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France : des militants de Greenpeace pénètrent dans une centrale nucléaire

France : des militants de Greenpeace pénètrent dans une centrale nucléaire

Des militants de Greenpeace ont pénétré lundi matin à l'aube dans la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), dont ils demandent la fermeture, et ont posé ainsi une nouvelle fois la question de la sécurité de ce type d'installation stratégique.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henri Brandet, a fait état de 21 interpellations sur une trentaine d'intrus, « tous identifiés et localisés ».

Le ministère de l'Intérieur et EDF assurent que les militants de Greenpeace ne sont pas entrés dans les zones les plus sensibles de la centrale, ce que conteste l'ONG.

Entrés à 5 h 20, heure locale, sur le site, les militants « ont atteint les réacteurs en 15 minutes », a dit dans un communiqué l'organisation écologiste, selon laquelle cette centrale nucléaire est l'une des « cinq plus dangereuses de France ».

Une des photos publiées par l'organisation montre une grande banderole tendue sur une infrastructure métallique dressée contre l'enceinte de béton armé d'un réacteur.

« Tricastin, accident nucléaire » et « Président de la catastrophe? » lit-on sur cette banderole à côté de l'effigie de François Hollande. Avant le lever du jour, Greenpeace a aussi projeté sur le réacteur l'image d'une fissure et le slogan : « Tricastin accident nucléaire. Prêt à payer le prix? »

L'Autorité de sûreté nucléaire a estimé dans un communiqué que « l'événement » n'avait pas eu d'« impact sur la sûreté de l'installation ».

Le chargé du dossier nucléaire pour Greenpeace France, Yannick Rousselet, maintient quant à lui que les militants de Greenpeace sont bien entrés dans le périmètre de sécurité nucléaire et ont pu toucher physiquement les enceintes de deux réacteurs.

« Nos militants sont arrivés au sas d'accès des pièces de grande dimension », a-t-il expliqué. Ce qui veut dire que des personnes avec de mauvaises intentions auraient pu porter atteinte à la sûreté des réacteurs.

Selon Pierre-Henry Brandet, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, et son homologue de l'Écologie, Philippe Martin, ont demandé un rapport d'inspection afin de comprendre ce qui avait permis cette intrusion et améliorer la sécurité des sites nucléaires « pour éviter que cela se reproduise ».

En mars, c'est la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) qui avait été ciblée par Greenpeace, qui promettait déjà des actions contre celles de Blayais, Bugey, Gravelins et Tricastin.

La centrale de Fessenheim, la plus vieille de France, doit normalement cesser ses activités en 2016.

Message à Hollande

Yannick Rousselet a souligné que le message de Greenpeace s'adressait cette fois directement au chef de l'État, en plein débat sur la transition énergétique.

L'annonce de la fermeture de la centrale de Fessenheim, en Alsace, ne suffit pas, fait-il valoir : « Celle de Tricastin, à quelques mois près, a le même âge que Fessenheim. Elle est située dans une zone sismique et inondable », a-t-il ajouté.

Selon Greenpeace, la cuve du réacteur N°1 présente en outre « une vingtaine de fissures ».

« Si François Hollande veut tenir sa promesse de réduire la part du nucléaire [dans la production électrique française] à 50 % d'ici 2025, cela passe par la fermeture d'au moins 10 réacteurs d'ici 2017 et 20 réacteurs d'ici 2020 », ajoute l'organisation dans son communiqué.

Le président français a dit lundi sa confiance dans le niveau de sécurité du nucléaire en France.

Réaction positive des Verts

Le sénateur Europe Écologie-Les Verts Jean-Vincent Placé a salué lundi sur Europe 1 l'« action citoyenne » de Greenpeace.

« Cela montre qu'on rentre dans ces centrales extrêmement dangereuses un peu comme dans une passoire », a-t-il dit.

Il a demandé au président François Hollande « la confirmation de la fermeture de la centrale de Fessenheim à l'automne ».

Sans ce gage-là, un changement de « la fiscalité écologique » et l'amorce de la « transition énergétique », les Verts ne pourront pas rester au gouvernement, a-t-il estimé.

Le défi du vieillissement des centrales nucléaires

Cette opération spectaculaire de Greenpeace a lieu au moment où l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) rend public un rapport sur vieillissement des installations nucléaires.

L'AIEA estime que plusieurs réacteurs vieillissants posent le problème de la sécurité des centrales nucléaires dans le monde. Il s'agit d'un véritable défi, note l'agence, qui reconnaît toutefois que de nettes améliorations ont été apportées dans ce domaine l'an passé.

L'AIEA cite nommément la centrale française de Tricastin exploitée par EDF et construite il y a plus de 30 ans.

Elle est dotée de quatre réacteurs et des installations couvrant l'ensemble du cycle de production, du traitement de l'uranium jusqu'au combustible nucléaire, ce qui en fait l'un des plus grands sites nucléaires et chimiques de France.

Elle a produit 24 milliards de kWh en 2012, une production qui équivaut à la consommation d'environ 3,5 millions d'habitants, selon EDF. Quelque 1373 salariés du groupe d'électricité et 500 sous-traitants permanents y travaillent.

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