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L'Égypte tente de tourner la page, les islamistes s'accrochent

L'Égypte tente de tourner la page, les islamistes s'accrochent

Les partisans du président destitué Mohamed Morsi ont à nouveau manifesté mercredi lors d'une « journée de la persévérance » afin de démontrer leur détermination au lendemain de l'entrée en fonction d'un gouvernement de transition réunissant des libéraux et des technocrates en Égypte.

Des milliers de personnes, brandissant des corans et appelant à la fin du régime militaire, ont défilé dans le centre du Caire et sur la corniche longeant le Nil pour exiger que Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu, soit rétabli dans ses fonctions.

Les manifestants ont été empêchés par les forces de l'ordre d'accéder à la place Tahrir dans le centre de la capitale afin d'éviter de nouveaux heurts avec les opposants au chef de l'État renversé par l'armée il y a deux semaines.

Des dizaines de jeunes gens armés de bâtons et portant des casques de chantier ont tenté de s'en prendre aux manifestants, mais en ont été empêchés par la police.

Cette nouvelle mobilisation organisée par les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, a suivi la prestation de serment mardi soir au palais présidentiel des 33 ministres du gouvernement de transition.

La confrérie et le parti Al-Nour, autre organisation islamiste, sont les grands absents de ce Cabinet ministériel chargé d'assurer l'intérim jusqu'à la tenue d'élections présidentielles et parlementaires dans un délai probable de six mois.

Ce gouvernement « croit-il en lui-même? Quelqu'un croit-il en lui? » s'interroge sur Facebook un haut responsable de la confrérie. « Comment peut-il avoir une quelconque autorité alors qu'un mot des militaires suffirait à renvoyer dans la douleur tous ses membres chez eux ou à les faire arrêter? »

La crise égyptienne, qui s'est accentuée avec l'intervention de l'armée le 3 juillet pour déposer le président Morsi, inquiète les alliés du Caire ainsi que les pays de la région.

Un processus inclusif

Après l'émissaire américain William Burns, qui a reçu un accueil plutôt frais en début de semaine, Catherine Ashton, haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, est arrivée dans la capitale égyptienne. Avant son départ pour l'Égypte, Catherine Ashton avait indiqué qu'elle entendait expliquer à ses interlocuteurs la nécessité d'un processus politique incluant toutes les organisations respectueuses de la démocratie. Elle avait émis le souhait de voir l'Égypte revenir aussi vite que possible au processus de transition démocratique.

« Nous allons rencontrer Mme Ashton pour lui faire connaître notre point de vue sur la légitimité et la démocratie, dans l'espoir qu'ils [les Européens] soutiennent la démocratie et respectent les choix faits par le peuple égyptien », a déclaré Mohamed Bichr, membre du Conseil consultatif des Frères.

Mohamed Morsi est toujours détenu dans un lieu secret et n'a pas été inculpé, bien que les autorités intérimaires aient annoncé l'ouverture d'une enquête pour espionnage, incitation à la violence et destruction de l'économie.

Le ministère public a en outre rouvert une instruction sur les circonstances dans lesquelles Mohamed Morsi et 18 autres Frères musulmans s'étaient évadés de prison lors du soulèvement populaire contre Hosni Moubarak en 2011.

Sauver l'économie

Pour ses partisans, le chef de l'État a été « enlevé », une accusation que réfutent les militaires. Morsi « n'est pas détenu, mais les Forces armées ont pris des mesures pour sa protection en tenant compte du manque de stabilité de la rue égyptienne », a expliqué Hamed Mohamed Ali, porte-parole de l'armée.

Les militaires ont répété qu'ils n'avaient pas l'intention de se maintenir sur la scène politique et « n'avaient aucunement le désir de gouverner ».

La situation sécuritaire reste instable dans la péninsule du Sinaï bordant la bande de Gaza et Israël, où des militants islamistes ont appelé au soulèvement. Au moins 13 membres des services de sécurité y ont été tués depuis le 3 juillet.

La principale tâche que devra mener à bien le gouvernement de transition est un sauvetage de l'économie égyptienne après deux années et demie d'instabilité politique. L'aide de 12 milliards de dollars offerte par trois pays du Golfe, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, va permettre aux autorités de respirer pendant quelques mois.

Plusieurs membres du nouveau Cabinet ministériel sont favorables aux réformes exigées par le Fonds monétaire international (FMI) en échange d'un prêt, sans cesse reporté depuis des mois.

Le nouveau ministre du Plan a jugé qu'il était trop tôt pour reprendre les négociations avec le FMI et que l'aide provenant du Golfe devrait suffire pendant la période de transition.

Reuters

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