présidence, le Montréalais Richard Pound, a souligné « la qualité du groupe de candidats ». Albert de Monaco a rappelé l'expérience et le leadership de M. Bach, qui « saura imprimer son style ».

Et c'est justement sur la question du « style » qu'il y a des préoccupations. L'ancien champion olympique du 110 m haies à Montréal en 1976 s'est voulu prudent.

« C'est le choix du CIO, a réagi le Français Guy Drut. Thomas a toutes les qualités pour succéder à Jacques Rogge. Maintenant, il faut lui laisser du temps, c'est au pied du mur qu'on voit le maçon. »

Thomas Bach aura à coeur de colmater les fissures dans le mur de son parcours olympique.

Lui qui a porté les chapeaux d'homme de sport et d 'homme d'affaires, obligeant la commission d'enquête du CIO à faire la lumière sur ses liens avec de grandes entreprises qui ont obtenu des contrats aux Jeux olympiques. Il a été blanchi de tout conflit d'intérêts dans le dossier de l'entreprise Siemens qui a obtenu un contrat de fournisseur pour les Jeux de 2008 alors qu'il était un consultant).

« J'ai évidemment des espoirs, des attentes et des exigences de cette présidence, a expliqué Dagmar Freitag, président de la Commission sport au Bundestag (le parlement allemand), sur la nécessité qu'il y ait plus de « transparence », et que les Jeux olympiques ne soient pas plus longtemps placés sous le signe de la commercialisation et de la maximalisation des profits pour le CIO. »

On attendait la réaction du Suisse Denis Oswald, candidat malheureux à la présidence, qui avait vertement critiqué les valeurs de Thomas Bach, lundi, dans une interview à la radio helvétique, malgré les règles strictes du CIO. Il a été rappelé à l'ordre mardi. Il avait dénoncé les pratiques commerciales du candidat Bach au sein du CIO.

« Le nouveau président a remarqué qu'il y avait des choses qui ne passaient pas, a insisté M. Oswald, dont la gestuelle durant la cérémonie était non équivoque.

« Je lui fais confiance pour tenir compte qu'il y a eu quelques problèmes, je ne suis pas le seul à avoir fait des remarques, a rappelé le candidat suisse. On peut très bien travailler ensemble. Chaque président est différent, la trajectoire change un petit peu. »

C'est peut-être en pensant à la sortie publique de Denis Oswald, qui a eu le courage d'exprimer ce que d'autres pensent sans oser le dire, quitte à fragiliser sa position au sein du CIO.

« Je veux être un président pour tous, a dit Thomas Bach aux membres du CIO. Cela signifie que je vais faire de mon mieux pour bien équilibrer les différents intérêts du mouvement olympique. C'est pourquoi je tiens à vous écouter et à entretenir un dialogue permanent avec vous tous. Vous devez savoir que ma porte, mes oreilles et mon coeur seront toujours ouvertes pour vous. »

Le nouveau président du CIO devra surtout ouvrir ses oreilles aux revendications des athlètes, si on fie aux propos entendus mardi.

« J'ai le sentiment qu'il ne s'est jamais préoccupé d'autres choses que de la présidence du CIO, a réagi le spécialiste du disque Robert Harting, champion olympique et champion du monde. Il ne s'est jamais vraiment intéressé à nous ni à son poste de président du Comité olympique allemand (DOSB). »

La classe politique allemande s'est attardée dans ses réactions à souligner l'honneur que représente cette nomination, qui rejaillit sur toute l'Allemagne.

« Une situation historique », a dit le ministre de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich, qui a rappelé que le gouvernement avait « fermement soutenu cette candidature ».

Les principaux quotidiens allemands ont rappelé qu'un Allemand était désormais « l'homme le plus puissant du monde sportif », comme l'écrit l'hebdomadaire Der Spiegel.

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