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Débat autour de la légalité d'une intervention militaire en Syrie

Débat autour de la légalité d'une intervention militaire en Syrie

L'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Lakhdar Brahimi, est catégorique : toute intervention militaire en Syrie doit être approuvée au préalable par le Conseil de sécurité des Nations unies pour être légale.

« La loi internationale dit qu'une action militaire peut être entreprise après la décision du Conseil de sécurité. C'est ce que dit la loi internationale », a-t-il déclaré, au moment où les États-Unis et certains de leurs alliés semblent prêts à lancer une action militaire contre le régime syrien.

« Je dois dire que je sais que le président Obama et l'administration américaine sont connus pour ne pas avoir la gâchette facile. Je ne sais pas ce qu'ils vont décider, mais la loi internationale est très claire », a insisté M. Brahimi.

Alors que des experts de l'ONU poursuivent leur enquête pour déterminer si une attaque chimique a eu lieu le 21 août dans des faubourgs de Damas, l'envoyé spécial de la l'ONU et de la Ligue arabe admet d'emblée qu'une « substance » a bel et bien été utilisée dans le secteur.

« Il semble qu'une sorte de substance ait été utilisée tuant beaucoup de personnes, sans aucun doute plus de 100, certains parlent de 300, certains parlent de 600, peut-être 1000, peut-être plus de 1000 », a-t-il dit, en se gardant bien d'en attribuer la responsabilité à quiconque. « C'est inacceptable, c'est scandaleux ».

« Je dis qu'il y a un avant 21 août et un après 21 août. S'il y a une action militaire qui intervient, il n'y a pas de doute que cela aura un effet sur la situation en Syrie », a ajouté M. Brahimi, qui refuse d'anticiper l'impact qu'une telle intervention aurait sur la recherche d'un compromis politique.

Il maintient cependant que le conflit qui est en cours depuis deux ans et demi en Syrie ne peut connaître de solution militaire. « Il n'y aura qu'une solution politique et, le plus tôt on travaille pour une solution politique, mieux cela vaut », affirme-t-il.

Réunion au sommet à New York

À New York, les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Chine) se sont réunis mercredi pour examiner un projet britannique de résolution sur la Syrie, selon des diplomates contactés par l'Agence France-Presse.

La proposition vise à condamner le gouvernement syrien pour l'attaque chimique présumée qui aurait fait des centaines de victimes le 21 août dans des banlieues de Damas, a indiqué le premier ministre britannique David Cameron dans un communiqué publié plus tôt aujourd'hui.

Le projet de résolution autorise les mesures nécessaires pour protéger les civils contre les armes chimiques, a-t-il précisé sur Twitter. « Nous avons toujours dit que nous voulions que le Conseil de sécurité de l'ONU prenne ses responsabilités sur la Syrie. Aujourd'hui, il a l'occasion de le faire », a-t-il ajouté.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague admet que cette démarche risque peu d'aboutir. « Nous avons entamé ces discussions sur une résolution parce que le mieux serait que les Nations unies soient unies, même si cela paraît improbable étant donné les veto opposés par la Russie et la Chine dans le passé, mais nous devons essayer », a-t-il dit.

M. Hague dit s'attendre « à ce qu'il y ait encore des discussions à New York les prochains jours ».

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Vladimir Titov, avait effectivement annoncé les couleurs de Moscou mercredi matin. « Discuter de toute réaction du Conseil de sécurité avant que les inspecteurs de l'ONU n'aient présenté leur rapport est pour le moins inopportun », a-t-il dit.

De l'avis même du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, les enquêteurs de l'ONU ont besoin de quatre jours pour terminer leur travail en Syrie.

L'ambassadeur syrien aux Nations unies, Bashar Ja'afari, a demandé à M. Ban d'ordonner une enquête sur « trois attaques haineuses » survenues dans les faubourgs de Damas les 22, 24 et 25 août et lors desquelles des membres de l'armée syrienne « ont inhalé des gaz toxiques ».

Des « prétextes fictifs », dit Damas

Le premier ministre syrien Waël al-Halqi soutient pour sa part que « les pays occidentaux, États-Unis en tête, inventent des scénarios mensongers et préparent des prétextes fictifs pour intervenir militairement en Syrie », selon des propos rapportés par la télévision d'État syrienne.

« La Syrie [...] va surprendre les agresseurs comme elle les a surpris pendant la guerre [israélo-arabe] d'octobre [1973] et sera le cimetière des agresseurs », a-t-il ajouté. « Leurs menaces colonialistes ne nous terroriseront pas en raison de la volonté et la détermination du peuple syrien, qui n'accepte pas d'être humilié. »

Les voisins de la Syrie se préparent de leur côté à cette possible frappe militaire occidentale. La Turquie, l'Irak et Israël ont tous mis leurs troupes en état d'alerte. L'État hébreu a enoutre rappelé une fraction de ses réservistes, qui seront rattachés à « quelques unités stationnées dans le nord du pays », selon la radio militaire israélienne.

L'armée israélienne déploie en outre des batteries de son bouclier antimissiles Iron Dome dans le nord du pays ainsi qu'une batterie de missiles Patriot, selon la même source.

De nombreux Israéliens cherchent en outre à mettre la main sur des masques à gaz, en vue de potentielles frappes militaires syriennes. Des correspondants de l'AFP disent avoir constaté de longues files d'attente dans plusieurs bureaux de poste, qui font office de centre de distribution.

Mercredi, le ministre français des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a annoncé que le Parlement allait être convoqué mercredi prochain pour une session extraordinaire consacrée à la Syrie.

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a prévenu qu'une intervention armée risquait de déstabiliser le pays et toute la région. La Russie a aussi évacué des dizaines de ses ressortissants en Syrie.

Quant à l'Iran - l'autre grand allié du régime de Bachar Al-Assad - son Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, estime qu'une intervention américaine en Syrie serait « un désastre pour la région ».

Ce dernier a par ailleurs démenti mercredi les informations selon lesquelles le président syrien se serait enfui en Iran - rumeur relayée mercredi par certains opérateurs sur les marchés financiers.

Baird rencontre un représentant de l'opposition syrienne

Le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, rencontrera aujourd'hui à Montréal le vice-président de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution, George Sabra, pour discuter de la situation.

M. Sabra est aussi président du Conseil national syrien, un groupe d'opposants au président Bachar Al-Assad qui a tenté de s'imposer comme gouvernement de transition, avant de se joindre l'an dernier à la Coalition, qui fédère aujourd'hui ces opposants.

M. Baird s'adressera à la presse au terme de cette rencontre.

M. Sabra a entrepris une tournée canadienne la semaine dernière. Il doit prononcer une allocution à l'Université Carleton jeudi, et une autre à l'hôtel Novotel Toronto de Mississauga samedi.

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